Syrie
Pourquoi Poutine
soutient la Syrie ba'athiste ...
Luc
Michel
Vendredi 22 juin
2012
Poutine
(19 juin 2012) : « en Syrie ce n'est
pas aux étrangers de décider qui
gouverne » !
Luc MICHEL pour Syria Committees /
20/06/2012 /
avec PCN-SPO – RIA Novosti – Le Monde –
IFRI – France 24 /
Le président russe
Vladimir Poutine a défendu ce mardi la
politique russe de non-intervention en
Syrie, en notant que ce n'était pas aux
étrangers de décider qui doit gouverner
un pays. "Nous pensons que personne n'a
le droit de décider pour d'autres pays
qui devrait être au pouvoir ou pas", a
déclaré V.V. Poutine au cours d'une
conférence de presse à l'issue du sommet
du G20.
"Ce n'est pas
changer de régime qui est important,
mais qu'après un changement de régime,
qui doit être constitutionnel, un terme
soit mis à la violence et que la paix
s'installe dans le pays", a-t-il ajouté.
LE MAUVAIS
SOUVENIR DE LA LIBYE HANTE MOSCOU
Le président russe
a estimé que tous les pays devraient
s'asseoir à la table des négociations et
élaborer un plan préalable pour
permettre une issue négociée à la crise.
"Pas comme dans certains pays d'Afrique
du Nord où la violence se poursuit bien
que le régime ait changé", a-t-il ajouté
dans une référence voilée à la Libye, où
la Jamahiryia du colonel Mouammar
Kadhafi est tombée avec l’agression des
Occidentaux. V.V. Poutine s'exprimait au
lendemain d'une rencontre avec le
président américain Barack Obama.
Derrière le soutien
au président Assad il y a les maneuvres
des USA en Europe orientale, les
révolutions de couleur. Et aussi le
dossier de l’agression contre la
Jamahiryenne de Kadhafi.
« Poutine est
habité par la crainte de subir un jour
le même sort qu’un Kadhafi quelconque.
Il ne va pas laisser sans réagir Bachar
al-Assad être le prochain sur la liste.
S’il laisse filer, cela n’en finira
plus. A qui le tour? », commente Le
Monde (Paris), dans une analyse reprise
des thèses de l’IFRI, un Think Tank
français atlantiste.
Et lorsqu’il entend
le puissant sénateur US John Mc Cain
appeler depuis Tripoli en septembre 2011
les Russes à « prendre les armes »
contre son régime (1) il voit à juste
raison ses craintes confirmées. Et
lorsque des émeutes sont organisées en
Russie avec l’argent occidental et ses
relais en Russie, avec une gigantesque
campagne russophobe des medias de
l’OTAN, Poutine ne peut pas y assister
sans réagir. En Syrie notamment !
A cela s’ajoute le
dossier libyen. Où la Russie et la Chine
ont été roulée dans la farine par les
USA et l’OTAN au Conseil de sécurité.
Poutine « est agacé, et c’est là encore
un euphémisme (il emploie
personnellement un langage moins châtié)
que Dmitri Medvedev, dans un moment
d’égarement, ait permis le vote au
conseil de sécurité de la résolution
autorisant l’intervention française,
britannique et américaine en Libye,
commente aussi Le Monde. Il n’aurait
jamais baissé sa garde de la sorte. Pas
ça, pas lui! Quelle naïveté de croire
que ces pays de l’Otan, aidés du seul
Qatar, agissaient pour empêcher un
massacre à Benghazi… »
La Russie a perdu
un grand allié géopolitique en Libye. La
politique étrangère de Medvedev dans
l’affaire libyenne a été une politique
incohérente et qui allait à l’encontre
de tous les intérêts nationaux de la
Russie. C’était l’avis du dernier
ambassadeur de Russie à Tripoli
lorsqu’il est rentré en Russie après
avoir quitté la Libye à la fin du mois
de mars 2012. La Jamahiriya de Kadhafi
était le bastion de la Russie en
Méditerranée. Avec la Syrie. Kadhafi
était extrêmement favorable aux intérêts
russes. A la suite de son voyage en
Russie en 2009, c’était encore avec
Vladimir POUTINE qu’il avait négocié un
certain nombre de traités. Les Russes
auraient dû disposer d’une base navale à
Benghazi. Ajoutons que la Russie était
devenue le premier fournisseur d’armes
de la Libye et que les Russes étaient
privilégiés pour de nombreux contrats
pétroliers.
LE CONTEXTE
GEOPOLITIQUE GENERAL OU S’INSCRIT LE
DOSSIER SYRIEN
Le dossier syrien
s’inscrit aussi dans un contexte
géopolitique vital pour la Russie. Qui
doit défendre ses intérêts stratégiques
et économiques. Et soutenir le régime
ba’athiste syrien, qui est un allié de
longue date de Moscou, aussi bien de la
défunte URSS que de la Russie
renaissante de Poutine ; Dont Damas est
aujourd’hui le seul véritable point
d’ancrage au Moyen-Orient.
A cela s’ajoute
aussi des convergences
politico-idéologiques. Celui de la
longue guerre terroriste dans le Caucase
– Tchétchénie, Ingoustan, Dagestan – au
sein même de la Fédération russe.
Terrorisme appuyé par les services
occidentaux, notamment via le régime
georgien, bon petit soldat de l’OTAN.
Poutine « n’a aucun tropisme pour les
révolutions arabes, quelle qu’elles
soient. Il est l’ennemi des islamistes.
Il en fait même une affaire personnelle
», conclut Le Monde. On le voit mal
lâcher Bachar … »
Enfin, il y a un
arrière-plan beaucoup plus vaste, où se
mêle géopolitique et psychologie
collective. Où résonne les échos de
l’assaut américano-atlantiste pour la
domination de l’Eurasie et ceux,
sanglants et encore frémissants, de la
destruction organisée de l’URSS et de la
Yougoslavie socialiste. La chute
sanglante de la Jamahiriya de Kadhafi,
elle aussi socialiste, a ramené au
premier plan ces échos et ces mauvais
souvenirs.
En Occident on est
d’ailleurs pleinement conscient de cette
dimension où la Syrie n’est qu’un
révélateur, comme l’a été la Libye. « la
vraie raison pour laquelle Poutine va
continuer de soutenir le dirigeant
syrien Bachar al-Assad est en fait
intimement liée à la vision que le chef
d’État russe a de lui-même : il se voit
comme le garant d’une Russie puissante
qui refuse de recevoir la moindre leçon
de morale de l’Occident, analyse un
chroniqueur de France 24. Poutine est un
nostalgique de l’ancienne Union
soviétique, et ne s’en cache pas. Pour
lui, la chute de l’URSS constitue la
plus grande tragédie du XXe siècle.
L’homme qu’il juge responsable de cette
débâcle, Mikhaïl Gorbatchev, n’est rien
d’autre, selon une vision partagée par
grand nombre de Russes, qu’un incapable
multipliant les erreurs. Il n’est
d’ailleurs pas rare de deviner dans
chacune des initiatives prises par le
dirigeant russe en matière de politique
étrangère un sentiment de fierté
blessée. »
La conlusion de
France 24 est pertinente : « Poutine se
voit, ainsi que son pays, comme une
victime incomprise d’un complot
occidental pernicieux qui cherche à
déstabiliser la Russie éternelle qui lui
tient tant à cœur. Et c’est sur ce point
qu’il se rapproche de Bachar al-Assad. »
Simplement ce que France 24, la très
atlantiste TV française, se refuse à
voir – ou à avouer – c’est que ce
complot est une réalité. Une réalité
organisée dans toute l’Eurasie et le
Proche-Orient, comme je l’ai souvent
analysé.
L’ASSAUT
OCCIDENTAL AU PROCHE-ORIENT EST AUSSI
UNE GUERRE CONTRE L’EURASIE !
Le problème de la
Russie dans cette affaire, c’est que
l’agression contre Damas, et avant elle
le coup d’état qui a déstabilisé la
Libye et l’agression occidentale qui l’a
suivi et a conduit à la chute de la
Jamahiriya, prennent place dans une
série d’événements qui visent en fait au
contrôle par les États-Unis de
l’Eurasie. C’est le programme défini par
Zbigniew Brzezinski dans « LE GRAND
ECHIQUIER ». Et je rappellerai, parce
que c’est quelque chose qu’on ignore
souvent, c’est qu’au moment de
l’élection présidentielle américaine le
principal conseiller de OBAMA en
politique étrangère était précisément
Brzezinski. D’où l’erreur politique de
Medvedev dans le dossier libyen : aller
soutenir le renversement du régime
libyen, se comporter avec une extrême
timidité face à l’agression contre le
régime syrien, c’était bien entendu
préparer le terrain à la future
agression contre la Russie elle-même,
qui est le but ultime des Américains.
La vague
d’agression contre le monde arabe, et
singulièrement contre la Libye et la
Syrie est de toute évidence une
opération de déstabilisation occidentale
similaire aux « révolutions de couleurs
» opérées par les USA en Europe de l’Est
depuis 2000 et la chute du Président
Slobodan Milosevic.
J’ai été le premier
– et le seul – au début du mois de
février 2011 (2), depuis Tripoli même, à
attirer l’attention justement sur les
similarités entre les « révolutions de
couleur » et le soi-disant « printemps
arabe ». Et à annoncer avant l’événement
l’agression qui se préparait contre
Tripoli. Ce qui m’interpellait dès le
début, c’est que non seulement le
scénario est le même que dans les «
révolutions de couleur » en Europe de
l’Est, mais aussi que les acteurs sont
les mêmes (3). Ce qu’on appelle les «
révolutions de couleur », c’est une
série de coups d’état organisés
généralement à l’occasion d’élections,
mais aussi de troubles sociaux. Derrière
ces opérations, il y a un ensemble
d’organismes qui sont de soi-disant «
O.N.G. », mais qui en fait sont des
organismes d’État américain camouflés,
qui sous couvert de « promotion de la
démocratie » assurent le financement des
oppositions dans les pays que les
Américains veulent déstabiliser.
Derrière tout ce
système, il y a un groupe international
qui s’appelle OTPOR (en serbe : «
résistance »). C’est le premier groupe
qui a organisé une « révolution de
couleur » avec le financement des
Américains. Ce sont eux qui ont organisé
le coup d’état contre Milosevic en
octobre 2000 (4). OTPOR ensuite a été
transformé par les Américains, avec
d’énormes moyens de financement, en un
mouvement international. Qui a organisé
à Belgrade, en Serbie, ce qu’on appelle
l’école internationale CANVAS. Une école
où on apprend à des militants la
déstabilisation des régimes. Les cours
sont donnés depuis 2009 en arabe et la
plupart des activités sur les réseaux
sociaux Internet, mais aussi dans les
émeutes des villes, lors des soi-disant
« révolutions » en Égypte et en Tunisie,
venaient de ce groupe. Le groupe OTPOR a
également formé et patronné d’autres
groupes similaires, que l’on a vus en
Algérie, au Yémen, au Bahreïn et aussi
dans les tout premiers jours à Benghazi
en Libye (5).
C’est tout cela qui
explique la position russe dans le
dossier syrien. Bien loin de la
propagande des media de l’OTAN sur les «
ventes d’armes russes à Damas » (sic).
LM
NOTES ET RENVOIS :
(1) Il ne s’agit
plus seulement d’annoncer une «
révolution de couleur », des événements
insurrectionnels en Russie à l’occasion
des législatives. Il s’agit de quelque
chose qui va beaucoup plus loin parce
qu’il y a une volonté d’organiser une
insurrection armée, comme en Libye !
En septembre 2011,
le sénateur américain McCain se trouvait
à Tripoli. Il faut tout d’abord savoir
qui est McCain. La plupart des gens en
Europe le présentent comme un « sénateur
américain » ou un « ancien candidat » à
la présidence. Ce qu’il est
effectivement ! Mais McCAIN a tout à
fait une autre casquette. C’est en fait
un des hommes qui contrôlent justement
ce groupe d’O.N.G. pro-américaines, qui
dépendent des organismes d’État US.
c’est ce financement notamment qui fait
vivre les associations ou les O.N.G.
dépendant de McCAIN et de la CIA.
Directement, il faut voir leurs budgets
! C’est McCAIN qui les contrôle donc.
McCAIN est allé à Tripoli recevoir le
rapport de ses subordonnés.
Et de là-bas il a
lancé un appel. Cet appel n’est pas pour
une « révolution de couleur ». Il a
appelé à une insurrection armée en
Russie ! Qu’a dit McCAIN ? Simplement
que ce qui s’est passé en Libye est un «
exemple » et qu’il espère que « les
Russes vont saisir l’occasion pour faire
à Moscou ce que les Libyen ont fait » On
est donc maintenant dans un processus
qui n’est pas seulement celui du «
révolution de couleur », mais qui est
celui d’un appel à la guerre civile.
(2) Cfr. Interview
de Luc MICHEL « Le monde arabe est en
feu », Entretien en Français de pour
PCN-TV sur les soit-disant « revolutions
arabes » (Tripoli, 7 février 2011) :
www.youtube.com/watch?v=uYXnqSx6e98
(3) Lorsque ont
commencé ces événements dans le monde
arabe, c’est-à-dire à la fin de l’année
2010, j’ai immédiatement été frappé,
avant même que n’apparaissent les
emblèmes d’OTPOR par la similitude du
processus. C’est-à-dire que ce qui s’est
passé en Serbie en 2000, ensuite au
Belarus et en Russie (où ils ont
échoué), en Géorgie, en Ukraine (où ils
ont réussi), au Kirghizstan (où ils ont
réussi), ensuite de nouveau au Belarus.
J’ai discerné ce processus, ce modus
operandi dans la réalisation.
(4) Le président
Milosevic se présentait contre
KOSTUNICA, candidat de l’opposition et
de l’Occident, que certains imbéciles
ont appelé le « de Gaulle serbe » (sic).
En fait, MILOSEVIC avait gagné les
élections. Les gens d’OTPOR se sont
répandus dans la rue, ils ont proclamé
la victoire de KOSTUNICA, qui était à la
fois le candidat de l’Occident mais
aussi le candidat des ultranationalistes
serbes. Et ensuite s’est suivi une série
de journées d’émeutes. La soi-disant «
révolution pacifique », puisque OTPOR
prétend organiser des révolutions
pacifiques s’est immédiatement
transformée en émeute, en attaques avec
l’occupation du Parlement serbe, le
pillage du siège de nos camarades du
Parti Socialiste de Serbie, le SPS.
(5) Comment le
sait-on ? Il faut être aveugle pour ne
pas voir ! Parce que la marque de
fabrique d’OTPOR, c’est son logo, un
poing stylisé qui rappelle les emblèmes
de certaines organisations fascistes
dans les années 30. Le drapeau d’OTPOR,
c’est un poing blanc sur fond noir dans
un cercle blanc. C’est exactement le
design du drapeau des SS, qui avaient
deux S runiques exactement dans le même
cercle noir. Nos camarades yougoslaves
en 2000 appelaient les gens d’OTPOR les
« Madleen Jungen » par référence à
Madleen ALBRIGHT qui était la secrétaire
d’État américaine à l’époque et qui les
finançaient. La caractéristique de tous
les groupes liés à OTPOR est ce logo
commun. Pourquoi le font-ils ? D’une
part entre eux pour montrer justement
leur solidarité. Mais aussi parce qu’ils
doivent justifier à leur maître
américain les sommes dépensées.
Le
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