Syrie
Les Russes
accusent les Américains d'armer
la rébellion syrienne
Louis
Denghien
Lavrov à
Téhéran : une mis en cause directe - et
sans précédent - du double langage
américain
Mercredi 13 juin 2012
La réponse du berger russe
à la bergère Clinton ne s’est pas faite
attendre : la secrétaire d’État
américaine avait accusé mardi 12 juin
les Russes de continuer à fournir des
armes au gouvernement syrien. Eh bien le
chef de la diplomatie russe Sergueï
Lavrov, en visite en Iran, a accusé en
retour ce mercredi 13 juin
l’administration Obama de livrer des
armes à la rébellion syrienne et
justifié les ventes d’armes « défensives
» de Moscou à Damas..
Un
avertissement à Obama/Clinton
Cette mis en cause directe
du rôle des Américains en Syrie
constitue une première dans les
déclarations des hauts-responsables
russes. Et Lavrov, c’est la « bouche »
diplomatique de Vladimir Poutine. Jusquà
présent, le ministre russe des Affaires
étrangères et ses principaux
collaborateurs s’étaient contentés de
dénoncer l’appui financier et militaire
de puissances non nommément désignées
aux groupes armés.
Certes, Lavrov avait fait récemment
référence aux Séoudiens et aux Qataris,
mais la mise en cause directe des
Américains est à coup sûr un fait
nouveau et hautement signifiant.
Washington s’est jusqu’à présent caché
derrière le Qatar et l’Arabie séoudite
qui eux pont crié sur tous les toits
diplomatiques leur volonté d’armer
l’ASL. Hillary Clinton expliquant que le
soutien de son administration à
l’opposition syrienne était de nature «
non
léthale« , c’est-à-dire qu’en
théorie les colis américains parvenus en
Turquie étaient bourrés de pansements
(ou de matériel radio) et non d’armes.
Une position qui a dû en faire sourire
plus d’un à la CIA.
Sergueï Lavrov s’exprimait
au cours d’une conférence de presse
commune avec son homologue iranien Ali
Akbar Salehi. Celui-ci a, on s’en doute,
abondé dans le sens de son invité,
accusant, sans les nommer de pays en
particulier, les Occidentaux et «
certains
pays arabes » d’armer l’opposition
syrienne. Tant l’Iranien que le Russe
ont confirmé que leurs positions sur le
dossier syrien étaient très proches.
Cette escalade verbale –
pesée et graduée – de la Russie confirme
s’il en était besoin qu’elle est moins
décidée que jamais à s’en laisser
compter par les poses et déclarations «
humanitaires » de l’Occident. Et
même qu’elle entend bien prendre le
dessus dans le ballet diplomatique
autour de la Syrie. Lavrov a ainsi
indiqué que 15 pays – pas nommés non
plus – avaient d’ores et déjà accepté de
participer à la conférence
internationale que Moscou compte
organiser dès que possible sur la Syrie
: le projet russe prévoit que les
grandes puissances occidentales
participent, avec la Russie, la Chine et
des pays arabo-musulmans, à cette
réunion, mais la troïka atlantiste
Washington/Londres/Paris s’oppose à la
participation de l’Iran à cette
conférence, présence défendue par la
Russie.
Bref, les
positions se durcissent dans cette
nouvelle guerre froide dont la Syrie
est, plus que jamais, le champ
d’affrontement « chaud ». Et
tant Obama – le George Bush Jr noir (en
tous cas au niveau de la politique
étrangère) – que Hillary Clinton ne
peuvent avoir reçu la déclaration de
Lavrov que comme un avertissement.
Que la Russie n’était dupe d’aucun de
leurs mensonge syriens, et qu’ils la
trouveraient toujours sur leur chemin.
Publié le 13 juin 2012
avec l'aimable autorisation d'Info Syrie
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