|
Al Manar
Assassinat Hariri:
AlHassan sur le banc des accusés ??
Leila Mazboudi
Photo: Al-Manar
Mercredi 24 novembre 2010
Nul doute : même en répétant les
soupçons contre le Hezbollah, le reportage de la CBC sur
l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais présente un
précédent, par rapport à ses prédécesseurs dans les autres
médias occidentaux.
Celui en particulier d’avoir rapporté les doutes des enquêteurs
sur l’homme de confiance du défunt Rafic Hariri, et son
responsable sécuritaire lors de son assassinat, le colonel
Wissam AlHassan, sur lequel la télévision canadienne révèle des
informations inédites. Mais pas tout à fait inconnues du public
libanais.
Depuis sa disculpation par le tribunal spécial pour le Liban,
l’ex-chef des FSI, le général Jamil Sayyed a à plusieurs
reprises mis en garde contre AlHassan, doutant de la véracité de
son alibi sur son absence du convoi de Hariri le jour de
l’assassinat. « AlHassan devait faire partie du convoi de
Hariri. Il a dit qu’il se préparait pour des examens
universitaires, mais il m’avait contacté pour me rendre
visite », explique Sayyed.
Or, ce décalage entre les propos d’AlHassan et les faits semble
avoir été repéré par les enquêteurs internationaux, selon les
dires de la télévision canadienne.
Prétextant des examens pour expliquer son absence, et prétendant
en avoir été informé seulement la veille, par son professeur
(Y.R), il s’est avéré que c’est lui qui a appelé ce dernier.
Prétendant avoir été convoqué par le défunt Hariri 20 minutes
après l’appel téléphonique, et s’être rendu chez lui vers 21h30
du 13 février 2005, il s’est avéré à la foi des enregistrements
téléphoniques que c’est lui qui a contacté son professeur, et
ce, une demi-heure près avoir rencontré l’ex-Premier ministre.
Disant avoir éteint son portable dans la matinée du 14 février,
pour se consacrer aux révisions pré examens, les faits basés
également sur les enregistrements téléphoniques des stations
d’émission proches de son domicile révèlent qu’il a effectué pas
mois de 24 appels téléphoniques, un toutes les 9 minutes.
De plus rapporte la CBC, ce qui aurait le plus lésé les
enquêteurs internationaux est de découvrir que les hauts
officiers sont exempts d’examens à l’université libanaise. Dès
2008, dans un rapport remis à Garry Loeppky qui était alors
l’enquêteur principal, ils auraient recommandé de le soumettre à
un nouvel interrogatoire, qualifiant son alibi d’absence de
« faible et d’illogique ».
Évoquant les dommages que pourrait encourir l’enquête en
détruisant les liens avec les forces de sécurité libanais, vu le
poste qu’il occupe, et abordant l’éventualité de « sa
liquidation par son réseau », ils ont toutefois insisté sur la
nécessité de trancher les questions liées à sa loyauté et ses
intentions, recommandant de l’interroger en douceur.
Mais ces recommandations sont restées lettre morte, en raison du
refus catégorique du commissaire belge Serge Bramertz de
poursuivre cette piste, sous prétexte qu’AlHassan est un lien
d’une grande importance et que l’enquête était suffisamment
encombrée.
Le rapport canadien signale que certains enquêteurs soupçonnent
toujours AlHassan qui est devenu le responsable du colonel
Wissam Eid (chargé d’enquêter sur les appels téléphoniques sur
les réseaux mobiles et fixe) et devrait savoir que les
enquêteurs étaient intéressés par ses recherches. Eid a été tué
en 2008.
Et pour opérer le lien avec le Hezbollah, toujours à la base
des enregistrements téléphoniques, le rapport signale qu’AlHassan
avait durant la période 2004-2005 contacté 279 fois le
conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah Hussein
Khalil, et 602 fois le responsable sécuritaire du Hezbollah
Wafiq Safa. Ce qui devrait selon les auteurs du reportage
permettre de supposer qu’il prenait les ordres pour tuer son
maître.
Mais ce dont ignore ce reportage canadien est que ces appels
téléphoniques pouvaient très bien servir à organiser les
rencontres qui se faisaient chaque semaine entre le secrétaire
général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah et le défunt Premier
ministre. Les appels avec Safa auraient pour but de coordonner
les mesures sécuritaires nécessaires.
L’un des précédents constitués par le reportage canadien, est
qu’il a offusqué les Américains qui misent sur la campagne
médiatique soupçonnant le Hezbollah pour le harceler.
Interrogé par la chaîne sur la teneur de ces informations, des
responsables ayant travaillé avec l’ancien président américain
Georges Bush, les ont qualifiées de « décevantes, car AlHassan
est l’un des pires ennemis du Hezbollah », et le fait de semer
des doutes sur lui ne fait que servir les intérêts du Hezbollah.
En toute évidence, les Israéliens devraient eux aussi être
agacés par ce reportage canadien qui dilapide l’accusation
contre le Hezbollah, et ouvre une nouvelle piste qui ne sera pas
fermée pour bientôt.
Il faut voir comment ces deux-là vont travailler pour la
saboter!!
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 25 novembre 2010
Partager
Le sommaire de Leila Mazboudi
Le dossier
Liban
Les dernières mises à
jour
|