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IRIN
Liban:
La construction de l'hôpital du camp palestinien manque de fonds
Ain al-Hilweh est le camp de réfugiés
palestiniens le plus grand et le plus violent du Liban
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
AIN AL-HILWEH, 11 décembre 2007 (IRIN) L’hôpital tant attendu du plus grand camp de réfugiés
palestiniens du Liban n’ouvrira pas ses portes à la date prévue,
l’organisme qui le finance ne disposant plus des fonds nécessaires
pour acheter des lits et autres matériels médicaux de base.
D’un montant de cinq millions de dollars, l’hôpital Al-Quds
d’Ain al-Hilweh, situé en dehors de la ville portuaire de
Sidon, est l’unique investissement important consenti au cours
des 60 années d’existence du camp.
L’hôpital a été conçu pour prendre en charge de nombreuses
maladies chroniques, des pathologies cardiaques, le cancer et des
troubles neurologiques dont souffrent bon nombre d’habitants
d’Ain al-Hilweh. Il doit également être doté d’un pavillon
pour enfants et d’une unité de soins intensifs.
Mais Ibrahim Marshoud, directeur de l’hôpital, a confié à
IRIN qu’il manquait deux millions de dollars pour achever l’hôpital,
après la cessation ces derniers mois des versements de dons
internationaux à la Fondation Badr, l’organisation caritative
palestinienne qui a financé la construction l’hôpital.
« La fondation Badr attend de l’argent. Actuellement l’hôpital
ne peut prendre en charge que quelques interventions chirurgicales
mineures ; nous avons encore besoin de 36 lits, d’incubateurs,
de scanners et de cinq machines à dialyse », a expliqué M.
Marshoud, un ancien membre de la British Medical Council et ancien
conseiller médical de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies
pour les réfugiés de Palestine.
« Les problèmes sanitaires dans le camp sont liés à la fois à
la maladie et à l’environnement. Les rues sont un facteur de
maladie environnementale, tandis que les maladies chroniques
telles que le diabète, l’hypertension et le cancer sont des
maladies très fréquentes ».
Selon l’UNRWA, le camp abrite quelque 46 000 réfugiés, alors
que le Fatah, la faction palestinienne dominante au sein du camp,
parle de 80 000 personnes entassées dans un camp d’une
superficie de 1,5 kilomètre carré.
Des patients meurent par manque de médicaments
L’UNRWA gère deux cliniques dans Ain al-Hilweh. Selon les
statistiques de fin décembre 2006, près de 3 500 personnes du
camp souffrent de diabète et d’hypertension artérielle et se
font soigner dans ces cliniques.
D’après les responsables et des médecins palestiniens, une opération
du cœur revient environ à 7 000 dollars, un coût que
pratiquement aucun habitant du camp ne peut payer, quand on sait
que le chômage touche près de 80 pour cent de la population.
L’objectif de l’hôpital Al-Quds est d’offrir des soins
gratuits pour les maladies cardiaques.
Selon l’UNRWA, Le Liban a le pourcentage le plus élevé de réfugiés
palestiniens vivant dans des conditions de pauvreté extrême et
les implications les plus graves de cet état de fait se font
sentir dans les 12 camps de réfugiés officiels où vit un peu
plus de la moitié des 400 00 réfugiés palestiniens recensés
dans le pays.
L’hôpital, qui a été construit en quatre ans, est en grande
partie une initiative de Mounir Maqdah, le représentant au Sud
Liban de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)
dont le Fatah est la principale composante. M. Maqdah fait partie
des responsables palestiniens d’Ain al-Hilweh.
Etant donné qu’il est interdit aux Palestiniens vivant au Liban
d’ouvrir leurs propres cliniques – plus de 70 professions sont
interdites aux Palestiniens –, et alors que pendant des décennies,
les autorités libanaises ont interdit toute importation de
produits susceptibles d’améliorer les conditions de vie dans le
camp, M. Maqdah a dû user de beaucoup «d’influence » pour
faire construire cet hôpital, a expliqué M. Marshoud.
Pour MM. Marshoud et Yassein Abu Saleh, un technicien hospitalier,
les patients mourraient parce qu’ils ne recevaient de l’UNRWA
et des autres associations palestiniennes que la moitié des médicaments
dont ils avaient besoin.
« Les malades n’ont pas les moyens de se faire soigner à
l’extérieur du camp », a expliqué M. Saleh, « et les maigres
moyens dont ils disposent leur permettent à peine de payer les médicaments
dans le camp ».
Selon M. Marshoud, un enfant d’Ain al-Hilweh chez qui une
maladie du sang telle que l’anémie hématie falciforme a été
diagnostiquée vivra pendant 20 ans au maximum, contre 60 ans en
Occident, tout simplement parce que les traitements médicamenteux
et le matériel de transfusion sanguine très onéreux ne sont pas
disponibles dans le camp. Le cas de Wissam
Oweid
Alors qu’il était encore un nourrisson, Wissam Oweid avait fait
de la fièvre, mais ses parents étaient trop pauvres pour le
faire soigner correctement, s’est souvenu ce jeune homme
aujourd’hui âgé de 26 ans, qui semble avoir un handicap lourd,
puisqu’il est incapable de parler clairement ou de contrôler
les mouvements de ses membres.
« J’ai voulu quitter le camp pour me procurer
de meilleurs médicaments, mais je n’ai pas pu.
Si j’avais pu quitter le camp, peut-être que j’aurais été
normal ». Wissam Oweid, 26 ans
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
Selon les
habitants, dont certains méprisent et tapent M. Oweid, le jeune
homme prend chaque jour des comprimés d’Artane payés par le
Fatah et son état de santé serait dû à un choc nerveux qu’il
a subi lors d’un bombardement du camp par l’armée israélienne
pendant la guerre civile, dans les années 1980. L’Artane est un
médicament utilisé pour soigner les troubles nerveux de la
maladie de Parkinson.
« J’ai voulu quitter le camp pour me procurer de meilleurs médicaments,
mais je n’ai pas pu » », a expliqué M. Oweid, qui se tordait
en faisant l’effort de parler. « Si j’avais pu quitter le
camp, peut-être que j’aurais été normal ».
Au cours de la conférence de presse qu’elle a donnée à
Beyrouth au mois de novembre, Karen AbuZayd, la commissaire générale
de l’UNRWA, a indiqué que le programme de reconstruction du
camp de l’UNRWA – démarré il y a deux ans à l’initiative
du gouvernement du Premier ministre Fouad Siniora, qui a mis fin
à une longue politique libanaise d’obstruction de la rénovation
et de l’extension des 12 camps – ne serait pas oublié.
L’UNRWA a déjà reçu 26 millions de dollars sur les 50
milliards sollicités auprès des bailleurs. A ce jour l’agence
en a dépensé huit, a-t-elle expliqué. Copyright © IRIN
2007
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