Opinion
Syrie : scénario
chimique repris par Washington...
Et après ??
Leila
Mazboudi
Vendredi 14 juin
2013 Au minimum, les Etats-Unis
s’efforcent de donner l’impression
qu’ils veulent intervenir plus
efficacement en Syrie. Tout au plus, Ils
se préparent à mettre en place une zone
d’exclusion à la frontière avec la
Jordanie.
Si ce n'est qu'elle est déjà mise!
Ce jeudi, l’administration américaine
a repris à son compte le scénario
irakien, propulsé frénétiquement par les
Français et Britanniques ces dernières
semaines !
Après avoir feint afficher un
scepticisme, le président américain
Barak Obama feint « reconnaitre » que
l’armée syrienne régulière a eu recours
aux armes chimiques.
«Après un examen approfondi, la
communauté du renseignement (américaine)
estime que le régime Assad a utilisé des
armes chimiques, dont le gaz sarin, à
échelle réduite contre l'opposition et à
de multiples reprises dans l'année
écoulée», a déclaré son conseiller
adjoint de sécurité nationale, Ben
Rhodes.
Ces accusations seraient étayées « par
des sources d’informations multiples et
indépendantes », explique Rhodes, qui ne
se donne même pas la peine de les mettre
au clair, comme d’habitude !
Et de surenchérir : « ce qui
viole les règles internationales et
franchit clairement les lignes rouges
qui existent depuis des décennies au
sein de la communauté internationale ».
Version officielle et médias
S’agissant des mesures américaines
qui devraient découler de cette
escalade, il existe un vrai clivage
entre les mesures annoncées
officiellement et celles mises en avant
par les medias.
Alors
que la présidence américaine se
contente « d’évoquer une
augmentation de l’aide militaire
non-létale » et d’assurer qu’elle
prendrait « des décisions à son propre
rythme », les medias occidentaux se sont
mis à laisser planer l’éventualité de la
mise en place « une petite zone
d’exclusion qui s’étendrait au-dessus de
la région frontalière avec la Jordanie
», à la suggestion des responsables
militaires américains.
Cette zone s'avancerait d'environ 40 km
à l'intérieur de la Syrie et serait en
fait opérée par des avions volant en
Jordanie et armés de missiles air-air,
écrit le Wall Street Journal qui cite
sans les nommer des responsables
américains.
Les militaires estiment qu'une réelle
zone d'exclusion au-dessus de la Syrie
est extrêmement difficile à mettre en
place car il faudrait tout d'abord
détruire l'important système de défense
anti-aérienne syrien.
En revanche, cette petite zone
évitant tout survol de la Syrie pourrait
être mise en place d'ici un mois, et
peut l'être sans résolution du Conseil
de Sécurité des Nations unies puisqu'il
n'y aura pas de violation de l'espace
aérien syrien.
Le double veto sino-russe est
toujours vivant dans les mémoires
Informer Moscou
Raison pour laquelle, sur le champ
diplomatique, le souci russe subsiste :
les Américains ont pris le soin
d’informer Moscou, lui dépêchant leurs
soi-disant données en main.
"La Russie n'a pas encore accepté le
fait que Bachar el-Assad doit partir.
Nous avons fourni aux Russes les données
dont nous disposons. Nous leur avons
déjà transmis nos estimations sur
l'usage d'armes chimiques en Syrie. Nous
estimons que la Russie ainsi que tous
les membres de la communauté
internationale doivent être au courant
de l'usage d'armes chimiques où que ce
soit", a indiqué Ben Rhodes.
Mais du côté des Russes, la
duperie ne passe pas.
Les
accusations des Etats-Unis sur le
recours à l'arme chimique par le régime
de Bachar al-Assad en Syrie ne sont "pas
convaincantes", a déclaré vendredi le
conseiller diplomatique du Kremlin Iouri
Ouchakov.
"Nous le dirons clairement: ce qui a
été présenté par les Américains ne nous
semble pas convaincant", a-t-il dit à
des journalistes, indiquant qu'une
rencontre avait eu lieu entre
représentants russes et américains au
cours de laquelle ces derniers avaient
exposé leurs informations.
Quant au chef de la Commission des
Affaires internationales de la Douma
(chambre basse du parlement russe)
Alexeï Pouchkov, il va plus loin en
estimant que ces informations « sont
fabriquées de toutes pièces au même
endroit que les mensonges concernant la
possession d'armes de destruction
massive par Saddam Hussein ».
Damas : rien de nouveau
Il
va de soi que la perception est
similaire chez le gouvernement syrien,
lequel a accusé "la Maison Blanche
d’avoir fait publier un communiqué
truffé de mensonges sur le recours aux
armes chimiques en Syrie, en se basant
sur des informations fabriquées à
travers lesquelles elle a tenté de faire
assumer au gouvernement syrien la
responsabilité d'un tel usage", a
indiqué un responsable des Affaires
étrangères.
Le ministre de l’information syrien
Omrane al-Zohbi, a accusé depuis le mois
d’avril dernier les puissances
occidentales de vouloir instrumentaliser
le thème des armes chimiques pour
répéter en Syrie le "scénario irakien"
qui a mené à la chute du dictateur
irakien Saddam Hussein.
Le ridicule de l’ONU
Bien entendu, ces accusations
arbitraires ont été soutenues au
préalable par des positions onusiennes,
tellement contradictoires qu'elle
frisent le ridicule.
Au début du mois de juin, les Nations
Unies avaient sacrifié une fois de plus
leur crédibilité se laissant persuader
de faire une déclaration, évoquant
«
des motifs raisonnables de penser
que des quantités limitées de produits
chimiques ont été utilisés»,
dans quatre évènements (à Khan al-Assal
près d'Alep le 19 mars, à Uteibah près
de Damas le 19 mars, dans le quartier de
Cheikh Maqsoud, à Alep le 13 avril, et
dans la ville de Saraqeb le 29 avril) .
Comble
du ridicule : les seules preuves dont
dispose cette organisation ne sont que :
«des interviews de victimes, de
réfugiés,..., et de personnel médical »,
comme l’a expliqué le président
brésilien de la commission d’enquête de
l’ONU, Paulo Pinheiro. L’agence
onusienne ne sait même pas la nature de
l’agent chimique utilisé.
Pourtant, un mois auparavant, la
responsable de l’ONU Carla Del Ponte
avait soupçonné les rebelles en Syrie
d’avoir utilisé du gaz sarin. Une
attaque avérée venait d’être effectuée
contre un barrage de l’armée en mars à
Khan al-Assal, à Alep, et qui s’est
soldée par la mort de 15 militaires par
inhalation de produits toxiques.
Les
images retransmises en
direct par les télévisions syriennes des
tués, sans traces de blessures, et
celles des rescapés, (enfants, femmes et
hommes) souffrant de problèmes
respiratoires dus à l’attaque ne
pouvaient tromper personne.
Une enquête en emporte le
vent
Le gouvernement syrien avait alors
exigé une enquête internationale, mais
sa mise en place a été torpillée par les
Français et les
Britanniques
qui refusaient la participation ou la
présence des responsables officiels
syriens lors de son exécution en Syrie.
Les autorités syriennes
appréhendaient qu’une fois sur place,
d’aucuns enquêteurs ne tentent de sortir
un quelconque produit toxique, après
l’avoir eux-mêmes inoculé, pour
permettre d’accuser la Syrie.
Alors que dans leurs medias, les
responsables occidentaux, français et
britanniques en particulier
s’acharnaient pour imputer aux Syriens
la responsabilité de refuser l’enquête
de l’ONU sous prétexte que Damas a
rejeté l’élargissement du champ d’action
de l’enquête vers d’autres régions
qu’Alep, pour faire croire que le
pouvoir tente de couvrir ses crimes.
Manipulation toujours et
encore
Il faut dire que les medias occidentaux
aussi se sont mis à la tâche, pour
accuser le pouvoir syrien. Les
déclarations onusiennes rédigées au
conditionnel sont traitées comme une
confirmation de l’accusation. Le gazage
de Khan al-Assal est occulté. Ainsi que
les informations rendant
compte de la confiscation par les
miliciens de produits chimiques toxiques
qu’ils ont testés entre autre sur des
lapins, menaçant les Alaouites d’un sort
similaire. Et l'information sur le gaz
sarin retrouvé entre les mains de
miliciens du front al-Nosra en Turquie !
Et
pour faire encore plus crédible,
certains journaux ont trouvé bon de
dépêcher des journalistes sur place,
clandestinement, pour raconter de retour
comment ils ont été témoins « plusieurs
jours d’affilée d’utilisation
d’explosifs chimiques et de leurs effets
sur les combattants », et comment ils
ont vu des combattants «commencer à
tousser, puis mettre leurs masques à
gaz, sans hâte apparemment, mais en
réalité déjà exposés. Des hommes
s'accroupissent, suffoquent,
vomissent»... Sans jamais nous les
montrer faire ceci. Les images qui n’ont
rien à voir avec les mots ressemblent à
une mise en scène.
De nombreux lecteurs français l’ont bien
deviné, à en croire leurs commentaires !
A l’heure ou tout ou presque tout sur
la Syrie est vidéo filmé et posté sur la
Toile, rien ne pallie à l'absence de ces
soi-disant attaques chimiques.
Preuve irréfutable qu'elles n'ont
jamais eu lieu.
Quand bien même le chef de la
diplomatie française trouve
bon de prétendre que ce sont ces
journalistes-là qui ont apporté avec eux
la preuve du recours aux armes chimiques
par les forces
gouvernementales. Involontairement, il
ne fait que confirmer les craintes
de M. Zoebi quant à l'envoi d'enquêteurs
sur place! Certes, la diplomatie
française est en perte
d'intelligence !!
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