Opinion
La Ligue arabe a
enterré la médiation de Brahimi
Kharroubi
Habib
Samedi 30 mars
2013 En octroyant à
l'opposition syrienne le siège
qu'occupait en son sein le régime de
Damas, la Ligue arabe a fait un pas
décisif vers la légitimation de
l'intervention militaire étrangère dans
le conflit syrien. Cette opposition
qu'elle a reconnue par ce geste en tant
que seule représentante de la Syrie et
de son peuple a en effet aussitôt après
avoir obtenu ce statut demandé
l'extension du bouclier antimissile de
l'OTAN en Turquie au Nord syrien dont
ses combattants armés contrôlent le
territoire. Sa demande va constituer le
prétexte dont vont se prévaloir les
puissances occidentales pour recourir au
scénario militaire qui dans la crise
libyenne a provoqué l'effondrement du
régime de Mouamar El-Kaddafi.
Ce scénario n'a pu jusque-là être mis en
œuvre parce que ces puissances
occidentales ont été confrontées aux
veto de la Russie et de la Chine au sein
du Conseil de sécurité. Elles pourront
désormais arguer de la légitimité
internationale de l'opposition syrienne
et du gouvernement provisoire dont elle
s'est dotée pour donner suite à sa
demande d'extension du bouclier
antimissile de l'OTAN au nord de la
Syrie. Ce que les autorités du régime de
Damas ne manqueront pas de considérer
comme un acte de «casus belli».Dès lors
s'enclenchera un engrenage qui conduira
fatalement à la confrontation entre les
forces de l'OTAN et celles du régime
syrien. Celle-ci est voulue par
l'opposition anti-Assad et ses alliés
occidentaux et arabes au constat que
l'effondrement du régime de Damas ne
s'est pas produit sous les coups que lui
donnent les combattants armés enrôlés
dans la guerre contre lui, et même qu'il
fait mieux que résister à leurs assauts.
Le scénario à la libyenne contre le
régime de Bachar El-Assad a été démarché
avec constance et insistance par la
France et le Qatar qui ont uni leurs
efforts diplomatiques et pris des
initiatives communes pour le rendre
possible. Paris plaide en sa faveur
auprès de l'ONU et de l'Union
européenne, et le Qatar au sein du monde
arabe et islamique. Il rencontre
néanmoins de fortes oppositions
suscitées par la crainte des dangereuses
conséquences qui en résulteront pour la
région et dans les relations
internationales. La confrontation
syro-Otan, si elle a lieu, provoquera
inéluctablement l'extension du conflit
hors Syrie et intensifiera tragiquement
l'affrontement syro-syrien.
La Ligue arabe est censée soutenir la
médiation de l'émissaire international
Lakhdar Brahimi en vue d'une solution
négociée au conflit. Dans les faits,
elle l'a sabordée sous la pression du
Qatar et des puissances occidentales
dont il applique l'agenda concernant la
Syrie et le monde arabe, en octroyant le
siège en son sein de ce pays à
l'opposition armée au pouvoir légal.
Laquelle a pourtant démontré qu'elle a
été phagocytée par les groupes
djihadistes agissant pour le compte d'El-Qaïda
et du mouvement salafiste wahhabite
international.
La décision de La ligue arabe a donc
sonné le glas de la solution politique
et donne le feu vert à toutes les
aventures dans le conflit syrien. Le
régime de Damas étant un tout autre
acteur que celui de Kaddafi pour la
crise libyenne, le conflit syrien va
prendre une tournure qui donnera
certainement des cauchemars à ceux qui
se sont pris à son engrenage. En y
impliquant l'OTAN, ils défieront
incontestablement les alliés du régime
syrien que sont la Russie, la Chine et
l'Iran. L'on ne peut imaginer qu'ils
resteront inactifs face à l'intervention
militaire étrangère directe contre le
régime qu'ils soutiennent et accepteront
sans réagir sa chute par le biais de
cette intervention. C'est dire que le
conflit syrien risque de donner lieu à
des développements qui menaceront la
paix régionale et mondiale.
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|