Opinion
Raids israéliens
contre la Syrie :
la magie s'est retournée contre le
magicien
Leila
Mazboudi
Photo: Al
Manar
Vendredi 10 mai
2013 Un adage arabe cite: la magie du
magicien se retourne contre lui. Il
désigne l’échec d’une entreprise qui se
retourne contre ceux qui l’ont concocté.
Dans le contexte actuel au Moyen
Orient, le magicien n’est autre que
l’entité sioniste, et sa magie, les
raids aériens perpétrés le week-end
dernier contre des positions militaires
syriennes d’une grande importance.
Moins d’une semaine après leur
perpétration, il s’avère plus que jamais
qu’ils ont raté leurs objectifs. Sur
deux fronts : le syrien interne, et
celui du conflit arabo israélien.
Sur le premier, celui que les
Israéliens se gardent bien d’afficher,
leurs raids devaient porter un coup
fatidique à l’armée syrienne régulière,
et permettre aux miliciens de
l’insurrection syrienne qui
rencontraient des difficultés énormes
sur le terrain, de reprendre
l’initiative dans l’assaut contre Damas.
Les attaques entamées simultanément
contre une vingtaine de points des
périphéries de la capitale syrienne ont
été toutes avortées. Les militaires
syriens étaient sur le qui-vive :
l’attaque israélienne n’a pas su les
dérouter.
Les dégâts
limités
Pire encore, l’attaque israélienne en
elle-même s’est avérée un fiasco. Loin
des versions exagérées de différents
medias, le nombre de victimes dans les
rangs des militaires gouvernementaux n’a
rien à voir avec les 300 véhiculés.
Seuls 4 ont péri. Le secrétaire général
du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a
tenu à le signaler en personne dans son
discours de jeudi. S’agissant des sites
visées, ils ne sont que 6 seulement, et
non pas une quarantaine. Dont un
poulailler géré par la direction de
l’armée. Les images des rescapés poules
sont impressionnantes.
Certaines informations assurent même
que les dépôts d’armements étaient vides
lorsqu’ils ont été bombardés.
Quant à l’autre attaque soi-disant
perpétrée 24 heures avant, contre un
dépôt situé dans l’aéroport
international de Damas, il semble
qu’elle n’ait jamais eu lieu. Aucune
partie n’en a diffusé les images,
étayant les déclarations syriennes
officielles qui ont nié les faits.
L'alliance
avérée
Dommage collatéral de ces raids qu’il
importe de mentionner : l’alliance entre
Israël et les milices de l’insurrection
syrienne est avérée plus que jamais,
annihilant toutes les tentatives
israéliennes déployées depuis le début
de la crise pour l’occulter.
Il en découle que les objectifs
officiellement attribués aux raids en
questions par l’administration
israélienne, en l’occurrence « viser des
missiles iraniens destinés au Hezbollah
» ne sont qu’un leurre, ou une minime
partie de la vérité.
Ils sont en harmonie avec la tactique
israélienne adoptée depuis le début de
la crise syrienne, celle d’éviter à tout
prix d’afficher des positions favorables
à l’insurrection en Syrie, pour ne pas
lui ternir l’image, ni paraitre
intervenir dans la crise syrienne.
Visant le peuple syrien, le message de
ces assertions est de faire croire que
le seul grief israélien à l’encontre de
la Syrie consiste en ses liens avec
l’Iran et le Hezbollah, et non par
l’armée syrienne.
Tout à fait
le contraire
Quant au deuxième objectif raté de
ces frappes israéliennes, lequel se
situe dans le champ du conflit
arabo-israélien, il consistait à
éloigner, voire à sortir la Syrie de
l’axe de la résistance. Or c'est tout à
fait le contraire qui a eu lieu.
Alors que dans le passé Damas
assistait la résistance, elle est
désormais un Etat de la résistance.
Non seulement, elle va donner tout ce
qu’elle a aux groupes de la résistance.
Non seulement, elle a ouvert le front du
Golan, fermée depuis 1973, permettant
aux factions de la résistance
palestinienne d’agir de la frontière
syro-palestinienne. Mais elle devrait
elle aussi former des groupes de
résistance pour libérer le Golan.
Les propos du président syrien Bachar
al-Assad ne font aucun doute. Ni
l’acquiescement de Sayed Nasrallah. Ni
celui de plusieurs factions de la
résistance palestinienne.
Phase inédite
Grace à ces raids, le conflit
arabo-israélien se trouve dans une phase
inédite depuis 1982, date à laquelle la
résistance palestinienne a quitté le
Liban et la résistance libanaise s’est
chargée seule de libérer le sud-Liban.
Un axe de résistance
libano-palestino-syrien devrait bientôt
entrer en action. Et un nouveau front
est né, avec pour direction : la
Palestine.
De quoi faire regretter à Israël sa
décision des raids. Sauf qu'il est vrai
que depuis le retrait israélien du Liban
en l’an 2000, quelque soient les
décisions qu’Israël prend, il ne tarde
pas à en payer les frais.
Signe d'une perte de vitesse
incontestable.
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