Institution
Internationale al-Quds
Analyse de la situation concernant la
destruction du chemin al-Maghariba
Département de l'information
Mercredi 14 décembre
2011
La mainmise sur la porte al-Maghariba
prélude à la domination de l’occupation
sur al-Aqsa.
Dimanche 11 décembre 2011,
l’association semi-officielle de la
« protection du patrimoine du mur
occidental », responsable de fait de
l’administration de la place al-Bouraq
– a fermé le pont provisoire en bois
conduisant à la mosquée al-Aqsa, à
partir de la porte al-Maghariba, en
s’appuyant sur un rapport de
l’architecte de la municipalité de
l’occupation dans al-Quds, paru le
23 mai 2011, considérant que le pont
risque de s’effondrer et par
conséquent, il représente un danger
à la sécurité générale, étant
construit à partir de matériel
inflammable. La municipalité de
l’occupation avait alors prévenu
l’association « de la protection du
patrimoine.. » qu’elle serait
poursuivie judiciairement si elle
n’exécutait pas la décision de
détruire le pont, dans les prochains
six mois. L’association a
favorablement répondu aux mises en
garde de la municipalité et a décidé
de commencer les travaux dès la
première semaine de juin. Mais le
bureau du premier ministre de
l’occupation, à partir d’un conseil
à caractère sécuritaire, a décidé de
geler la décision jusqu’à ce que le
climat politique devienne approprié.
A l’approche de l’échéance de
novembre, l’association a remis la
question à jour, pour répondre aux
mises en garde de la municipalité de
l’occupation, mais de nouveau, le
bureau du gouvernement de
l’occupation ordonne l’arrêt de la
destruction du pont en bois et des
parties de la colline de Maghariba,
suite aux pressions officielles
jordaniennes et égyptiennes,
favorisées par une mobilisation
populaire refusant cette mesure. La
municipalité décide alors de fermer
le passage du pont aux touristes et
aux religieux juifs.
La question du chemin al-Maghariba
et du pont provisoire remonte à
l’année 2004, lorsqu’une partie du
chemin s’est effondrée, suite à une
tempête de neige, à cause des
excavations menées sous la colline
et de l’interdiction d’y mener des
travaux de réfection. Les autorités
de l’occupation avaient interdit sa
reconstruction. Puis, plusieurs mois
plus tard, la police de l’occupation
demande à construire un pont en bois
à la place, afin que ses troupes
puissent accéder à la mosquée al-Aqsa,
en cas de nécessité sécuritaire. Ce
qui fut fait.
La situation est demeurée telle
quelle jusqu’au jour où le bureau de
l’architecte de la municipalité de
l’occupation, déclare le 15 décembre
2006, que l’entrée de la porte al-Maghariba
menant à la mosquée al-Aqsa est sur
le point de s’effondrer, et que le
pont en bois construit il y a deux
ans ne tiendra pas dans les moins
prochains, appelant à détruire le
chemin al-Maghariba en entier, et à
le remplacer par un pont suspendu.
Le matin du mardi 6 février 2007,
les bulldozers de l’occupation
commencent à supprimer le chemin de
la porte al-Maghariba.
Les travaux de destruction soulèvent
des réactions populaires exprimant
la colère, en Palestine et dans
plusieurs Etats arabes et
islamiques. Commence alors la série
de reports de la destruction, depuis
l’époque du gouvernement d’Ehud
Olmert, jusqu’à l’heure actuelle.
C’est à partir de rapports à
caractère sécuritaire que le bureau
du premier ministre de l’occupation
a reporté la destruction du chemin
al-Maghariba, à plusieurs reprises,
jusqu’à ce que le climat politique
devienne approprié. Mais les plans
et les mesures administratives
nécessaires pour l’élévation du pont
alternatif et préparer le terrain se
sont poursuivis. Et selon le plan
définitif adopté pour le lieu,
l’Etat de l’occupation construira
non seulement un pont pour les
piétons, mais reliera les
excavations menées sous le chemin
al-Maghariba à un réseau
d’excavations menées sous et autour
de la mosquée al-Aqsa. Les vestiges
découverts feront partie de la ville
juive historique, qui se trouve déjà
sous et autour de la mosquée, de
même que les bâtiments découverts
seront utilisés pour des salles de
prière pour les juifs.
Tout au long de cette période, le
département des Awqaf musulmans dans
al-Quds et les parties concernées
dans le gouvernement jordanien ont
insisté sur leur droit exclusif à
mener des travaux d’entretien dans
la colline al-Maghariba. De même, la
Jordanie avait présenté à l’UNESCO
en 2008 un plan pour rénover le
chemin al-Maghariba, conformément au
caractère historique et
civilisationnel du lieu. La position
jordanienne officielle a toujours
été de refuser toute tutelle ou le
pouvoir de l’occupation, sur le
chemin ou tout autre affaire
relative à la mosquée al-Aqsa.
Les nouveaux développements
indiquent clairement la
détermination de l’occupation à
détruire le chemin et à élever un
nouveau pont, quelle que soient les
positions des parties concernées,
comme la Jordanie, l’autorité
palestinienne ou les parties et
conseils internationaux. Car pour
l’occupation, la question va au-delà
des détails techniques sur la forme
du pont, ou la protection des
vestiges trouvés dans le lieu, il
s’agit d’affirmer « son droit à la
souveraineté » sur la totalité de la
ville d’al-Quds
et sur ce qu’elle considère comme un
centre pour la religion juive dans
le monde, c’est-à-dire la mosquée
al-Aqsa, ou ce qu’ils appellent le
mont « du temple ». En réalité, les
dimensions de la destruction
dépassent les querelles relatives à
l’archéologie, à l’histoire ou
l’architecture.
Accorder
l’autorisation à l’occupation pour
exécuter son projet, ou même
éxécuter tout projet dans le lieu,
en partenariat avec l’occupation,
signifie :
1 – la reconnaissance de la
domination israélienne et le droit
de l’Etat de l’occupation à la
tutelle sur la mosquée al-Aqsa et
tout ce qui le concerne, et le droit
des juifs à s’y trouver,
et la
reconnaissance de la légitimité de
la domination de l’occupation sur la
porte al-Maghariba, qui devrait
être, par principe, sous la
domination exclusive des Awqaf
musulmans, comme pour toutes les
portes de la mosquée al-Aqsa
2 – L’autorisation officielle aux
juifs d’entrer dans la mosquée al-Aqsa,
par une porte qui leur soit
consacrée. La confrontation actuelle
sur la porte se transformera demain
sur le projet de l’occupation à
l’intérieur des places de la mosquée
al-Aqsa, à propos des places
consacrées aux juifs et d’autres
places consacrées aux musulmans. Tout recul actuel à propos de cette
affaire signifie que nous
assisteront à des reculs au projet
futur de la présence juive dans la
mosquée al-Aqsa.
3 –
la reconnaissance du récit historique de
l’occupation, sur l’histoire de la porte
et des vestiges qui y sont présents,
alors qu’en réalité, c’est ce qui
reste du quartier al-Maghariba, que
Salaheddine avait accordé aux
soldats du Maghreb arabe qui avaient
participé à la libération d’al-Quds
contre l’occupation croisée,
d’autant plus que s’y trouve la
porte al-Nabi, qui se trouve au bas
de la colline, et d’après des
récits, c’est par cette porte que le
messager Mohammad, que les prières
soient sur lui, est entré dans la
mosquée al-Aqsa, dans l’épisode
d’al-Isrâ’ wal-Mi’râj.
A partir de ces données et pour
empêcher l’occupation de poursuivre
son plan, et pour que le chemin al-Maghariba
ne soit pas soumis à l’équilibre de
forces politiques dans la région et
dans l’Etat de l’occupation, et pour
que cette question ne soit pas une
carte en ses mains, pouvant être
agitée quand il le veut, pour
intervenir dans les affaires de la
mosquée al-Aqsa et imposer sa
domination, l’Institution
Internationale al-Quds appelle les
parties concernées à agir comme suit
:
1 –
le gouvernement jordanien
: il a assumé un rôle important et
essentiel, depuis le début de la
crise jusqu’à aujourd’hui, pour
imposer le report de l’exécution du
plan de l’occupation et l’empêcher
de construire le pont permanent à la
place du chemin al-Maghariba. Nous
nous tenons aux côtés de la Jordanie
dans sa confrontation avec l’Etat de
l’occupation et
appelons toute la
nation arabo-islamique à appuyer la
position jordanienne et à la
soutenir pour empêcher l’occupation
d’être partenaire dans tout projet
de rénovation ou de réfection de la
porte al-Maghariba.
Nous nous rappelons à ce propos la
position du département des awqaf
musulmans dans al-Quds, sous
administration jordanienne, lors de
l’incendie qui a ravagé al-Aqsa en
1969. Il avait alors interdit
l’entrée des non-musulmans par les
portes de la mosquée al-Aqsa,
jusqu’à ce qu’il remette les clefs
de la porte al-Maghariba à
l’occupation, qui l’avait
illégalement usurpée en 1967.
La
situation normale et juridique est
que les Awqafs musulmans, dépendant
du gouvernement jordanien, soient
responsables de toutes les portes de
la mosquée al-Aqsa, sans exception
pour la porte al-Maghariba,
d’autant plus que l’Etat de
l’occupation viole tous les jours
l’accord qui gère la mosquée al-Aqsa
et tous les lieux saints de la
ville.
2 – l’Autorité palestinienne et
les organisations de la résistance
: toutes les parties palestiniennes,
depuis les élections législatives
début 2006, la division et le blocus
qui les ont suivies, se comportent
avec al-Quds comme un dossier
secondaire. La ville d’al-Quds a,
par conséquent, beaucoup perdu et
perd encore. S’il est difficile de
se mettre d’accord sur les points
conflictuels, il n’est cependant pas
difficile de se mettre d’accord et
de former un seul rang pour empêcher
l’occupation de poursuivre ses
agressions contre la mosquée al-Aqsa.
Toutes les parties palestiniennes
sont invitées à agir selon une
vision unitaire pour faire parvenir
un message à l’occupation, le
mettant en garde contre les pertes
qu’il pourrait subir s’il
poursuivait ses agressions contre
al-Quds et ses lieux saints, et
niait le droit des parties
concernées.
3 – L’Egypte : la récente
position officielle et populaire
égyptienne, et notamment celle de
l’institution d’al-Azhar concernant
la porte al-Maghariba et plus
généralement, al-Quds, a eu un rôle
déterminant dans l’arrêt du projet
de destruction. Cette position a
démontré que l’occupation accorde
une grande importante aux
développements de la situation en
Egypte et qu’il craint la
mobilisation de l’opinion publique
contre lui, encore plus
qu’aujourd’hui. C’est pourquoi les
parties actives en Egypte sont
invitées à accentuer le mouvement
populaire et la mobilisation
officielle pour faire pression sur
l’Etat de l’occupation, et appuyer
la position jordanienne, réclamant
le respect par l’occupation de la
responsabilité exclusive des awqaf
musulmans sur la mosquée al-Aqsa et
sur toutes ses portes.
4 – les Etats du Maghreb arabe
: le lien historique particulier qui
relie notre peuple dans le Maghreb
arabe à al-Quds et la mosquée al-Aqsa,
via leur porte qui fait partie des
murs de la mosquée, ainsi que les
liens qui les unissent à al-Quds en
tant qu’Arabes et musulmans, exigent
d’eux d’agir, au moment où ils
vivent « le printemps » dans leurs
pays, et de faire pression sur
l’occupation, sur le plan populaire
et officiel, et à travers les
institutions internationales, pour
qu’elle cesse ses agressions contre
la mosquée et qu’elle retire
définitivement sa main de la porte
al-Maghariba et du chemin y
conduisant.
5 – les médias : les médias
sont invités à la vigilance et à
assurer une couverture directe et
permanente de la porte al-Maghariba,
afin que l’occupant ne nous
surprenne pas en construisant le
nouveau pont, de nuit ou de jour,
sans témoins, pour que l’on ne
parvienne pas au fait accompli,
comme ce fut le cas pour le pont en
bois actuel.
Traduction : Rim
al-Khatib
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