Opinion
Sorry Hillary &
Alain !
La mission d'observation va se
poursuivre
Louis
Denghien
Allah est
grand ! Les observateurs arabes ne se
sont pas bouché les oreilles ni voilé la
face !
Dimanche 8 janvier
2012
Ca y est : la mission
d’observation arabe en Syrie a rendu
public, dimanche 8 janvier au Caire, son
premier rapport. Et son audition par les
ministres de la Ligue arabe a poussé
celle-ci à prendre une décision, et à
reconnaître une réalité qui ne vont
plaire ni l’une ni l’autre à la
diplomatie occidentale, du Département
d’Etat au Quai d’Orsay :
Enorme :
il y avait bien une violence de
l’opposition !
1) La mission va se
poursuivre. Le comité ministériel de la
Ligue a en effet décidé de «
donner aux
observateurs le temps nécessaire pour
poursuivre leur mission conformément au
protocole » (accepté en décembre
par Damas). La Ligue arabe en effet n’a
pas voulu se laisser intimider par les
critiques extérieures – l’axe
euro-américain et l’opposition CNS – et
internes – le Qatar – qui s’efforçaient
de décrédibiliser les observateurs
arabes et réclamaient le transfert du
dossier syrien à l’ONU. Tous ces
bellicistes n’ont évidemment pas
désarmé, mais la décision de la Ligue
est un clair revers pour le parti
anti-syrien international. Sans doute
Nabil al-Arabi et ses collègues n’ont
guère apprécié de se voir sommés de «
rentrer à la niche » par Washington et
ses amis, sous prétexte que la mission
n’était pas assez hostile au
gouvernement de Damas. Mais on peut
penser aussi qu’au sein même de la
Ligue, le Qatar sort perdant – au moins
pour l’heure – de ce premier round
arabo-syrien.
2) Deuxième échec pour les
maximalistes anti-Bachar, la Ligue arabe
dans son communiqué post-audition a «
appelé le
gouvernement syrien ET
tous les groupes armés à stopper
immédiatement tous les actes de violence«
. Quelques mots, mais
qui vont à rebours de neuf mois de
propagande stalinienne sur les troubles
en Syrie, les médias occidentaux et
golfistes s’étant acharnés à nier ou
ignorer les exactions et agressions des
groupes armés de l’opposition contre les
militaires, policiers et civils mal
pensants ou mal croyants ! De
ce point de vue, c’est une incontestable
victoire pour le gouvernement syrien qui
a donc bien fait d’accepter de jouer le
jeu de la Ligue arabe, dont il avait
pourtant toutes les raisons de penser
qu’il était truqué au départ, la Ligue à
direction politique qatarie ayant adopté
un ton et des morts qui étaient déjà
ceux d’Hillary Clinton et d’Alain Juppé.
Mais, finalement, les
quelque 160 observateurs du général al-Dabi
ont fait preuve d’un minimum
d’objectivité, ne se bouchant
apparemment pas les oreilles devant les
témoignages de la rue syrienne, celle
d’Homs comme celle de Damas, qui
racontaient les crimes et la terreur
entretenus depuis des semaines, non par
l’armée régulière, mais par les gangs
des radicaux islamo-ASL. On verra ce que
contient le prochain rapport de la
mission al-Dabi, prévu pour le 19
janvier, mais on vient de constater que
celle-ci est capable d’équité, et
d’indépendance vis-à-vis des pressions
extérieures.
Bien sûr, les clameurs des
chiens de guerre syriens ou étrangers
vont redoubler contre la Ligue et sa
mission. C’est du reste à se demander si
l’organisation pan-arabe ne va pas se
retrouver au même banc d’infamie que la
Syrie bachariste ! Ou si le Qatar, et
deux ou trois autres pétro-monarchies ne
vont pas faire scission de la Ligue…
Ce qui est certain
c’est que la soi-disant unanimité, le
soi disant consensus arabe sur la Syrie
ressort désormais au souvenir, ou même à
la fiction. D’ailleurs, on
épluchera avec intérêt,
et même jubilation, les termes
de la déclaration faite à la presse par
cheikh Hamad ben Jassem al-Thani,
Premier ministre du Qatar et premier
opposant arabe à Bachar al-Assad.
Celui-ci a dû, en quelque sorte, manger
son keffieh, reconnaissant que «
les
meurtres ont diminué » (pas du côté
de l’opposition, NDLR), mais tentant
piteusement de sauver la face avec cette
sentence éminemment morale : «
Un seul
mort est un mort de trop« .
Une posture qui
trouvera sûrement un écho chez les ASL
et autres tueurs salafistes !
Il est à noter que dans son
communiqué, la Ligue reconnait même que
le gouvernement syrien a fait «
des
progrès partiels » en ce qui
concerne la baisse de la pression
militaire.
Oui, les
violences se poursuivront tant qu’il y
aura des activistes !
samedi 7
janvier...
Les observateurs arabes ont
donc observé des violences, et la
direction de la Ligue arabe appelle à
une fin immédiate de celles-ci. Cette
exhortation en forme de voeu pieux,
c’est bien évidemment aux bandes armées
qu’elle doit être prioritairement
adressée : selon l’OSDH, la nuit du
vendredi 6 au samedi 7 janvier a vu de
nouveaux accrochages entre soldats
réguliers et « déserteurs
» dans le village de Basr al-Harir, non
loin de Deraa et donc de la frontière
jordanienne, et onze soldats auraient
trouvé la mort dans ces combats.
Et, de fait, la litanie des
funérailles de militaires tombés pour
préserver la Syrie du chaos et du
terrorisme se poursuit jour après jour :
samedi 7 janvier, trois officiers, trois
sous-officiers, deux soldats et un
policier ont été portés vers leur
dernière demeure à partir des hôpitaux
militaires de Damas-Tichrine et de Homs.
Ces hommes sont tombés à Hama, Homs et
dans la banlieue de Damas. Le lendemain,
six de leurs camarades, dont un général
en retraite et un officier palestinien,
un sous-officier, un soldat et
policiers, tombés aux mêmes endroits,
étaient à leur tour portés dans des
cercueils recouverts du drapeau national
; il est vraisemblable du reste que
certains d’entre eux ont été victimes
d’assassinats ciblés et non de combats.
Pour
résumer, la Syrie vient de marquer des
points, peut-être décisifs, sur le front
diplomatique. Mais le front militaire
intérieur est encore brûlant.
... et
dimanche 8
Publié le 8 janvier
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
Le
dossier Syrie
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