Opinion
Un ancien
représentant à l'ONU torturé par les
rebelles libyens
Julie
Lévesque
Abuzed
Omar Dorda à l'ONU
Mercredi 26 janvier
2012
Abuzed Omar Dorda,
ancien représentant de la Libye aux
Nations Unies, a soutenu Kadhafi
jusqu'au bout. Il a été arrêté en
septembre 2011 et depuis, il est détenu
et torturé.
En octobre, on a avisé des membres
de sa famille qu’il avait été transporté
dans un hôpital de Tripoli, mais il leur
était interdit de le contacter. Selon
eux, des gardiens l’ont jeté en bas du
deuxième étage de la prison où il était
détenu et il a été violemment battu.
Son fils a lancé un
cri d’alarme récemment:
« ll semble que
mon père ait été capturé par une milice
la nuit dernière à l’hôpital. Il est
toujours dans une situation critique et
ne devrait pas quitter l'hôpital pour
préserver sa santé. Certaines personnes
responsables de sa torture et qui le
surveillaient à l'hôpital font parti des
kidnappeurs.
Vu la condition
physique de mon père, je ne pense pas
qu'il survivra longtemps entre les mains
des terroristes. Plus les gens seront au
courant de ce qui arrive à mon père,
plus les terroristes seront effrayés des
conséquences possibles. »
La Libye est
toujours en guerre. Maintenant qu’un
gouvernement fantoche a été installé, la
Libye n’est plus un sujet chaud et ne
fait plus les manchettes dans les médias
occidentaux. Pourtant la guerre se
poursuit. Au yeux des médias dominants,
les violences sont pratiquement toujours
imputables aux «
partisans du régime déchu », malgré
les reportages indépendants faisant état
des crimes commis par ceux que la presse
mainstream a présenté jusqu'à
ce jour comme des « militants
pro-démocratie », en nous les montrant
paradoxalement armés jusqu’aux dents.
Les médias
dominants ne dénoncent pas le traitement
inhumain infligé à cet ancien
représentant libyen aux Nations Unies.
Les dirigeants des pays de l’OTAN ne se
prononcent peu ou pas sur la torture
infligée à de nombreux libyens dits
pro-Kadhafi comme Abuzed Omar Dorda.
Est-ce en raison de leurs préférences
politiques? Faut-il être en faveur de
l’OTAN et des nouveaux maîtres libyens
pour mériter un traitement humain et
éviter la torture? Peut-on appeler ces
tortionnaires des démocrates?
Ces nouveaux
dirigeants libyens soumettent des hommes
à la torture, mais sont tout de même
appuyés par les dirigeants occidentaux.
Pourtant, n’était-ce pas un des
reproches faits à Kadhafi, que la presse
aimait surnommer le « dictateur
sanguinaire »? L’OTAN n’avait-elle pas
pour mission de « protéger les civils de
la répression sanglante » des forces
libyennes?
Où sont les médias
maintenant? Les crimes commis à
l’endroit des Libyens par les nouveaux
dirigeants ne sont-ils pas dignes des
manchettes comme ceux que l’on imputait
à Kadhafi?
Tous se
souviendront du
battage médiatique autour d’Iman al-Obeidi,
cette libyenne inconnue jusque-là, ayant
fait irruption dans l’hôtel Rixos et
accusé les soldats libyens de l’avoir
violée. Or, qui a entendu parler du
traitement inhumain infligé à Abuzed
Omar Dorda, ancien représentant à l’ONU?
La logique journalistique voudrait qu’il
ait davantage de couverture médiatique
qu’une libyenne inconnue.
Le silence
médiatique à son sujet démontre que les
médias, à l’instar des criminels,
choisissent leurs victimes.
© Droits d'auteurs
Julie Lévesque, Mondialisation.ca, 2012
Publié le 27 janvier 2012
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|