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Le Quotidien d'Oran
Paris et Londres
définissent l'après-Kadhafi en Libye
Kharroubi Habib
Lundi 28 mars 2011
La résolution 1973 votée par le Conseil de sécurité a donné
mandat à la coalition internationale d'instaurer une zone
d'exclusion aérienne sur la Libye et d'empêcher les troupes de
Kadhafi de poursuivre leurs offensives contre les insurgés et
les villes sous leur contrôle. Elle ne donne aucunement mandat à
cette coalition de décider ce que sera l'après-Kadhafi en Libye.
Or, c'est précisément ce que le couple franco-anglais, membre de
cette coalition, entend faire et ce pourquoi il a programmé une
réunion au sommet à Londres. Il n'est pas fortuit que le
président français Nicolas Sarkozy a annoncé la tenue de cette
réunion au moment où s'ouvrait à Addis-Abeba, en Ethiopie, une
réunion de l'Union africaine consacrée à la recherche d'une
solution politique à la crise libyenne, à laquelle ont pris part
des représentants de Kadhafi et du Conseil national de
transition s'exprimant au nom de l'insurrection.
C'était en fait pour Sarkozy faire comprendre à l'Union
africaine que le couple franco-anglais tient pour nulle et non
avenue son intervention dans la crise libyenne. Paris et Londres
sont le fer de lance de l'intervention internationale et
estiment de ce fait avoir le droit de regard sur ses
prolongements politiques. Elles s'arrogent par conséquent celui
de décréter comment va être mis en place l'après-Kadhafi en
Libye et qui en conduira l'instauration. Surpris et dépassés par
les révolutions populaires qui ont mis à bas les régimes de Ben
Ali en Tunisie et de Hosni Moubarak en Egypte, les gouvernements
français et anglais tiennent à exercer un tutorat sur celle qui
a cours en Libye et va triompher grâce à l'intervention
militaire internationale dont ils ont été les instigateurs et
leur arsenal militaire, le protagoniste déterminant. Une
ingérence franco-britannique sur ce que sera le pouvoir en Libye
après la chute de Kadhafi ne fait pour cette raison aucun doute.
L'insurrection s'est dotée d'un Conseil national de transition
et d'un gouvernement provisoire, sans que l'on sache si ceux qui
font partie de ces institutions sont vraiment représentatifs de
tous les courants qui sont dans l'opposition à Kadhafi et à son
régime. Paris leur a donné son onction et sa reconnaissance,
avec le calcul qu'ils seront de ce fait malléables et perméables
à ses visées politiques pour la Libye post-Kadhafi. Des visées
qui sont de brider l'élan révolutionnaire de l'insurrection
libyenne et donc l'émergence d'un nouveau pouvoir
authentiquement en phase avec les revendications de la
démocratie totale pour le peuple libyen et sourcilleux de
l'indépendance du pays vis-à-vis de l'étranger, y compris donc
de la France ou de la Grande-Bretagne.
Il est clair que Paris et Londres vont tout faire pour avoir un
pouvoir libyen à leurs bottes. Elles s'arrangeront donc pour
propulser sur le devant de la scène politique libyenne des
protégés à qui elles fourniront l'aide multiforme nécessaire qui
leur permettra de s'imposer.
Qu'en la circonstance, Français et Anglais ne s'embarrasseront
pas d'aller à l'encontre de l'aspiration des Libyens à instaurer
la démocratie dans le pays et à avoir les gouvernants de leur
choix, n'est pas pour surprendre. Car pour eux, le Printemps
arabe doit avoir ses limites que lui tracent leurs intérêts
politiques, géostratégiques et économiques. L'Américain, qui
joue le même rôle en Tunisie et en Egypte, leur a accordé la
sous-traitance du cas libyen. Qui croit encore que les
interventions de ces puissances dans le monde arabe en
révolution sont guidées par la seule considération de protéger
les peuples en insurrection de la répression de leurs potentats
?
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