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IRIN
Liban:
L'opposition renforce son emprise sur le pays
Le
siège du mouvement de Saad Hariri, situé à Beyrouth-ouest,
suite à l'attaque dont il a été la cible le 9 mai
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
BEYROUTH, 12 mai 2008 (IRIN)
Les flambées de violence sectaires les plus
sanglantes jamais observées au Liban depuis la fin, en 1990,
d'une guerre civile qui avait duré 15 ans, se sont propagées de
Beyrouth jusqu'au Mont-Liban, terre des Druzes, et à Tripoli,
deuxième ville libanaise, située dans le nord, tandis que le
Hezbollah et ses alliés de l'opposition poursuivent leur prise
de contrôle militaire du pays.
Walid Joumblatt, leader druze qui dirige depuis de nombreuses
années les régions montagneuses situées au sud-est de Beyrouth,
a ordonné à ses combattants de se retirer et appelé son rival,
le leader druze Talal Arslane, allié du Hezbollah, à prendre les
dispositions nécessaires pour que l'armée reprenne le contrôle
de la région.
« Je dis à mes partisans que la paix civile, la cohabitation et
la fin de la guerre et de la destruction sont plus importantes
que toute autre considération », a déclaré M. Joumblatt sur la
chaîne de télévision locale LBC.
À Aley, la ville essentiellement peuplée de Druzes qui a été au
cœur des affrontements, des témoins oculaires ont rapporté que
des combattants chiites du Hezbollah avaient patrouillé dans les
rues, tirant en l’air, à la suite d’affrontements violents avec
les militants du Parti socialiste progressiste (PSP) de M.
Joumblatt.
Conflit dans les montagnes
Ce conflit qui sévit dans les régions montagneuses du pays a
commencé dans la soirée du 9 mai, lorsque le Hezbollah et ses
alliés de l’opposition ont pris le contrôle de l’ouest de
Beyrouth, majoritairement sunnite.
Selon des témoins, les militants du Hezbollah actifs au
Mont-Liban ont établi des postes de contrôle entre les villages
de Qmatiyé et de Souk el-Gharb, à deux kilomètres au sud-ouest
d’Aley.
Face aux contestations des combattants du PSP, le Hezbollah a
enlevé quatre Druzes, faisant un mort, selon les habitants d’Aley.
En représailles, les membres du PSP ont enlevé et exécuté trois
partisans du Hezbollah.
« Le Mont-Liban n’a rien à voir avec les problèmes qui ont lieu
à Beyrouth », a estimé Rami Shamseddine, un habitant d’Aley. «
Nous avons connu beaucoup de guerres et nous avons retenu la
leçon. Tout ce que nous voulons, c’est la paix ».
A Tripoli, les partisans de Saad Hariri, leader sunnite et
dirigeant de la majorité parlementaire, dont les combattants ont
été mis en déroute le 8 mai dans l’ouest de Beyrouth, ont
incendié les bureaux du Hezbollah, déclenchant des fusillades de
rue entre militants sunnites rivaux.
Au moins 7 000 habitants ont fui et plusieurs civils ont été
blessés, avant un retour au calme précaire, dans l’après-midi.
Une quarantaine de morts et des dizaines de blessés
Au moins 39 personnes ont été tuées et des dizaines ont été
blessées pendant ces quatre jours d’affrontements entre les
partisans du gouvernement, soutenu par les Occidentaux, et
aujourd’hui menacé d’un renversement, et l’opposition, dirigée
par le Hezbollah et soutenue par l’Iran et la Syrie.
Ces affrontements avaient été déclenchés à la suite des mesures
répressives prises par le gouvernement à l’encontre des
infrastructures militaires du Hezbollah.
La crise s’est aggravée le 10 mai lorsque Fouad Siniora, le
Premier ministre, s’est déclaré déterminé à demander des comptes
au Hezbollah sur la question de ses armes, ce qui, selon Hassan
Nasrallah, leader du Hezbollah, revenait à avoir « déclaré la
guerre » à son parti.
« Aujourd’hui, le Hezbollah a un problème avec tout le Liban,
pas seulement le gouvernement », a déclaré M. Siniora. « Nous ne
nous étions jamais doutés que le Hezbollah serait capable
d’occuper Beyrouth par la force […] Le Hezbollah doit comprendre
qu’il ne nous intimidera pas par la force des armes ».
Les Etats-Unis et Israël ont averti que la prise de contrôle de
Beyrouth par le Hezbollah pourrait déclencher un conflit
régional, tandis que la Grande-Bretagne, l’Italie et la France
ont élaboré des plans d’évacuation pour leurs ressortissants.
La Turquie et le Koweït ont déjà commencé à évacuer leurs
ressortissants par la frontière nord entre le Liban et la Syrie,
seul itinéraire qui permet encore de sortir du pays.
La route qui mène à l’aéroport du Liban est bloquée depuis le 7
mai par les partisans du Hezbollah. D’autres axes routiers ont
été coupés, et le port de Beyrouth est également fermé. Malgré
le siège, les réserves alimentaires de Beyrouth restent
suffisantes, et un grand nombre d’épiciers de la capitale sont
toujours ouverts.
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