Info Syrie
Ce qu'a dit Qadri
Jamil et ce qu'ont voulu lui faire dire
les médias anti-syriens...
Louis
Denghien
En
triturant une phrase de Qadri Jami, les
médias français ont donné une nouvelle
preuve
de leur professionnalisme en matière de
trucage et de leur appétence intacte
pour le sensationnalisme mensonger.
Autant de qualités déjà « rodées » avec
l’Irak, la Yougoslavie ou plus récemment
la Libye….
Mercredi 22 août
2012
Parce que lors d’une
conférence de presse à l’occasion de sa
visite à Moscou, le vice-Premier
ministre et ministre de l’Économie Qadri
Jamil a dit que le gouvernement syrien
était prêt, dans le cadre d’une
négociation complète et honnête avec
l’opposition, à examiner toutes les
questions y compris l’éventualité d’une
démission de Bachar al-Assad, la presse
occidentale et singulièrement française
nous bâtit une nouvelle fable médiatique
anti-syrienne, non seulement isolant
mais déformant les propos du ministre.
Ce dernier n’a pourtant pas
fait dans l’ »ambigüité interprétable »
: « Notre
position concernant le règlement de la
crise était claire dès le début, et
cette position insiste sur la nécessité
d’aller au dialogue sans conditions
préalables ». Et
donc, pas question d’envisager un départ
du président syrien comme préalable à
ces éventuelles négociations avec
l’opposition. En revanche, a
bien reprécisé Jamil, la cessation des
violences de la part des groupe armés et
le refus par les instances politiques de
l’opposition de toute ingérence
étrangère sont, eux, des conditions
sine qua
non à l’acceptation par le
gouvernement syrien d’un dialogue
national.
Les médias français se sont
jetés sur cette phrase de Qadri Jamil :
« Pendant
le processus de négociations, rien
n’empêche d’étudier toutes les questions
et nous sommes prêts à examine même
cette question (du départ éventuel
du président syrien) ». Ce faisant, le
ministre voulait démontrer la bonne
volonté de son gouvernement, dans le
cadre de négociations.
Il a d’ailleurs apporté une restriction
immédiate en déclarant que poser «
la
démission (de Bachar)
comme
condition pour ouvrir un dialogue
signifie qu’il est impossible d’ouvrir
le dialogue« . Et là,
précisément, le vice-Premier ministre
syrien visait le CNS et autre radicaux,
qui veulent le départ de Bachar AVANT
d’ouvrir la moindre négociation.
Le vrai
scoop de Jamil : Accord pétrolier
syro-russe imminent
Bref, les rédactions
militantes et sensationnalistes de Paris
et d’ailleurs ont fait dire à Qadri
Jamil ce qu’il n’avait pas dit, et
encore moins pensé, histoire
d’entretenir leur roman permanent de
l’inéluctable chute du pouvoir syrien,
ce alors qu’un représentant du dit
pouvoir est à Moscou pour finaliser un
accord avec la Russie pour y exporter sa
production de pétrole brut afin de faire
tourner son économie et son armée. Or
cet accord est sur le point d’être signé
: « C’est
un accord de principe qui a été trouvé
au cours de notre dernière visite
(à Moscou) » a indiqué Qadri Jamil au
cours de sa conférence de presse, suite
à ses entretiens avec Sergueï Lavrov. «
Je pense
que, dans un avenir proche, nous allons
achever la phase préparatoire et passer
à l’accord proprement dit pour les
livraisons de pétrole et de produits
pétroliers » a-t-il ajouté.
Cet accord, qui soulagera
la Syrie des conséquences de l’embargo
euro-américain sur les produits
pétroliers syriens, c’était cela le vrai
scoop de ce séjour moscovite de Qadri
Jamil. Cette
solidarité russe avec la Syrie – «
Nos amis
russes sont disposés à satisfaire nos
besoins » a même précisé Jamil - ne
se dément décidément pas, et elle ne
s’exprime pas seulement par des vétos au
Conseil de sécurité ou des livraisons
d’hélicoptères de combat.
Pour d’évidentes raisons
partisanes, les médias français ont
préféré fabriquer un autre scoop, plus
conforme à leurs attentes, quitte à
solliciter – on est gentil – les propos
du ministre sur les conditions d’un
dialogue national en Syrie.
Encore
une belle leçon de déontologie et de
sérieux : du
Figaro
à
Libération, en passant par
I-Télé
et France
24, les médias d’ici continuent de
faire ce qu’ils faisaient au moment des
conflits d’Irak et de Yougoslavie : de
la pure propagande de guerre, où ni la
vérité ni la nuance ne font partie du
cahier des charges.
Publié le 23 août
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
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