Opinion
Davutoğlu au
Liban: démanteler le camp pro syrien
Leila
Mazboudi
Lundi 16 janvier
2012
Davutoğlu au Liban…
tout le monde s’est posé la question de
savoir les raisons de cette visite,
relativement longue, (de deux jours), ce
qu'il a dit et ce qu'il a entendu dire,
et surtout avec le chef du bloc
parlementaire de la résistance Mohammad
Raad qu’il a rencontré en premier.
La réponse n’a pas
tardé à venir, directement après le
tête-à-tête. Raad a été clair : des
divergences ont entaché les discussions.
Sans indiquer ce que Davutoğlu lui a
dit, il a signalé avoir mis l’accent sur
la nécessité que le changement que
traverse la région émane d’une réelle
volonté des peuples et ne soit pas
commandité par l’extérieur.
Il est vrai que là où
se rendait le responsable turc, il
parlait de changements radicaux qui
allaient modifier la face de la région.
Différentes sources médiatiques
libanaises l’ont rapporté.
Raad à
Davutoğlu: gare aux ingérences
étrangères en Syrie
Selon
le journal AlAkhabr, le parlementaire du
Hezbollah a poursuivi l’avoir mis en
garde contre le fait « de permettre aux
ingérences des étrangers de dicter (aux
peuples de la région, ndlr) leurs
slogans, leurs actions et leur méthode
pour imposer des réformes qui répondent
à leurs intérêts et non à ceux de leurs
peuples ».
Il a aussi demandé à
son hôte turc de cesser le soutien
accordé aux hommes armés et leur
financement, « parce qu’ils ne font
qu’aggraver la crise en sabotant le
mouvement des réformes auxquels aspirent
les citoyens pacifiques qui veulent
développer leurs pays ».
Le lendemain, Raad
s’est expliqué une nouvelle fois sur ce
désaccord, après avoir visité l’ancien
Premier ministre libanais Sélim el Hoss.
Selon lui, il émane du fait que certains
pensent que la crise syrienne doit être
résolue en soutenant financièrement et
politiquement les groupes armés. « Alors
que d’autres estiment que les réformes
passent par le biais d’un dialogue
sérieux entre l’opposition nationaliste
pacifique et le régime pour prendre la
Syrie en direction de la stabilité et
pour éviter le chaos promis par ces
hommes armés ». ajoute-t-il.
Les propos du
parlementaire du Hezbollah laissent
entendre que le responsable turc a
proposé au parti de la résistance
libanaise de se démarquer du président
syrien et de soutenir les groupes armés.
Ce à quoi, le Hezbollah a affiché une
fin de non-recevoir, suggérant une autre
solution, celle du dialogue, faisant la
distinction entre une opposition
nationaliste pacifique et une autre qui
ne l’est.
Berri à Davutoğlu:
le dialogue en Syrie
Les
medias libanais rapportent que le
désaccord s’est répercuté avec le chef
du parlement Nabih Berri, lequel a
insisté sur la nécessité que
l’initiative arabe comprenne un volet
politique pour exhorter au dialogue en
Syrie. Mis à part, la rencontre semble
avoir été froide
Cheikh
Kabalane à Davutoğlu: collaborez avec
l'Iran
Alors qu’avec le chef
du Conseil islamique chiite supérieur,
et lorsque Davutoğlu lui a demandé
d’encourager al Assad à écarter la
solution sécuritaire et à mettre
l’accent sur la solution politique,
insinuant qu’il se devrait de renoncer
au pouvoir, cheikh Abdel Amir Kabalane
lui a demandé de transmettre un message
au Premier ministre Recep Tayyeb Erdogan
de se rendre en Syrie, en compagnie des
opposants syriens et de faire cesser le
trafic d’armes pour trouver une solution
à la crise. D’après Al Akhbar, cheikh
Kabalane a demandé à son hôte turc que
son pays collabore avec l’Iran, car « le
projet dont la Turquie fait la promotion
risque de faire exploser la région de
point de vue confessionnel ».
Noureddine: Davutoğlu ne porte aucune
initiative
Selon
l’expert libanais dans les questions
turques Mohammad Noureddine, le chef de
la diplomatie turque ne cesse d’incomber
à Bachar el Assad la responsabilité des
violences en Syrie, au motif «qu’il n’a
pas écouté le peuple syrien ». Phrase
qu’il a martelée devant les Iraniens,
lorsqu’il se rendit à Téhéran, et devant
les Libanais aussi pendant ce week-end.
Hormis cela estime Noureddine dans sa
chronique publié dans le journal
libanais AsSafir, Davutoğlu ne porte
aucune initiative nouvelle, pas même
avec les Iraniens, pour régler la crise
syrienne.
Il estime toutefois
pleine de signes la visite que le
responsable turc a rendue au patriarche
maronite. Il s’agirait selon lui de
rassurer les Chrétiens qu’aucun mal ne
leur sera infligé si le régime syrien
tombe. D’autant plus que la Turquie
s’engage à organiser chez elle une
conférence qui réunira des dignitaires
religieux chrétiens et musulmans. Il
semblerait que le premier ministre turc
Recep Tayyeb Erdoğan ait rencontré le
patriarche de l’église copte en Égypte
pour la même raison.
Le mufti
Kabbani à Davutoğlu : n'ouliez pas la
Palestine
Parmi
les rencontres de Davitoglu au Liban,
laquelle est aussi porteuse de messages
pertinents est celle avec le mufti du
Liban cheikh Mohammad Rachid Kabbani,
(plus haute autorité religieuse sunnite)
lequel a insisté auprès de son hôte «
d’empêcher la zizanie au lieu de mettre
en garde contre elle et de l’attendre ».
Tout en condamnant les
violences qui débordent dans certains
états, et en reconnaissant que les gens
ont leurs revendications, Kabbani a
toutefois appréhendé « les ingérences
extérieures dans certains pays et qui ne
sont pas dans les intérêts des peuples
». Les médias rapportent que le mufti
libanais a choisi d’offrir à celui qui
est considéré comme étant le théoricien
turc des Frères musulmans une copie du
Coran sacré. Et d’expliquer : « c’est en
guise de serment que nous devons libérer
la Palestine, toute la Palestine, car
c’est ce que Dieu nous ordonne de faire
».
La Turquie a été l’un
des premier pays musulmans à avoir
reconnu l’entité sioniste usurpatrice.
Même l’avènement des Islamistes au
pouvoir n’a rien changé à cette
équation, malgré les tensions qui ont
empoisonné les relations entre les deux
protagonistes ces dernières années.
Il semble aussi que
les Frères musulmans d’Égypte suivent
aussi cette logique. Le pouvoir contre
la cause. c'est à dire la Palestine.
En 1979, lorsque
l'Imam Khomeiny revint en Iran, la
première chose qu'il a faite était de
rompre tous les liens avec l'entité
sioniste, et d'ouvrir la première
ambassade de la Palestine au monde. A la
place de l'ambassade d'Israël!
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