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Le Quotidien d'Oran
Massacres à huis
clos en Libye
Kharroubi Habib
Lundi 21 février 2011
Le peuple libyen est en insurrection contre Muammar Kadhafi
et le régime dictatorial qu'il lui impose depuis
quarante-deux ans. Un bain de sang odieux en découle car,
dos au mur, le plus ancien dictateur de la planète est
déterminé à la briser coûte que coûte.
Dès les premières manifestations de la révolte populaire,
il a engagé contre elles toutes les forces de répression
dont il dispose ou que l'argent du pétrole lui a permis
d'enrôler. En Libye donc, la répression des manifestants est
menée tout à la fois par la police du régime, les forces
spéciales militaires acquises au dictateur, des «baltaguias»
rameutés par les soi-disant comités populaires, institutions
de base de la prétendue Djamahiria populaire instaurée par
Kadhafi, mais aussi des mercenaires étrangers où se côtoient
les hommes de mains de Ben Ali ayant pu fuir en Libye la
révolution tunisienne et des Africains stipendiés.
Kadhafi, on le voit, a fait tout donner pour étouffer, même
au prix de massacres, la révolte qui veut le chasser du
pouvoir. Il ne reculera devant aucune atrocité, car sachant
qu'en perdant le pouvoir, le sort qui l'attend ne sera pas
celui de Zine El Abidine Ben Ali ou de Hosni Mourabak. Aucun
Etat au monde en effet n'est prêt à lui accorder l'asile.
D'aucuns Occidentaux exploiteront même sa chute pour en
réclamer l'extradition ou pour exiger sa remise au Tribunal
pénal international.
Cette arrière-pensée qu'ils nourrissent à l'égard du
dictateur libyen explique en partie la tiédeur de leurs
dénonciations du carnage qui est en cours en Libye. Comme
s'ils avaient opté pour le laisser s'enfoncer dans
l'abjection absolue qui justifierait encore plus les
demandes à venir qu'ils formuleront à son endroit.
Sauf qu'en attendant, le massacre s'opère à huis clos et
que la tragédie sanglante dont est victime le peuple libyen
peut se solder par le maintien au pouvoir du dictateur et de
son régime.
Certes, des informations qui filtrent de Libye font état du
ralliement de policiers et de militaires au peuple soulevé.
Cela n'est pas encore suffisant pour faire basculer le
rapport de force en défaveur d'un dictateur déterminé à ne
reculer devant aucune monstruosité.
Il faut que la communauté internationale s'engage plus
fortement dans la défense du peuple libyen et fasse
comprendre au dictateur sanguinaire que trop c'est trop.
Plus que Zine El Abidine Ben Ali ou Hosni Moubarak, Muammar
Kadhafi est le type même du dictateur pervers intégralement.
Lui et son régime ont dilapidé les immenses ressources
financières que le pétrole procure à la Libye et font de ce
pays un Etat voyou qui a renié tous ses engagements
internationaux.
La pseudo-révolution dont Kadhafi a été le chantre n'a
apporté que désillusions aux Libyens. Le grand
révolutionnaire que celui-ci a prétendu être s'est
finalement honteusement aplati devant George W. Bush, au
point de lui livrer tout ce qu'il a demandé uniquement pour
préserver son fauteuil et son régime.
La révolution qui embrase le monde arabe ne peut être
totalement libératrice si Muammar Kadhafi reste au pouvoir
en Libye. Quarante-deux ans de forfaitures, de mensonges, de
retournements et de dictature schizophrénique, voilà le
bilan du «zaïm» libyen qu'il va clôturer, hélas, par un bain
de sang.
Le dossier Libye
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