L'on n'a pas vu les puissances
étrangères créer de «groupe de
contact» pour suivre les
développements des révolutions
du Jasmin en Tunisie et de la
place «Tahrir» en Egypte. Ce que
d'aucunes, occidentales et
arabes, ont aussitôt constitué
dès le déclenchement en Libye de
l'insurrection contre El Kadhafi
et son régime. Officiellement le
«groupe de contact» pour la
Libye s'efforce de coordonner
l'aide internationale multiforme
à prodiguer à cette insurrection
pour qu'elle puisse poursuivre
sa lutte contre le dictateur et
ses partisans, faire face aux
besoins de la population du
territoire qu'elle contrôle et
assurer le fonctionnement des
services publics libyens.
Dans les faits, le «groupe de
contact» qui réunit les
puissances occidentales et
certains Etats arabes s'est
érigé en tutelle de
l'insurrection libyenne. Au
point que lors de sa réunion à
Doha, il s'est arrogé le droit
de définir ce que va être
l'après-Kadhafi en Libye.
Manifestation d'ingérence que
n'autorise ni la légalité
internationale, ni la résolution
1973 du Conseil de sécurité
ayant autorisé une intervention
internationale en vue de
protéger la population libyenne
contre l'emploi par El Kadhafi
de son aviation et de ses
armements lourds. Les puissances
membres du «groupe de contact»
ont outrepassé les dispositions
de la résolution onusienne et
agissent ouvertement en tant que
partie dans le conflit interne
libyen et dictent sa conduite au
Conseil national de transition
(CNT) censé être l'émanation de
l'insurrection.
C'est ce même «groupe de
contact» qui a fait pression sur
le CNT pour qu'il refuse toutes
les médiations internationales
qui se proposaient en vue de
permettre une solution négociée
au combat fratricide
inter-libyen. Pour disqualifier
ces médiations, le «groupe de
contact» les a accusées de
chercher à «sauver la mise» au
dictateur libyen et à son clan.
La radicalité de la prise de
position de ce groupe de contact
est sujette à caution tant sont
évidentes les motivations qui en
sont à l'origine. Tel que les
puissances membres du «groupe de
contact» se sont inféodé le
Conseil national de transition
libyen, celui-ci n'a rien à leur
refuser du projet qu'elles ont
esquissé pour la Libye de
l'après-Kadhafi. Un projet qui
bien qu'elles l'ont paré
d'intention de démocratisation
de la gouvernance dans ce pays
ne vise qu'à mettre celui-ci
sous leur «coupe réglée».
L'opinion internationale n'est
pas dupe de ce qui se passe dans
cette affaire libyenne. Pas dupe
que ces coalisés ont par
humanitaire volé au secours de
l'insurrection. Pas dupe que
cette insurrection elle-même n'a
été ni spontanée ni portée par
un mouvement en lutte contre la
dictature et visant à instaurer
la démocratie.
En Libye, l'on assiste à une
opération étrangère dont le but
est d'imposer un frein à la
dynamique d'émancipation qui
s'est déclenchée dans le monde
arabe dans la foulée de la
révolution du Jasmin en Tunisie.
Dans ce pays dont les ressources
énergétiques sont cyniquement
convoitées, El Kadhafi et ses
fils finiront par tomber et
disparaître mais le peuple
libyen est déjà pris en charge,
encadré pour qu'il n'ait pas la
velléité de revendiquer d'être
le maître de son destin et de
celui de son pays. Les mêmes
garde-fous sont en train d'être
disposés par les mêmes
puissances pour confisquer aux
peuples yéménite et syrien les
fruits de leurs révoltes contre
leurs régimes dictatoriaux
respectifs. Passé la surprise et
le flottement que les
révolutions tunisienne et
égyptienne ont occasionnés au
sein des Etats qui se sont
octroyés le rôle de gouvernance
mondiale, le «printemps arabe»
doit se garder de verser dans
l'euphorie de croire que ces
Etats en accepteront les
promesses de liberté et de
démocratie dont il est porteur
pour les peuples arabes.