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Le Quotidien d'Oran
Un dictateur doublé
d'un fou déchaîné
Kharroubi Habib
El Kadhafi
Mercredi 23 février 2011
Le bain de sang promis par Seif El-Islam ElKadhafi est en
train de se produire en Libye. Le décompte des tués parmi la
population civile s'élèverait à plusieurs centaines et le
massacre continue, sans que le monde extérieur puisse en
quantifier avec certitude le nombre de victimes qui
s'accroît au fil des heures.
El-Kadhafi, ses fils et leurs proches sont déterminés à
exterminer tous ceux des Libyens qui se sont soulevés pour
en finir avec leur mainmise sur la Libye, son Etat et ses
richesses. Pour ce faire, ils ont engagé contre le
soulèvement populaire un effroyable arsenal militaire servi
par leurs fidèles partisans dans l'armée, des miliciens et
des mercenaires étrangers à leur solde. Cela va du fusil
jusqu'à l'arme blanche, en passant par les chars et
l'aviation. C'est en fait une véritable guerre que la
famille El-Kadhafi a déclarée à son peuple.
Les esprits dérangés du dictateur, de ses fils et de tous
ceux qui ont partie liée avec leurs intérêts leur font
froidement envisager d'instaurer la paix des cimetières pour
pouvoir rester aux commandes du pays. Ils poursuivent
implacablement ce terrifiant objectif. Le monde entier sait
que Kadhafi est en train de commettre un crime aux
dimensions dépassant ceux que ses ex-collègues en dictature,
Ben Ali et Moubarak, ont ordonnés avec l'espoir de conserver
leurs pouvoirs. Pourtant, aucune voix officielle ne s'est
encore élevée pour dire leur fait au dictateur et à ceux qui
lui sont associés dans la sinistre besogne.
A croire que le dictateur libyen ne terrorise pas son
peuple uniquement. Depuis une semaine que la Libye est
plongée dans le chaos, qu'il est démontré qu'en plus de la
police, des miliciens et de militaires restés fidèles,
El-Kadhafi stipendie des mercenaires africains pour briser
la révolte populaire. Tout ce que l'on entend des milieux
officiels internationaux, ce sont des déclarations appelant
à «la retenue» et au non-usage de la violence. Les Libyens
ont naïvement cru qu'en se révoltant contre leur dictateur
et son régime, ils pouvaient compter sur l'appui de
pressions internationales autrement plus dissuasives sur ces
derniers que celles qui s'exercent depuis le début de leur
soulèvement.
Se pose, au vu des réactions internationales, la question
de savoir à partir de quel seuil le massacre à huis clos qui
a lieu en Libye deviendra inacceptable aux yeux du monde et
El-Kadhafi sommé sans ambiguïté de mettre un terme à la
guerre qu'il fait à une population désarmée.
Si El-Kadhafi a, pour des raisons d'intérêts multiples,
bénéficié du préjugé de détenir une once de légitimité,
cette guerre qu'il mène contre son peuple a irrévocablement
mis à nu cette fiction. Pour El-Kadhafi et son clan, la
Libye est un «patrimoine familial», comme l'a crûment fait
comprendre son fils Seif El-Islam. Lequel, sans être investi
d'aucune fonction officielle dans la hiérarchie et les
institutions de l'Etat, est celui qui pourtant est à la
manœuvre pour briser le soulèvement populaire. Ce «
patrimoine familial », a-t-il menacé, sera sauvegardé même
au prix du génocide.
Dans le cas de la Libye, il ne s'agit pas uniquement d'un
dictateur déterminé à conserver son pouvoir, il y a la folie
collective d'une famille et d'une parentèle qui tuent et
massacrent parce que convaincus qu'on veut les dessaisir
d'un bien - la Libye - qui leur appartient par droit de
propriété. Y a-t-il à attendre d'eux qu'ils entendent les
appels à la retenue et au non-usage de la violence ? Ceux
qui font semblant d'y croire cachent en fait d'inavouables
calculs que la chute d'El- Kadhafi pourrait rendre
aléatoires.
Le dossier Libye
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