Algérie
Une visite qui
suscite un espoir modéré
Kharroubi
Habib
Mardi 18 décembre
2012 Des deux côtés
de la Méditerranée, les sphères
officielles semblent convaincues que la
visite d'Etat qu'effectuera François
Hollande en Algérie à compter de demain
et durant deux jours va contribuer à
donner un nouveau souffle à la
coopération entre les deux pays.
Objectif apparemment possible à
atteindre. Ce dont l'historien français
Alain Ruscio s'est dit convaincu en
arguant que « les relations
franco-algériennes partent de si bas
qu'il ne peut y avoir qu'amélioration à
la faveur du voyage du président
Hollande en Algérie ».
Paris et Alger ont en tout cas agi pour
qu'il en soit ainsi. Les deux capitales
se sont intensément concertées sur les
modalités de cette visite et ont surtout
œuvré à trouver des terrains d'entente
sur ce que les deux pays peuvent faire
pour relancer et élargir leur
coopération. Instruits qu'il leur faudra
agir avec réalisme, Bouteflika et
Hollande se sont interdits tout effet
d'annonce sur le résultat de cette
visite. Si ce n'est de faire savoir
chacun de son côté que leurs discussions
porteront sur tout ce qui a trait aux
relations complexes qui lient l'Algérie
et la France. De ce tout la politique,
l'économique et le domaine mémoriel sont
indissociables. D'où la délicatesse de
cette visite dont on ne pourra estimer
les conséquences sur les relations
algéro-françaises qu'au vu des gestes
que les deux pays feront concernant les
dossiers qui font que ces relations sont
tout sauf sereines, pour ne pas dire
franchement régressives et distendues
ces dernières années à cause de la
«politique algérienne » de Nicolas
Sarkozy prédécesseur de Hollande à
l'Elysée. En
Algérie, la visite d'Hollande suscite un
espoir mesuré. Le nouveau président
français bénéficie certes de ce côté de
la Méditerranée d'un préjugé favorable,
au bénéfice qu'il a manifesté une
empathie pour l'Algérie et les Algériens
dont il lui est su gré. Candidat déclaré
à l'élection présidentielle, il a
exprimé son empathie par le geste fort
consistant à aller rendre hommage le 17
du mois d'octobre passé aux victimes
algériennes de la terrible répression
exercée en 1961 à Paris contre notre
communauté d'émigrés. Elu président, il
a fait plus fort en reconnaissant la
«réalité condamnable » de cette
répression.
Mais espoir mesuré
parce que les Algériens jugeant les
relations algéro-françaises à l'aune de
la question mémorielle, savent que le
président français ne pourrait aller
aussi loin qu'ils pensent être en droit
d'attendre de l'Etat français. D'où leur
conviction que si sa visite en Algérie
va tout de même insuffler du « mieux »
au partenariat entre les deux pays, il
ne faut pas pour autant en espérer
qu'elle le propulse dans «
l'exceptionnel et l'exemplarité » que
l'on dit vouloir instaurer tant à Paris
qu'à Alger. L'Algérie et la France ont
la possibilité de faire beaucoup entre
elles. L'histoire que les deux pays ont
en partage, les liens qui les unissent
de ce fait en bien ou en mal, c'est
selon pour les uns et les autres, font
que la rupture entre eux ne peut jamais
être définitive, irrémédiable.
Plutôt donc que chercher de chaque côté
de la Méditerranée à poursuivre
l'impossible entente sur tout pour
améliorer les relations algéro-françaises,
Bouteflika et Hollande semblent avoir
convenu de s'atteler à un objectif moins
ambitieux qu'un « traité d'amitié » ou
d'une déclaration solennelle sur les
rapports algéro-français. Celui
d'engager les deux pays dans un
partenariat « donnant donnant » et «
gagnant gagnant » qui à la longue
cimentera les fondements des relations
algéro-françaises et les rendra moins
tributaires des froids qu'elles auront
encore à connaître à cause de la
question mémorielle et des divergences
sur celles de leurs politiques
régionales et internationales.
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