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Le Quotidien d'Oran
L'entêtement de
Kadhafi autorise tous les scénarios catastrophe
Kharroubi Habib
El Kadhafi
Samedi 2 mars 2011
Le chaos dont la Libye est en proie donne à envisager des
scénarios catastrophe à tous les pays ayant, sous des formes
diverses, à craindre pour eux la répercussion de cette
situation.
Les Etats-Unis et les pays de l'Europe du Sud ont été les
premiers à en faire état. L'Amérique, en estimant que ses
intérêts géopolitiques et économiques sont en cause. Les
pays européens, en déclarant craindre un afflux
incontrôlable vers leurs rivages de populations fuyant
l'enfer libyen provoqué par Kadhafi et ses partisans ou
profitant pour le faire de l'effondrement de l'Etat dans le
pays.
S'ils ne se prononcent pas officiellement sur ce qui se
passe en Libye, les autorités des pays voisins, la Tunisie,
l'Algérie et l'Egypte, n'en sont pas moins inquiètes de ce
que les évènements se déroulant dans ce pays peuvent avoir
de développements dangereux pour la stabilité de leurs Etats
respectifs. Pour ces trois pays, l'affaire libyenne est un
véritable casse-tête. Le départ du pouvoir de Kadhafi ne
signifiera pas pour eux la fin des hantises qu'à fait naître
la situation créée par l'insurrection populaire contre
celui-ci. Contrairement aux Occidentaux, ils ne voient pas
dans la chute du dictateur libyen la fin du chaos que son
entêtement à rester au pouvoir a provoqué. Personne ne
contrôle la situation en Libye, et le vide ainsi créé fait
du pays un espace dans lequel ne manqueront pas de
s'implanter et d'agir toutes les forces ayant pour objectif
la déstabilisation de la Tunisie, de l'Algérie et de
l'Egypte. L'arsenal de l'armée libyenne, pratiquement en
déshérence maintenant, finira pas tomber entre leurs mains.
L'organisation terroriste Aqmi, par exemple, usera de tous
les moyens pour se l'approprier.
A n'en point douter, les autorités sécuritaires algériennes
appréhendent sérieusement cette probabilité. Car sa
réalisation renforcerait la capacité de nuisance de
l'organisation terroriste. La menace que l'Aqmi soit le
grand bénéficiaire du chaos libyen n'est pas une simple vue
de l'esprit pour les autorités algériennes et les experts
des questions sécuritaires. En plus de l'armement auquel
elle peut avoir accès plus facilement du fait de l'anarchie
qui s'est instaurée en Libye, elle peut également étoffer
ses rangs avec «les soldats perdus» de la cause du dictateur
libyen
Al-Qaïda n'a été en rien à l'origine de la révolte du
peuple libyen, comme l'a prétendu Kadhafi. Mais la situation
ouverte par cette révolte et la guerre civile qu'elle a
engendrée ne sont pas de celles que Ben Laden et ses affidés
laisseront passer sans l'exploiter pour les sinistres
desseins qu'ils entretiennent pour le Maghreb et le Sahel.
En visite à Alger dans ce conteste explosif dû aux
évènements qui secouent la Libye, le coordonnateur pour le
contre-terrorisme au département d'Etat américain y a
certainement consacré une bonne part de ses entretiens et
concertations avec ses interlocuteurs algériens.
Si coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis il y a en
matière de lutte contre le terrorisme, elle ne doit pas dans
le cas de l'affaire libyenne souffrir de divergences sur les
voies à emprunter et les moyens à mettre en œuvre pour
empêcher Al-Qaïda et Aqmi d'en être les bénéficiaires.
Le dossier Libye
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