Algérie
La politique de la
carotte et du bâton
Kharroubi Habib
Samedi 5 octobre 2013
Quelle que soit l'option qui sera la
sienne pour l'élection présidentielle,
le pouvoir a émis des signaux qui ne
laissent pas planer le doute sur son
intention de l'imposer quitte à encourir
l'accusation d'avoir faussé les règles
du jeu démocratiques qu'il s'est engagé
à respecter et à veiller à leur
application à l'occasion de ce crucial
rendez-vous électoral. C'est ainsi que
s'interprètent en tout cas la série
d'événements intervenus dans le pays
après le retour de Bouteflika après son
hospitalisation en France.
Le premier d'entre eux a été la «
normalisation » au pas de charge du FLN
dont tout candidat du camp officiel doit
pour une question de symbolique se
prévaloir de l'onction. Celle de l'autre
parti relais du pouvoir, le RND en
l'occurrence, est elle aussi en marche
depuis le retour du président. Mais
celui qui a clairement fait l'éclairage
sur la façon dont le pouvoir entend
organiser la compétition électorale a
été le remaniement gouvernemental auquel
Bouteflika a procédé. Un remaniement par
lequel le président a confié à des
fidèles parmi les fidèles à sa personne
les postes clefs de l'exécutif.
Il a ce faisant fait tout le contraire
de ce que réclamait l'opposition en
prévision de l'élection présidentielle,
à savoir la désignation d'un exécutif
gouvernemental « neutre » sur les
mesures de celle-ci, et instruit à
l'organiser sans esprit partisan. Tout
aussi inquiétante pour le climat dans
lequel cette élection va avoir lieu est
la poursuite ordonnée de la fermeture de
l'accès aux médias lourds publics à tous
les acteurs politiques dont le discours
est à contre-courant de celui du
pouvoir. Tout comme l'est l'interdiction
administrative qui a empêché quatorze
chefs de parti de l'opposition de se
rencontrer publiquement en vue de se
concerter sur la recherche d'une
stratégie électorale commune face au
pouvoir.
En fait d'ouverture, l'on assiste a un
verrouillage tous azimuts dont
l'objectif est de faire le vide face au
camp officiel. Pour ce faire, le pouvoir
a recours à la classique méthode de
l'utilisation à la carte de la politique
de la carotte et du bâton. La carotte
étant de faire miroiter aux acteurs
politiques que leur adhésion au dessein
électoral du pouvoir leur vaudra un
juteux renvoi d'ascenseur. C'est le FLN
« normalisé » et chapeauté par Amar
Saïdani qui est chargé de cette
opération de séduction et racolage. Son
but est la constitution d'un conglomérat
de sigles partisans destiné à créer
l'illusion que le candidat qui va porter
les couleurs du pouvoir fait large
consensus dans la classe politique et
par extension dans l'opinion publique.
Il est évident que les prémices d'une
dynamique unitaire anti-candidat du
pouvoir qu'a fait entrevoir le débat qui
s'est engagé dans les milieux
politico-partisans ne laissent pas
indifférents Bouteflika et son clan. Ils
manœuvrent encore plus sournoisement
pour faire avorter cette dynamique qui
pourrait déboucher sur la constitution
face à eux d'une force électorale
susceptible de déjouer leur plan surtout
si elle se fédère autour d'une
candidature crédible.
Au lieu de s'enfermer dans le débat
stérile de savoir si Bouteflika va ou
non être candidat à sa succession,
l'opposition qui prétend se mobiliser
pour faire obstacle à la reconduction du
système duquel il est issu se doit pour
les mois qui restent avant l'élection
présidentielle de centrer son action et
ses revendication sur les assurance à
arracher au pouvoir pour que la
compétition électorale se déroule dans
les conditions et normes de démocratie
acceptables et que le choix populaire
s'exprime librement et en toute
transparence, que ses composantes qui
s'agitent comme des cabris en clamant «
tout sauf Bouteflika » changent de
comportement et travaillent à en
convaincre l'opinion et à faire émerger
une alternative en laquelle une majorité
de l'électorat se reconnaîtrait et se
mobiliserait pour son succès.
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|