Algérie
Goebbels a
toujours des émules
Kharroubi Habib
© REUTERS/
Nour Fourat
Vendredi 23 août 2013
L'opposition syrienne affirme sans avoir
produit de preuves probantes que l'armée
du régime aurait fait usage de l'arme
chimique dans un bombardement en
banlieue de Damas dont le bilan en
victimes serait effroyable : près de six
cents morts.
L'énormité de l'accusation horrifie
évidemment mais il faut se garder de la
prendre pour argent comptant venant
d'une source dont la fiabilité et la
véracité des informations ont été très
souvent prises en défaut, voire même
démenties par des observateurs plus
objectifs. Dans ce cas précis,
l'assertion de cette opposition commande
de ne pas s'empresser à lui faire
crédit, sinon à accepter que Bachar El-Assad
et les militaires syriens ont perdu leur
esprit et se sont aventurés à ruiner
l'avantage militaire et politique qu'ils
se sont acquis ces derniers mois sur
l'opposition armée.
Ce serait en effet folie de leur part
qu'ils aient décidé de faire usage de
l'arme chimique alors que l'armée
syrienne l'emporte partout sur cette
opposition armée et qui plus est encore
au moment où des enquêteurs onusiens
sont dans le pays pour faire la vérité
sur cet usage et parce qu'enfin se
destine la probabilité d'un règlement
politique négocié du conflit dont les
contours sont en négociation entre la
Russie et l'Amérique, les deux Etats à
l'influence déterminante sur son cours.
Bachar El-Assad est tout ce que l'on
voudra mais pas un suicidaire ayant
décidé de se faire hara-kiri en
contraignant ses alliés étrangers à lui
retirer leur soutien car ne pouvant
admettre qu'il franchisse la ligne rouge
de l'utilisation de l'arme chimique
contre son peuple.
Depuis trois années que dure l'atroce
conflit armé en Syrie, force est de
constater qu'à chaque veille de prises
d'initiatives internationales en vue de
trouver une solution au conflit, les
ennemis du régime de Damas déclenchent
systématiquement contre lui des
campagnes diplomatico-médiatiques avec
pour prétexte à l'avenant l'usage des
armes chimiques, des massacres
effroyables de civils ressortissant du
crime de guerre et contre l'humanité.
En l'occurrence, c'est un scénario à
l'identique qui se joue avec
l'accusation formulée par l'opposition
armée et les parties étrangères qui se
sont empressées de la reprendre à leur
compte et de s'en prévaloir pour
interpeller « dramatiquement » l'ONU et
la sommer d'intervenir. Il se trouve que
ces parties, la France, la
Grande-Bretagne et la Ligue arabe sont
celles auxquelles ne convient pas le
tête-à-tête que se font Russes et
Américains sur l'issue du conflit
syrien. Il est clair en effet que ces
deux acteurs déterminants dans ce
conflit sont en train d'en négocier la
fin sans y associer ces parties. Ce que
confirme le fait qu'ils ont décidé de se
retrouver seul à seul la semaine
prochaine à La Haye sans même la
présence du médiateur onusien et de la
Ligue arabe Lakhdar Brahimi.
L'inquiétude de Paris, Londres et de la
Ligue arabe (de l'Arabie Saoudite plus
précisément) est celle que Moscou et
Washington parviennent à un compromis
sur la Syrie et régional dans lequel
leurs intérêts respectifs dans les deux
cas seront « hors jeu ». D'où la
tentation de parasiter les négociations
russo-américaines annoncées en
ressortant l'accusation d'usage des
armes chimiques pour créer une situation
internationale sur le conflit syrien qui
leur permettrait de prétendre avoir
place et rôle dans les négociations sur
ce conflit et les affaires de la région.
La spectaculaire montée au créneau de
Paris, Londres et de l'Arabie Saoudite
via l'inénarrable Ligue arabe est donc
une gesticulation qui n'a
d'extraordinaire que le cynisme qui l'a
inspirée et les objectifs dont elle est
censée favoriser la réalisation.
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