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Pakistan: Les enfants kamikazes, « victimes de la forme d'exploitation la plus brutale »


Scène après un attentat à la bombe à Lahore. 
Le Pakistan a été frappé par une vague d'attentats suicides au cours de l'année 2007.
Photo: Kamila Hyat/IRIN

LAHORE, 14 février 2008 (IRIN)

Zarak Khan, 16 ans, n’a qu’à s’asseoir sur sa chaise et zapper entre les chaînes de télévision pour voir le visage de sa mère s’illuminer. Rehma Bibi est tout simplement heureuse d’avoir ramené sain et sauf son fils aîné à la maison. « Ils voulaient en faire un kamikaze, mais nous l’avons retiré de l’école religieuse », a-t-elle affirmé.

Il y a près d’un an, Rehma, son mari Shaukat et leurs quatre enfants ont dû quitter la ville de Kohat, dans la province de la Frontière du Nord-Ouest (PFNO) du Pakistan, quelque temps après avoir retiré le jeune Zarak de l’école religieuse située à la périphérie de la ville, où il était inscrit depuis qu’il avait 12 ans.

Shaukat commençait à s’inquiéter des propos de l’adolescent concernant les attentats suicides et le paradis – où, selon lui, se retrouvaient tous ceux qui perpétraient des attentats contre les « ennemis ».

Craignant que leur fils ne soit endoctriné et ne devienne un kamikaze, la famille s’est installée à Lahore pour s’assurer que l’adolescent ne subisse plus l’influence de ses maîtres islamiques fanatiques et de ses pairs.

« Nous avons envoyé Zarak dans une madrasa (école religieuse) parce que nous sommes pauvres et que nous n’avions pas les moyens de l’inscrire dans une école normale », a dit Mme Rehma. C’est une réalité quotidienne dans le Pakistan d’aujourd’hui.

La famille vit avec un seul revenu mensuel d’un peu moins de 66 dollars américains, le montant du salaire que perçoit Shaukat en tant qu’ouvrier agricole de jour.

Dans une majorité des milliers d’écoles religieuses disséminées à travers le Pakistan, l’éducation religieuse, la nourriture et l’hébergement sont généralement offerts gratuitement aux enfants issus de familles défavorisées, mais quelques-unes de ces écoles ont tissé des liens avec des mouvements extrémistes responsables de la vague de violence qui secoue le pays, ont affirmé certains analystes et observateurs.

De plus en plus d’attentats

Au cours de cette dernière année, le Pakistan a été frappé par une vague d’attentats, dont bon nombre d’attentats à la bombe. En 2007 seulement, il y a eu 56 attentats à la bombe, qui ont fait au moins 636 morts, dont 419 membres des forces de sécurité du Pakistan.

Quatre nouveaux attentats ont eu lieu en 2008 et ont déjà fait plus de 70 morts, le plus récent s’étant produit au cours d’un rassemblement politique, le 11 février, quand un jeune kamikaze s’est fait exploser dans la zone tribale du Nord-Waziristan, au Pakistan, près de la frontière avec l’Afghanistan.

Le bilan de ces attentats continue de s’alourdir et au cours de la dernière décennie, les attentats suicides ont fait plus de 2 000 morts au Pakistan. De nombreuses personnes ont également été grièvement blessées, certaines étant handicapées à vie.

« Des victimes de la forme d’exploitation la plus brutale »

Bon nombre des kamikazes qui se sont fait exploser étaient des enfants, et les adolescents qui ont été arrêtés ont livré des récits effrayants sur la manière dont ils étaient conditionnés à commettre ces attentats.

« Ces jeunes garçons sont des victimes du terrorisme, au même titre que les personnes qu’ils tuent. Ils sont victimes de la forme d’exploitation la plus brutale », a affirmé Anis Khan, un psychologue de Lahore, qui mène une étude sur la manipulation des enfants kamikazes pour le compte d’une organisation non-gouvernementale (ONG).

Cette manipulation des jeunes kamikazes est devenue particulièrement évidente au cours des derniers mois.

En décembre 2007, l’attentat de Kohat, qui a fait 11 morts parmi les cadets d’une académie militaire, a été commis par un kamikaze de 16 ou 17 ans, qui a fait exploser la charge qu’il portait sur lui lorsqu’il s’est approché de sa cible.

En janvier, dans un attentat sectaire, un garçon d’à peu près le même âge s’est fait exploser au milieu de fidèles réunis dans une mosquée de Peshawar.

Des enfants endoctrinés

Mais le plus révélateur est la manière dont ces garçons sont endoctrinés.

Il y a quelques semaines à peine, Aitezaz Shah, 15 ans, a été arrêté à Dera Ismail Khan, une ville du nord du Pakistan. Il a raconté aux enquêteurs comment il avait été recruté par des extrémistes après avoir arrêté l’école à Karachi, en mai 2007.

À l’en croire, son rôle en tant que kamikaze était de servir « d’appui » dans l’assassinat de Benazir Bhutto, la présidente du Parti du peuple pakistanais (PPP), tuée dans un attentat suicide le 27 décembre.

Le jeune Aitezaz avait été entraîné dans une madrasa, dans la zone tribale du Sud-Waziristan, et s’apprêtait à commettre d’autres attentats.

« Nous poursuivons les interrogatoires et les enquêtes dans cette affaire », a indiqué le général Iqbal Chima, porte-parole du ministère pakistanais de l’Intérieur.

Il y a un an, Hainullah, un autre kamikaze pakistanais de 15 ans formé dans le Waziristan, a été arrêté en Afghanistan, pays voisin où il avait été envoyé pour commettre un attentat contre les troupes américaines.

Selon lui, un prédicateur d’une école religieuse de la région lui avait promis qu’il « en finirait avec cette vie ennuyeuse » en lui faisant miroiter le paradis, un endroit où le lait et le miel coulent à flots, s’il acceptait de sacrifier sa vie en devenant un kamikaze.

Quelques mois plus tard, dans une affaire qui a fait la Une des journaux, Rafiqullah, aspirant kamikaze de 14 ans, a été gracié par le président afghan Hamid Karzaï et renvoyé au Pakistan. Il avait été arrêté alors qu’il portait sur lui une veste d’explosifs.

« Il est triste de voir qu’un enfant musulman qui a été envoyé dans une école religieuse pour apprendre l’Islam a été trompé par les ennemis de l’Afghanistan », a déclaré M. Karzaï à cette occasion.

 

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Source : IRIN  
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