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Le Quotidien d'Oran
Répression à Alger,
tolérance à Oran
Kharroubi Habib
Manifestation Alger 12.02.11 - Photo: El
Watan
Dimanche 20 février 2011
Hier à Alger, les marcheurs venus au rendez-vous de la place de
la Concorde, fixé par la Coordination nationale pour le
changement et la démocratie, se sont heurtés au même dispositif
répressif démesuré qui avait empêché leur marche du 12 février.
Par contre et à leur grand étonnement, les animateurs de la CNCD
à Oran ont obtenu l'autorisation de réunir le même jour leurs
troupes dans l'une des salles de cinéma de la ville.
En réprimant à Alger et en tolérant à Oran, le pouvoir a voulu
signifier qu'il campe sur la position définie par les autorités,
à savoir liberté d'expression mais interdiction de marche dans
la capitale.
En fait, si les protestataires oranais ont pu se rassembler, ce
n'est pas l'envie qui a manqué au pouvoir de les en empêcher.
Sauf qu'ayant eu un satisfecit américain pour les décisions
annoncées par le président Bouteflika et sa promesse que
l'expression populaire ne sera pas interdite, sauf cas de marche
dans la capitale, le pouvoir ne pouvait faire autrement que
tolérer la démonstration d'Oran.
Ce qui se passe dans le pays depuis le 12 février à
l'initiative de la Coordination nationale pour le changement et
la démocratie n'a peut-être pas déstabilisé le pouvoir et encore
moins créé une situation à la tunisienne où à l'égyptienne. Mais
il ne fait aucun doute que s'il reste enfermé dans son
obstination à ignorer les demandes et revendications de
changements que lui délivrent la CNCD, mais aussi d'autres
représentations de l'opinion publique et de la classe politique,
il s'expose à devoir se confronter, à un moment ou à un autre
pas lointain cependant, à un embrasement populaire, et ses
réactions à cette occasion contrediront le satisfecit que lui a
délivré Washington.
Si le pouvoir entend faire jouer le temps pour venir à bout de
la contestation entretenue par la Coordination nationale pour le
changement et la démocratie, il fait un faux calcul. Car la
détermination de celle-ci à la poursuivre se renforce au vu des
insurrections populaires qui secouent le monde arabe, générées
par l'onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne.
Pour peu que le régime de Kadhafi subisse le sort de ceux de
Ben Ali et Moubarak, comme cela semble inéluctable avec la
révolte populaire qui vient d'éclater en Libye, les évènements
se précipiteront inévitablement en Algérie. Il sera alors trop
tard pour Bouteflika et le pouvoir, car ils ne pourront les
maîtriser en lâchant alors les concessions qu'ils font miroiter
maintenant par différents canaux de communication mais sans
annonce officielle néanmoins.
Le temps de ce fait ne travaille pas pour le pouvoir, car il
lui est irrécusablement compté sous l'effet de l'accumulation de
la colère populaire qu'attise son immobilisme et l'état
dangereusement délétère dans lequel le pays est plongé.
C'est un fait que depuis les émeutes du début janvier et le
mouvement de contestation déclenché par la CNCD, l'Algérie offre
l'image d'un pays au bord d'un grand et imprévisible
basculement. Le silence assourdissant du chef de l'Etat n'est
pas pour convaincre du contraire.
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