Opinion
Un duo
pathétiquement déphasé
Kharroubi Habib
Photo:
REUTERS
Mardi 17 septembre 2013
Le duo Hollande/Fabius n'a pas digéré
d'avoir été mis sur la touche par John
Kerry et Lavrov qui ont négocié sans les
consulter le délicat dossier de
l'arsenal chimique syrien et sont
parvenus à un accord qu'à défaut de
pouvoir dénoncer il en a salué du bout
des lèvres le caractère positif et
encourageant pour une issue politique à
la crise syrienne. Il espère néanmoins
toujours faire jouer à la France un rôle
central dans les évènements qui sont
attendus comme devant découler de
l'application du plan américano-russe
sur lequel il n'a pas eu son mot à dire.
C'est l'objectif de l'offensive
diplomatique et des déclarations
médiatiques auxquelles se sont adonnés
ces derniers jours le président français
et son ministre des Affaires étrangères.
Une agitation qu'un observateur non
averti peut interpréter comme confirmant
que Paris est en train de réussir un
retour en force auprès des deux
capitales américaine et russe qui ont
fait du règlement de la crise syrienne
leur domaine réservé. La réalité est
cependant toute autre ; car si
Washington a consenti à ménager la
susceptibilité offensée de Paris en
dépêchant John Kerry auprès de l'Elysée
et du Quai d'Orsay et que Lavrov va
recevoir aujourd'hui Laurent Fabius il
n'en restera pas moins que le succès ou
l'échec du plan américano-russe dépendra
de ce dont ont convenu secrètement entre
eux, au nom de leurs Etats, John Kerry
et son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le duo français n'est pas dupe des
résultats qu'obtiendra son agitation
diplomatique et médiatique. Elle ne vaut
pas en tout cas à la France un succès
quelconque dans sa tentative de dissiper
internationalement la méfiance et la
grande réserve que sa position ultra
interventionniste et franchement sans
retenue lui a valu au sein de la
communauté internationale. Ce qu'en
espèrent ces deux acteurs est qu'elle
crée l'illusion au sein de l'opinion
française que leur pays, grâce à leur
persévérance et à leur « habileté »
diplomatique, revient par la fenêtre
dans un conflit dont il a été chassé par
la porte. Mais les Français se sont
convaincus à juste titre que le duo
Hollande/Fabius, depuis le début ont
lamentablement positionné la France dans
le conflit syrien, en partie par
inexpérience, et en n'ayant pas mesuré
que des enjeux aussi cruciaux pour
l'Amérique et la Russie les deux pays
préféreront lui apporter une solution
réciproquement satisfaisante. 60%
d'entre eux ont estimé déplorable et
humiliante pour la France la gestion du
conflit par la paire Hollande/Fabius. Et
ce n'est pas parce que Hollande les a
regardés dimanche « les yeux dans les
yeux » pour tenter de les convaincre du
contraire qu'ils vont changer d'opinion.
Au contraire, la lecture que leur
président a faite pour eux de la pièce
diplomatique qui se joue autour du
conflit syrien les conforte dans leur
jugement que la France n'est qu'un
partenaire de second rang qu'Américains
et Russes ont convenu de mettre devant
le fait accompli dont ils ont arrêté les
étapes et les gestes qui vont le rendre
irréversible. Malgré la suffisance de
leur posture publique, Hollande et
Fabius ont amèrement compris qu'ils sont
réduits à celle de « Don Quichotte » et
ont tenté pathétiquement et
dérisoirement à la fois de la valoriser
en allant quêter « l'appui » de la
Chine. Fabius n'a eu droit à Pékin qu'à
un intérêt poli dont n'ont pas été
exclues des piques ironiques sur la «
place et l'influence » spécifiques de la
France sur la scène internationale.
Le
dossier Syrie
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