Syrie
Quand Fabius
dilapide le prestige de la France
redoré par De Villepin
Kharroubi Habib
Samedi 24 août 2013
L'ex-flamboyant ministre français des
Affaires étrangères Dominique de
Villepin a dû écumer d'indignation en
entendant son successeur socialiste
Laurent Fabius en appeler à une
intervention militaire en Syrie contre
le régime de Bachar El-Assad sans qu'il
soit besoin pour cela de l'aval du
Conseil de sécurité de l'ONU. L'on se
rappelle de quelle manière éclatante De
Villepin avait répliqué à Colin Powell
alors secrétaire d'Etat américain qui
voulait forcer la main de la communauté
internationale afin qu'elle approuve
l'opération du même genre que le
Pentagone s'apprêtait à lancer en Irak
de Saddam Hussein.
Les socialistes français et Laurent
Fabius qui en est un « éléphant »
avaient été solidaires du discours de
Villepin et estimé qu'il traduisait le
respect de la France pour la légalité
internationale. Ministre des Affaires
étrangères de la France, il a depuis
démontré à maintes reprises que son
modèle n'est pas Dominique de Villepin,
mais Colin Powell dont il a repris à son
compte la stratégie du mensonge. Depuis
qu'il est en charge du dossier syrien,
Fabius a multiplié les déclarations et
prises de positions sur le conflit qui
dénotent l'intention de la diplomatie
française d'induire en erreur l'opinion
internationale et à lui faire avaliser
une solution à laquelle la communauté
internationale n'adhère nullement
contrairement à ce que le Quai d'Orsay
prétend.
Cette diplomatie française est sous sa
houlette et avec l'aval de François
Hollande dans une logique de «
va-t-en-guerre » qui ne fait pas place
au compromis négocié. Et quand cette
logique n'est pas parvenue à convaincre
les acteurs déterminants impliqués dans
ce conflit, Fabius ne trouve pas mieux
de suggérer aux autres potentiels «
va-t-en-guerre » d'ignorer la légalité
internationale en passant outre un
accord du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'accueil fait à la proposition du
ministre français des Affaires
étrangères a été celui de faire poliment
semblant de ne pas l'avoir entendu. Un
silence autour d'elle qui démontre mieux
que toute autre réaction à l'isolement
dans lequel est internationalement la
France jusqu'au-boutiste sur le conflit
syrien.
Fabius s'est mis dans la peau de Colin
Powell brandissant la menace de l'usage
des armes chimiques par Saddam Hussein.
Mais celui-ci savait que l'Amérique
disposait du moyen militaire d'aller au
bout de sa logique guerrière, malgré le
refus de la suivre de la France et de la
majorité de la communauté
internationale. Le ministre français
sait lui que la France n'en a pas elle.
S'il persiste néanmoins dans la
gesticulation et la profération de
menace, c'est uniquement pour travestir
la réalité d'une France dont le déclin
l'a rendue puissance de second plan au
rôle de simple appoint et non d'acteur
décisif dans les conflits internationaux
à grande intensité. En en faisant trop
alors qu'il sait parfaitement ne pas
être suivi par les principaux alliés de
la France sans lesquels elle ne peut
être tout au plus qu'un « moulin à
paroles », Fabius a sombré dans le
ridicule des matamores.
Nul n'ignore que la loi de la jungle
régit les rapports internationaux à
laquelle seul le Conseil de sécurité de
l'ONU peut donner un semblant de
légalité. En suggérant de s'affranchir
de ce maigre paravent, Fabius a tenté de
dynamiter ce que l'ONU a encore de
crédit moral dans le monde. La même
proposition qu'a avancée le chef de la
diplomatie française s'agissant du
conflit syrien, formulée par l'un de ses
homologues dans le monde mais s'agissant
du conflit palestino-israélien sur
lequel le Conseil de sécurité est autant
et plus durablement paralysé, le ferait
réagir en le traitant de dangereux
trublion de la paix internationale, donc
un énergumène et un irresponsable qu'il
faut faire taire. Taisez-vous donc M.
Fabius et occupez-vous plutôt des
frasques de votre rejeton.
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Syrie
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