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La crise électorale iranienne se poursuit
alors que les Etats-unis intensifient leurs menaces
James Cogan
Mercredi 5 août 2009 Mahmoud Ahmadinejad
sera assermenté aujourd’hui pour son deuxième mandat de quatre
ans en tant que président de la République islamique d’Iran,
dans des conditions où les divisions au sein de l’élite
dirigeante sont aggravées par des menaces économiques et
militaires des Etats-Unis.
Les différends existant dans les milieux
dirigeants iraniens sont apparus symboliquement à la cérémonie
de lundi lorsque le guide suprême du pays, l’ayatollah Ali
Khamenei, a appuyé officiellement Ahmadinejad en tant que
vainqueur de l’élection présidentielle du 12 juin.
Dans un geste sans précédent, certains des
personnages les plus puissants du pays ont boycotté l’événement.
Parmi eux se trouvaient les anciens présidents Ali Akbar Hashemi
Rafsanjani et Mohammed Khatami ; les candidats à la présidence
défaits Mir Hossein Mousavi et Mahdi Karroubri; ainsi que Hassan
Khomenei, le petit-fils et l’héritier le plus en vue du
fondateur du régime, l’ayatollah Ruhollah Khomenei.
Des dizaines de clercs, de politiciens et
de fonctionnaires moins en vue, mais ayant tout de même de
l’influence, ont aussi indiqué qu’ils rejetaient la légitimité
d’Ahmadinejad en refusant d’assister à la cérémonie.
A la suite des résultats du 12 juin, les
partisans de Mousavi, qui défendent un rapprochement avec les
Etats-Unis et les autres grandes puissances ainsi qu’une
profonde restructuration économique néolibérale, ont organisé
des manifestations durant des semaines. Ils ont prétendu que les
résultats étaient truqués et ont exigé de nouvelles élections.
Le boycott de lundi indique que la
campagne de l’opposition va se poursuivre malgré les appels et
les menaces de l’ayatollah Khamenei et ses partisans. La journée
précédente, quelque 100 partisans de l’opposition qui avaient
été arrêtés au cours des manifestations (y compris l’ancien
vice-président Muhammed Ali Abtahi) ont été amenés devant un
tribunal télévisé pour « avouer » et déclarer leur loyauté à l’Etat
islamique.
Malgré les accusations émanant de
l’opposition, il n’existe aucune preuve crédible d’une fraude
électorale massive. Ahmadinejad a remporté 60 pour cent des
votes, surtout parmi la classe ouvrière et les couches pauvres
de la campagne. Souffrant déjà d’un chômage élevé et d’une
inflation galopante, des millions d’Iraniens ont craint que les
demandes de Mousavi pour d’importantes coupures dans les
dépenses sociales empirent leurs conditions de vie. Ils ont voté
pour Ahmadinejad en tant que « moindre mal ». Les travailleurs
étaient sensiblement absents des manifestations postélectorales
subséquentes.
Les partisans de Mousavi proviennent en
grande majorité de couches sociales aisées qui espèrent
bénéficier des politiques néolibérales et de sections de jeunes
qui croient naïvement aux vagues promesses de réformes
démocratiques. Mousavi a été appuyé par la famille Rafsanjani
qui détient un certain nombre d’entreprises et de vastes
propriétés terriennes et par d’autres sections de la grande
entreprise iranienne qui veulent mettre fin à leur isolement des
marchés, des prêts et des investissements internationaux.
Les Etats-Unis et leurs alliés ont cherché
à exploiter la crise politique afin faire pression sur le régime
iranien en le poussant à implanter les éléments principaux du
programme politique, au pays et à l’étranger, de Mousavi. Ils
tentent d’obtenir ainsi un meilleur accès aux réserves de
pétrole et de gaz naturel, au marché intérieur et à la
considérable main-d’œuvre éduquée et bon marché de l’Iran, ainsi
que de l’aide pour consolider les occupations, dirigées par les
Etats-Unis, de l’Irak et de l’Afghanistan.
L’appui des puissances impérialistes est
un facteur significatif qui encourage la campagne en cours en
Iran. Les groupes d’opposition appellent à des manifestations
contre la cérémonie d’assermentation aujourd’hui aux principaux
marchés de Téhéran et dans les autres villes. Résumant les plans
de l’opposition, un candidat défait, Mahdi Karroubri, a dit à un
journal espagnol hier : « Nous ne considérons pas ce
gouvernement comme étant légitime. Nous allons continuer de
protester. Nous ne coopérerons jamais avec ce gouvernement. Nous
ne voulons pas lui faire de tort, mais nous allons critiquer ses
actions. Nous n’allons l’aider d’aucune manière. »
Les menaces des Etats-Unis contre le
régime s’accentuent. Lundi, le New York Times a rapporté
que l’administration Obama cherche à rallier le Congrès,
contrôlé par le Parti démocrate, et les principaux alliés des
États-Unis internationalement afin qu’il appuie un embargo sur
les produits pétroliers raffinés contre l’Iran si ce dernier
refuse de mettre fin à son programme nucléaire.
Ce geste hautement provocateur menace de
faire éclater une confrontation majeure avec l’Iran. Même si
l’Iran est un producteur pétrolier majeur, il importe
présentement 40 pour cent de sa demande intérieure en pétrole et
en essence en raison d’une faible capacité de raffinage. Sans
les importations, l’Iran serait acculé au pied du mur.
Le
New York Times a
encore une fois fait référence à des affirmations non confirmées
selon lesquelles la Maison-Blanche avait conclu une entente avec
le gouvernement israélien pour que ce dernier attende que soient
terminées les rencontres du Conseil de sécurité de l’ONU de
septembre avant de lancer une attaque aérienne unilatérale
contre les installations nucléaires iraniennes.
Le but de
ce délai serait de donner à Washington plus de temps pour lui
permettre d’obtenir l’endossement par l’ONU de sanctions
économiques plus dures contre l’Iran. Ceci pourrait forcer
Téhéran à reculer ce qui aurait pour conséquence de favoriser
l’opposition iranienne. Au contraire, toute attaque de la part
d’Israël galvaniserait la population de l’Iran derrière la
défiance populiste de Khamenei et Ahmadinejad contre les
principales puissances.
Dans la
période avant le début des sessions de l’ONU, situation
rappelant comment l’hystérie d’« armes de destruction massive »
en Irak avait été déclenchée, des « sources occidentales des
agences d’espionnage » anonymes se sont confiées au
Times de Londres,
affirmant sans preuve que l’Iran avait la capacité de construire
une bombe nucléaire en douze mois.
Le
Conseil de sécurité de l’ONU, toutefois, ne supportera
probablement pas un train de sanctions plus dures. Tant le
gouvernement chinois que le gouvernement russe, conscients que
la question nucléaire n’est qu’un prétexte qu’utilisent les
Etats-Unis pour augmenter leur influence en Iran, pourraient
faire usage de leur droit de veto pour bloquer toute résolution.
De plus,
les sanctions, peu importe qu’elles soient endossées par l’ONU
ou unilatéralement appliquées par les Etats-Unis et les grandes
puissances européennes, devront bénéficier de l’appui de
l’armée. L’Iran a menacé à plusieurs occasions de répondre à une
telle agression en fermant le détroit d’Hormuz par lequel
passent de nombreux pétroliers transportant d’immenses quantités
de pétrole du golfe Persique vers l’Asie et d’autres marchés.
Alors que
l’administration Obama a offert à l’Iran de négocier avec lui
sur la question des programmes nucléaires iraniens, la crise
politique à Téhéran diminue de beaucoup la possibilité de voir
se réaliser cette offre. Les efforts des Etats-Unis d’imposer
des sanctions contre l’Iran ou de voir se réaliser une attaque
par l’Israël des installations nucléaires iraniennes pourraient
plonger le Moyen-Orient dans une autre guerre.
(Article
original anglais paru le 5 août 2009)
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Publié le 6 août 2009 avec l'aimable autorisation du WSWS
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