Syrie
Face à
l'ingérence, à la subversion et au
radicalisme islamique, front uni des
Eglises chrétiennes syriennes...
Guy
Delorme
Une vue du
congrès international de la fraternité
islamo-chrétienne, Damas, décembre 2010
Mardi 27 septembre
2011
Les chefs spirituels et dignitaires
chrétiens de Syrie continuent de donner
de la voix pour alerter la communauté
internationale des dangers de la
politique occidentale de soutien à
l’opposition radicale anti-Bachaer.
Après Mgr Bechara Raî, nouveau
patriarche de l’Eglise maronite (voir
notre article « Le
patriarche de l’Eglise chrétienne
maronite : « L’Occident doit donner du
temps à Bachar »« , mis en ligne le
9 septembre), après le patriarche
syriaque catholique Ignace Youssef III –
qui avait rencontré, à ce sujet et au
printemps, Alain Juppé -, après
l’archevêque maronite Mgr Samir Nassar –
dans une lettre adressée à l’organisme
vatican « Aide à
l’Eglise en détresse« , après mère
Agnès-Maryam de la Croix, supérieure du
monastère grec catholique de
Saint-Jacques l’Intercis (région de
Homs) (voir notre
article « Une
religieuse syrienne : mensonges
médiatiques & réalités de terrain« ,
mis en ligne le 19 août), c’est à
présent l’ensemble des dignitaires et
évêques chrétiens de Syrie,
toutes obédiences confondues,
qui viennent de signer une déclaration
intitulée « Pas de
surenchères sur les chrétiens ! ».
Michel Kilo a fait l’unité
des chrétiens… contre lui
Cette déclaration est une réponse à
l’opposant Michel Kilo, une des figures
de proue de l’opposition intérieure à
Bachar al-Assad, et un des orateurs de
la réunion historique de l’opposition
intérieure syrienne à l’hôtel Sheraton
de Damas, le 27 juin dernier. Michel
Kilo avait, dans un article publié le 12
août par le quotidien libanais
As-Safir,
stigmatisé ce qu’il appelle la « dérive »
des églises chrétiennes syriennes. Par
« dérive » il
faut entendre le refus global de
celles-ci de s’engager aux côtés de
l’opposition radicale et de se voiler la
face devant le rôle joué, au sein de
cette opposition, par les islamistes
radicaux, appelant à une « Saint-Barthélémy »
islamiste des partisans – chrétiens ou
musulmans – de Bachar.
Toujours est-il qu’un mois et demi
après l’article de Kilo, les chefs des
Eglises syriennes (1) lui rétorquent par
une déclaration bien sentie, signée des
« Chrétiens libres
de Jésus » et dont voici une
traduction, due à l’obligeance de nos
« correspondants » Mohamed et Cécilia :
« Nous les
chrétiens syriens, toutes églises
comprises, nous savons avec certitude
que l’Eglise a pris la bonne décision de
ne pas mélanger religion et politique.
Nos Eglises, connues depuis toujours
pour leur courage dans les moments les
plus durs, nous réaffirmons nos
positions en ce qui concerne la Syrie
et que ce qui se passe dans le
pays est un complot venant de
l’étranger, visant tous les Syriens, et
dans le but de dicter une ligne de
conduite à la politique étrangère de la
Syrie comme c’est le cas en Irak, en
Libye ou en Egypte.
Nous appelons nos
fidèles à ne pas se laisser entraîner
dans une action éloignée de l’esprit de
notre Seigneur Jésus-Christ et de ses
recommandations, afin de ne pas faire de
mal à la Syrie, des dirigeants de
laquelle nous témoignons des efforts
pour le dialogue inter-religieux et la
protection du droit d’expression de la
croyance.
Nous sommes
aujourd’hui devant un choix, celui d’une
position dans l’esprit de Notre Seigneur
Jésus-Christ : donc il ne faut pas
suivre le Satan venu de l’étranger
auteur de complots nous conduisant à
l’erreur et nous entraînant dans leur
plan.
Que Dieu pardonne
le pêcheur et que la paix soit avec nous
et notre pays. »
On ajoutera que l’ensemble des
évêques maronites syriens ont publié eux
aussi, le 21 septembre, une déclaration
réagissant aux accusations de Michel
Kilo et s’en prenant d’ailleurs
nommément à lui, ainsi qu’aux diverses
formes d’islamisme radical ayant déjà
ensanglanté le pays et la région. Les
évêques maronites reprochent notamment à
Kilo de falsifier, dans un sens
lénifiant, l’histoire des relations
entre l’Islam sunnite et les autres
confessions, qu’elles soient
chrétiennes, chiites ou druzes. Et aussi
de refuser le « Dialogue national »
initié par le gouvernement. On
pourra peut-être reprocher à ce texte
d’être un peu trop « globalisant » par
rapport à l’Islam, notamment dans sa
branche sunnite, qui rassemble la
majorité de la population syrienne, dont
la très grande majorité n’est pas
impliquée dans le mouvement de
contestation et encore moins dans les
violences meurtrières. Mais
c’est vrai que les chrétiens de Syrie,
qui connaissent le triste sort de leurs
frères irakiens – ou des coptes
égyptiens -, ont de sérieuses raisons
d’élever le ton. A ce propos on
rappellera qu’un exemple de cohabitation
réussie entre les deux grandes religions
existe dans la région : au Liban dont
l’actuelle majorité – pro-syrienne, au
fait – associe le puissant mouvement
chiite Hezbollah au Courant patriotique
libre (chrétien maronite) du général
Michel Aoun.
En conclusion, la déclaration des
évêques maronites adresse à Kilo cette
fin de non recevoir (qui reproduit
l’exergue figurant en début du texte) :
« Pas de
surenchère sur les chrétiens, monsieur
Michel Kilo ! Cessez de nous pousser
vers l’inconnu ! C’est honteux de la
part d’un intellectuel comme vous
d’accepter d’être le Cheval de Troie des
ennemis des Syriens ! »
(1) Cette déclaration
est signée des représentants de toutes
les églises chrétiennes syriennes,
qu’elles soient de rite oriental –
grecque orthodoxe, syriaque, assyrienne
et arménienne – ou occidental
-catholique, maronite, évangélique.
Messe de
Noël 2010 à Damas
Publié le 28
septembre 2011 avec l'aimable
autorisation d'Info Syrie
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dossier Syrie
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