Opinion
Les espions de l'or noir
Gilles Munier
Gilles
Munier
Samedi 19 novembre
2011
La seconde édition des Espions de
l’or noir * aux Editions
Encre d’Orient comprend une
enquête sur « les manipulations
secrètes occidentales dans les Printemps
arabes ».
Aujourd’hui, écrit l’auteur, « La
politique de la canonnière, abolie en
1907, a été remplacée par celle du
porte-avion, les espions classiques par
des journalistes complaisants et des
militants d’organisations humanitaires
pervertis. Le temps est aux mercenaires
des sociétés militaires ou d’espionnage
privées. Internet, Facebook, Twitter,
You Tube, et l’indispensable téléphone
satellite Thuraya, sont les nouveaux
outils de déstabilisation nécessaire à
l’organisation de révolutions dites
démocratiques. Le monde n’a pas changé.
Pour les grandes et moyennes puissances,
l’exploitation éhontée des pays du
tiers-monde est toujours la règle,
notamment lorsque des champs pétroliers
et des positions géo-stratégiques sont
en jeu ».
Critique des Espions de l’or noir
par Paul Balta, écrivain et journaliste,
spécialiste du monde arabe
(Confluences Méditerranéenne – 2011) :
Journaliste indépendant, Gilles Munier
est un bon spécialiste du Proche-
Orient. Il a, entre autres, suivi sur
place le conflit Irak-Iran (1980-1988)
et les deux guerres du Golfe :
l’invasion du Koweït par Saddam Hussein
en 1990, puis sa libération par une
coalition dirigée par les Etats-Unis en
1991. L’embargo international qui a
ensuite frappé l’Irak a ruiné le pays et
fait 500 000 morts. À partir de ce
terrible constat, il explique pourquoi
et comment le principal enjeu de ces
affrontements a été l’or noir.
D’entrée de jeu, l’auteur donne la liste
et l’identité de 51 personnages liées à
la question pétrolière et qui ont joué
un rôle important, mais qui sont moins
connus que Guillaume II, Hitler, Winston
Churchill, Franklin Roosevelt, Lawrence
d’Arabie, des monarques britanniques et
saoudiens et d’autres personnalités. Il
y a aussi les irréguliers du groupe
Stern et du Shay, ancêtres du Mossad et
de la CIA. Il rappelle que depuis la
découverte des champs pétrolifères de
Bakou, au XIXe siècle, puis de Perse et
de Mésopotamie, au début du XXe, les
luttes d’influence entre grandes
puissances pour s’en emparer n’ont
jamais cessé. Il explique aussi comment,
depuis Napoléon Ier, des lignées
d’agents secrets ont contribué au
démantèlement de l’empire ottoman afin
d’assurer aux Occidentaux la suprématie
sur les principales ressources
pétrolifères du monde. Ces dernières ont
été à l’arrière-plan des deux guerres
mondiales et de nombreux conflits
régionaux jusqu’aux plus récents en
Géorgie et en Irak.
D’une impressionnante culture, Gilles
Munier remonte dans le temps et nous
rappelle que c’est en entrant en
Mésopotamie au IVè siècle av. J-C.
qu’Alexandre le Grand, fut le premier
occidental à entendre parler du pétrole
et de son utilisation. La saga se
déroule jusqu’à nos jours au cours de
dix-sept chapitres.
Citons quelques titres de quelques-uns
parmi eux pour illustrer ce cheminement
et éveiller votre curiosité. II –
Les espions de Napoléon, précurseurs du
Grand jeu. III – William Cohen-Palgrave,
l’espion jésuite qui voulait évangéliser
les Wahhabites. VII – Allemagne : la
marche vers l’Orient pétrolier. X –
Thomas Edward Laurence, l’espion trop
médiatisé. XI – Gertrude Bell,
l’espionne au coeur brisé. XV –
Pétrole : la France à la remorque des
Anglo-saxons. Une des trois cartes
montre le célèbre tracé du chemin de fer
Berlin-Bagdad puis, tout au long de
l’ouvrage, nous découvrons les portraits
des espions, espionnes et autres acteurs
cités.
* 231 pages, avec cartes et index – 21
euros
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 19 novembre 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
Le sommaire de Gilles Munier
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|