Syrie
A Homs, les crimes
avérés et probables des insurgés
Guy
Delorme
Des civils
tués, qui de par l'origine de leurs
meurtriers, ne devraient pas retenir
l'attention de Libération, du Figaro ou
de Canal+
Mercredi 14 mars
2012
Puisqu’il est douteux que
les médias français y consacrent
beaucoup plus qu’une ligne pleine de
guillemets, nous relayons cette
information de l’agence
Sana
: une de ces bande terroristes qui
sévissent encore dans certains coins de
Homs, presque 15 jours après la
libération de Bab Amr, a perpétré
mercredi 13 mars un massacre de 15
civils, qui appartenaient sans doute à
la mauvaise communauté. Cela s’est passé
dans le secteur de Karm-al-Loz, un
quartier pauvre du sud-est de la ville,
densément peuplé. Parmi les victimes,
une femme et ses quatre enfants. Les
meurtriers se seraient réfugiés dans le
quartier de Nazihin où les forces de
l’ordre les recherchent activement.
Par
ailleurs, puisqu’on a beaucoup parlé,
ces dernières 48 heures, d’autres civils
massacrés à Homs, sachez que le ministre
syrien de l’Information, Adnane Mahmoud,
a imputé à des «
gangs
terroristes » la tuerie de femmes
et d’enfants à Homs, dans une
déclaration faite lundi à l’AFP
: « Les
gangs terroristes ont perpétré le plus
atroce des massacres dans le quartier de
Karm al-Zeitoun à Homs pour exploiter le
sang syrien et faire pression en vue de
susciter des réactions internationales
contre la Syrie« , a-t-il dit.
Damas accuse
al-Jazeera
et les groupes armés de détournement de
cadavres
La
télévision syrienne, à des fins de
(contre) propagande qui n’enlèvent pas
nécessairement de vraisemblance à ces
récits, multiplie ces derniers jours les
témoignages d’habitants de Homs sur des
enlèvements et meurtres commis par les
groupes terroristes armés, les témoins
allant jusqu’à affirmer que les photos
présentées par les chaînes occidentale
ou arabes tendance
al-Jazeera
comme étant celles de victimes des
militaires et miliciens du régime sont
en faite celles de leurs proches enlevés
et tués par les groupes terroristes
armés.
Un des
habitants a indiqué à la télévision
syrienne que ses proches ont été tués et
mutilés pour la simple raison qu’ils ne
sont pas hostiles au régime.
Des habitants des
quartiers de Bab Sibah, de Nazihine et
de Nazha ont par ailleurs affirmé avoir
identifié les corps de leurs proches,
signalant qu’ils avaient été enlevés
depuis des mois. Ils se sont
plaint que la situation dans leurs
quartiers est très mauvaise du fait des
agressions des groupes armés contre les
citoyens qui se trouvent obligés de
rester chez eux de crainte d’être
enlevés ou tués.
Le ministre syrien de
l’Information s’en est également pris,
en termes violents, à
al-Jazeera
et la chaîne à capitaux séoudiens
al-Arabiya,
accusées par lui d’alimenter la révolte
à travers leur couverture biaisée des
violences sur le terrain : «
Les
chaînes du terrorisme sanguinaire, dont
al-Jazeera et al-Arabiya, sont complices
de ces crimes. Leurs correspondants sur
le terrain à Homs sont des hommes armés
et des terroristes qui participent à ces
crimes, les filment et diffusent des
allégations mensongères en inversant les
faits« , a-t-il martelé.
Par delà la rhétorique, le
moins qu’on puisse dire est que le trait
est à peine forcé, quand on sait quelle
est la ligne éditoriale de ces deux
chaînes arabo-atlantistes sur la crise
syrienne. Une ligne qui a gravement
entamé la crédibilité d’al-Jazeera,
qui avait bâti sa réputation en
proposant une alternative
professionnelle et arabe, lors de la
guerre d’Irak, à l’hégémonie de
CNN.
Aujourd’hui,
al-Jazeera
est d’une certaine manière malade de la
Syrie, plus d’une dizaine des
animateurs, présentateurs et speakerines
ont quitté la chaîne qatarie, dont deux
ou trois ces derniers jours, pour
protester contre sa couverture
manipulatrice et biaisée des évènements
en Syrie.
En ce qui
concerne la dernière affaire des quelque
50 femmes et enfants présentés par les
opposants comme des victimes de la
répression à Homs, ces chaînes diffusent
en boucle des images insoutenables de
corps de femmes et enfants ensanglantés,
mutilés et certains totalement
carbonisés, corps inidentifiables mais
néanmoins dûment estampillés victimes
des soldats ou des chabihas.
Assez
logiquement, le ministre syrien s’en est
aussi violemment pris à l’Arabie
Séoudite et au Qatar, possesseurs des
télévisions pré-citées, et en pointe
dans les attaques contre la Syrie, à la
Ligue arabe comme à l’ONU : «
Les pays
qui soutiennent les gangs terroristes
armés comme le Qatar et l’Arabie
Séoudite sont complices du terrorisme
qui vise le peuple syrien (…) et
assument la responsabilité de l’effusion
de sang« , a dit Adnane Mahmoud qui
a accusé ces deux pays de financer «
ces gangs
» et de leur fournir des armes.
On sait que les femmes
et les enfants massacrés et exhibés
ensuite par des opposants sont devenus
une arme de propagande. On verra si
cette arme ne se retourne pas contre
ceux qui l’ont brandie.
Publié le 14 mars
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
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