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Opinion
Le sommet des «
Amis de la Syrie » à Paris : Les
puissances impérialistes se préparent à
une guerre contre la Syrie
Johannes Stern
Agression
contre un bus militaire sur la route
Raqqa Alep
Photo: Sana
Lundi 23 avril 2012
Les prétendus
« Amis de la Syrie, » c'est-à-dire les
grandes puissances impérialistes, leurs
alliés de l'OTAN et les monarchies du
Golfe, se sont réunis jeudi soir à Paris
pour accélérer leurs préparatifs de
guerre contre la Syrie.
À ce sommet,
la ministre américaine des Affaires
étrangères Hillary Clinton a déclaré : «
Je pense que nous devons en faire
davantage pour mener des actions plus
fortes contre le régime d'Assad. » Elle
a appelé à une « résolution sur les
sanctions du chapitre 7 » de la part du
Conseil de sécurité des Nations Unies,
référence à la disposition de la Charte
de l'ONU qui autorise les interventions
militaires contre d'autres pays. Elle a
insisté en faveur de sanctions sur les
déplacements et les avoirs financiers,
ainsi qu'en faveur d'un embargo sur les
armes « Et la pression que cela nous
permettra d'exercer sur le régime pour
le contraindre à se conformer au plan en
six points de Kofi Annan. »
L'invocation
par Clinton du plan de paix d'Annan
était complètement cynique. Depuis le
premier jour, les États-Unis se sont
servis du cessez-le-feu obtenu par Annan
comme d'un piège pour le régime du
président syrien Bashar el-Assad. Tout
en feignant de soutenir la « paix, »
Washington a continué à insister pour
dire que l'objectif de ce processus est
le départ d'Assad et a tacitement
soutenu les bombardements et autres
attaques toujours menées par
l'opposition syrienne financée et armée
par les occidentaux contre les forces de
sécurité du gouvernement Syrien. L'idée
était, dès le départ, de provoquer le
régime pour qu'il riposte contre les
forces de l'opposition puis de se servir
des violations du cessez-le-feu par
Assad comme prétexte pour une
intervention militaire plus forte.
Appelant
soi-disant à la « paix » dans une
phrase, Clinton aussitôt après annonçait
une aide américaine accrue aux forces de
l'opposition. Elle a annoncé que les
États-Unis allaient « Etendre notre
soutien à l'opposition syrienne en
matière de communications, de
logistique, et autres domaines. » Elle a
également dit que les États-Unis
envisageaient la possibilité de
coordonner l'aide aux groupes de
l'opposition en Syrie en lien avec la
Turquie.
Les reportages
ont fait remarquer que Clinton était en
discussions étroites au sommet de Paris
avec le Prince Saud al-Faisal, ministre
des Affaires étrangères d'Arabie
saoudite. Le Qatar et l'Arabie saoudite
ont officiellement annoncé, lors du
sommet des « Amis de la Syrie » à
Istanbul le 1er avril, qu'ils payaient
les « rebelles ». D'après certains
reportages, il y a déjà des forces
spéciales américaines, françaises,
britanniques et des Etats du Golfe
opérant sur le territoire Syrien.
Clinton a
également indiqué un rôle possible pour
l'OTAN en Syrie. Elle a fait référence à
un incident frontalier qui a eu lieu le
9 avril durant lequel les forces
syriennes auraient tiré par-delà la
frontière turque, blessant quatre
Syriens et deux employés turcs d'un camp
de réfugiés. Le régime syrien affirme
que ses troupes ont été attaquées depuis
le territoire turc avant de tirer. La
région de la Turquie qui borde la Syrie
est la principale base d'opérations de
l'Armée syrienne libre d'opposition.
Le Premier
ministre turc Recep Tayip Erdogan a
réagi à cet incident la semaine dernière
en mentionnant l'article 5 du traité de
l'OTAN. Cet article dispose qu'une
attaque contre un membre de l'OTAN est
une attaque contre tous les membres de
l'OTAN et peut se voir opposer une
riposte d'ensemble. Invoquer l'article 5
autoriserait l'OTAN à attaquer la Syrie
sans avoir à obtenir une résolution du
Conseil de sécurité s'appuyant sur le
chapitre 7 de l'ONU, laquelle est pour
le moment bloquée par la Russie et la
Chine.
Une résolution
du chapitre 7 autorise le Conseil de
sécurité à engager des actions
militaires pour « restaurer la paix
internationale et la sécurité. » La
résolution 1973 adoptée le 17 mars 2011
avait ainsi donné la couverture légale à
la guerre des États-Unis et de l'OTAN
pour un changement de régime en Libye.
Le président
français Nicolas Sarkozy a donné le ton
au sommet de Paris. Il a accusé Assad
d'être un menteur et l'a comparé au
dirigeant Libyen Mouammar Kadhafi, tué à
la fin de la guerre en Libye par les «
rebelles » soutenus par l'occident.
« Bashar el-Assad
ment de façon éhontée, il veut rayer de
la carte Homs comme Kadhafi voulait
rayer de la carte Benghazi. » a déclaré
Sarkozy sur la radio Europe 1.
Puis il a appelé à « L'établissement de
couloirs humanitaires pour qu'une
opposition puisse exister en Syrie. »
Tout cela veut
dire que les puissances impérialistes
ont décidé que le scénario libyen se
répétera en Syrie. Comme dans le cas de
la Libye, les mensonges les plus
cyniques sont utilisés pour justifier un
bain de sang.
En fait,
Kadhafi n'a jamais tenté de « rayer de
la carte Benghazi. » L'OTAN, pour sa
part, a coordonné des bombardements
massifs avec ses intermédiaires de la «
rébellion » au sol – aidés par les
forces spéciales européennes et
américaines – en prétendant « protéger
les civils. » Ce faisant, les
Américains, les Français, les
Britanniques et leurs complices de
l'OTAN ont tué des dizaines de milliers
de Libyens et ravagé des villes
entières, dont Tripoli et Sirte.
Jeudi, les
Nations Unies et la Syrie ont signé un
accord pour envoyer 300 inspecteurs en
Syrie observer la situation. Le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon
a pendant ce temps-là démontré le rôle
de l'ONU comme instrument de la
politique impérialiste des États-Unis en
accusant Assad d'être entièrement
responsable des violations du
cessez-le-feu. Il a dénoncé le
gouvernement Syrien pour ne pas avoir
appliqué entièrement « ses obligations
initiales concernant les actions et le
déploiement de ses troupes, ou de le
faire rentrer dans leurs casernes. »
Témoignant
devant le congrès américain le même
jour, le ministre de la Défense Léon
Panetta et le général Martin Dempsey,
président de la conférence des chefs
d'Etat-major, a donné des signaux clairs
que les États-Unis sont prêts pour la
guerre. Dempsey a déclaré que l'armée
américaine serait prête à agir si on le
lui demandait.
Panetta a dit
: « Je pense qu'il est clair que la
seule manière dont les États-Unis
pourraient s'impliquer militairement est
s'il y a un consensus dans la communauté
internationale pour tenter de faire
quelque chose de cet ordre. » Il a
ajouté qu'Assad « sera retiré du
pouvoir. »
Ce pays
d'importance stratégique au Moyen-Orient
est la proie de conflits armés depuis 13
mois. Peu après que des manifestations
ont éclaté contre Assad en mars 2011,
les puissances occidentales ont saisi
l'occasion pour monter une intervention.
Oeuvrant avec la Turquie et les
dictatures du Golfe, ils ont armé
l'Armée syrienne libre et les autres
groupes rebelles sunnites sectaires,
leur permettant de mener des attentats
contre des bâtiments publics et les
forces de sécurité.
Les
préparatifs de guerre contre la Syrie
font partie d'un plan plus large pour
mettre tout le Moyen-Orient directement
sous contrôle impérialiste. Dans un
entretien accordé à CNN jeudi, le
ministre de la Défense israélien Ehud
Barak, qui avait rencontré Panetta à
Washington, a dit que la chute d'Assad «
affaiblirait l'Iran de façon
spectaculaire. » Il a poursuivi : «
C'est en quelque sorte le seul
avant-poste des Iraniens dans le monde
arabe. Les Iraniens ne sont pas des
Arabes, et cela affaiblira
spectaculairement à la fois le Hezbollah
au Liban et le Hamas à Gaza, et ce sera
un événement très positif. »
Comme pour la
Libye, la France joue un rôle
prépondérant dans l'installation d'un
régime pro-occidental en Syrie, l'une de
ses anciennes colonies. Vendredi,
seulement deux jours avant le premier
tour des élections présidentielles du 22
avril, François Hollande, candidat du
Parti socialiste, a rassuré les alliés
de la France sur son soutien à la guerre
en Syrie. «
Si elle se fait dans le
cadre de l'ONU, nous
participerons à cette intervention, »
a-t-il déclaré.
(Article
original paru le 21 avril 2012)
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Publié le 23 avril 2012 avec l'aimable
autorisation du WSWS
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