Opinion
Qui se souvient du
rapport Carla Del Ponte ?
Kharroubi Habib
Mercredi 18 septembre 2013
La détention d'armes chimiques par les
rebelles syriens est depuis des mois un
secret de Polichinelle dont seuls les
soutiens étatiques et médiatiques
étrangers inconditionnels de la
rébellion anti-régime de Damas
persistent à en nier la réalité. Ils ne
conviendront certainement pas du
contraire suite à la confirmation faite
hier de cette réalité par un haut
responsable de la sécurité syrienne.
Et pour cause, ils ont pris le parti de
n'accorder aucun crédit à une accusation
de cette sorte contre leurs protégés
même formulées par des sources
internationales dont l'hostilité au
régime de Damas plaide pour la sincérité
de ce qu'elles ont rassemblé d'indices
étayant que l'opposition armée syrienne
détient effectivement des armes
chimiques. La « doxa » que les
puissances étrangères sponsorisant cette
opposition ont adoptée comme ligne
directrice de leur guerre de propagande
diabolisante du régime de Damas est que
seul le régime dispose d'un tel armement
et qu'ayant été utilisé dans les
affrontements il est le seul par voie de
conséquence à en avoir fait usage. Bien
avant l'attaque à l'arme chimique du 21
août dont ces puissances ont
naturellement imputé la responsabilité
aux forces loyales à Bachar El-Assad,
l'alerte avait été déjà faite que la
rébellion détenait ce type d'arme et
qu'elle en a probablement fait usage.
L'accusateur en l'occurrence n'était pas
n'importe qui puisque c'était la
magistrate internationale Carla Del
Ponte mandatée par l'ONU pour mener une
enquête sur l'usage des armes chimiques
dans le conflit syrien. Qui se souvient
des conclusions de cette intègre
fonctionnaire internationale qui étaient
franchement accablantes pour
l'opposition armée syrienne ? Son
rapport a eu droit à un « enterrement »
de première auquel le secrétaire général
Ban Ki-moon, son mandant pourtant mais
peu courageux acteur politique, n'a pas
peu contribué en émettant des « doutes »
sur sa crédibilité. Mieux encore, Carla
Del Ponte a fait l'objet « d'amicales »
pressions lui ayant « conseillé »
d'oublier ce qu'elle a écrit et déclaré
sur le sujet.
Mais Carla Del Ponte n'a pas été la
seule à affirmer que les rebelles
détiennent des armes chimiques et en
auraient fait usage contre la
population. Des médias américains ne
pouvant être suspectés de sympathie pour
Bachar El-Assad ont corroboré
l'exactitude des accusations de la
magistrate internationale sur la base
d'un authentique rapport rédigé à
l'intention de la Maison Blanche par des
spécialistes américains du
renseignement. Ce rapport établit encore
plus franchement que Carla Del Ponte la
détention d'armes chimiques par la
rébellion et désigne qui les a fournies
à celle-ci. Le fournisseur ne serait
autre que Bandar Ben Sultan, le
sulfureux patron des services de
renseignement et de sécurité de la
monarchie wahhabite. Ce même personnage
dont les services secrets occidentaux
n'ignorent pas qu'il est le bailleur de
fonds et le fournisseur d'armes de la
plupart des groupes djihadistes
salafistes affiliés à El-Qaïda qui
sévissent dans le monde arabo-musulman.
Bien entendu, il n'est pas de l'intérêt
des Occidentaux de créditer la
«filiation» de leurs protégés avec ce
sulfureux personnage qui n'a aucun
scrupule à ce que la rébellion syrienne
fasse usage d'armes chimiques. Alors le
meilleur moyen pour eux d'éviter que
cette «filiation» soit mise à nu
consiste à n'aborder le problème des
armes chimiques qu'en diabolisant le
seul régime de Damas et à rejeter comme
« absurde » l'idée même que la rébellion
est susceptible d'en posséder. Bandar
Ben Sultan peut continuer sans être
désavoué par les protecteurs occidentaux
de la monarchie saoudienne à fournir la
rébellion syrienne en tous types
d'armements, du sarin aux missiles. Les
massacres que cela occasionne en Syrie
sont et seront mis au compte exclusif du
régime de Damas par la propagande
anti-Bachar El-Assad qui inonde l'espace
médiatique européen et américain.
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