Maroc
« Danielgate » au Maroc :
le roi désacralisé, la fonction royale
ébranlée
Gilles Munier
Gilles
Munier
Jeudi 8 août 2013
On en sait maintenant un peu plus sur
« Daniel Galvan Fina »,
l’espion-pédophile dont la grâce
accordée par Mohamed VI a ébranlé
l’institution royale. Arrêté dans un
hôtel de Murcie et mis à la disposition
de l’Audiencia
Nacional -
un haut tribunal siégeant à Madrid
réservé à certains crimes graves, et à
des affaires d’importance nationale ou
internationale – il a avoué au juge
qui l’interrogeait qu’il était bien
d’origine irakienne et qu’il se
prénommait Salaheddine. Il a confirmé
être né à Bassora et qu’il a fait
d’abord carrière dans l’armée irakienne
jusqu’à devenir officier.
Pour des raisons non encore révélées, il
aurait quitté l’Irak en 1996 et se
serait installé à Murcie où sa
connaissance des langues – notamment de
l’arabe - lui a permis de devenir
professeur, à titre temporaire puis
permanent, à l’université de la ville.
Il s’y serait marié, obtenant de ce fait
la nationalité espagnole. Divorcé, il
aurait vécu en Egypte, Syrie, Jordanie
et en Grande-Bretagne.
En 2002, Salahedddine, alias Daniel
Galvan, serait retourné en Irak où il y
aurait été arrêté et incarcéré à la
prison d’Abou Ghraïb. Libéré quand les
Américains ont pris Bagdad, il a
quitté le pays pour, selon ses
aveux au juge,
«
effectuer un travail dangereux et
secret».
« Daniel Galvan »ayant été traité
pour schizophrénie –
selon le quotidien El Pais - ces
informations sont à mettre au
conditionnel. Son exfiltration d’Irak et
son installation au Maroc sous une
fausse identité, prouvent en tout cas
que les Etats-Unis, ou l’Espagne,
étaient satisfaits de ses services.
Le
« Danielgate » - c’est ainsi qu’on
appelle ce scandale au Maroc - a fait ce
que l’opposition n’a jamais osé :
demander des comptes à Mohamed VI. Au
Maroc, ce n’est pas rien, le roi y est
considérécomme infaillible car
–
descendant de l’iman Ali – il porte
de titre de Commandeur des croyants.
Tout le monde se demande pourquoi les 48
prisonniers de droit commun ont été
graciés, alors que l’Espagne avait
présenté deux listes et que
« Daniel Galvan » était sur celle de
détenus devant finir leur peine dans une
prison espagnole.
Les Marocains sont humiliés. Leur pays
est devenu une destination de tourisme
sexuel. Dernièrement des médias
des pays du Golfe présentaient les
Marocaines comme des prostituées.
L’affaire
« Galvan » est la goutte d’eau qui a
fait déborder le vase où l’indignation
des Marocains était contenue, car ce
n’est pas la première fois que des
étrangers impliqués dans des affaires de
pédophilie et de prostitution sous
toutes ses formes, sont graciés par leur
souverain.
Pour la journaliste marocaine Hanane
Harrath, les manifestations de colère
provoquées par la grâce accordée par
Mohamed VI à
« Daniel Galvan Fina », ont
« désacralisé la fonction royale ».
Jusque-là, écrit’elle,
« Il était ordonné de tout accepter même
l’innommable, le viol de nos enfants, au
nom d’une soumission aveugle au pouvoir
qui nous dirige »
(1). C’est une des raisons pour
lesquelles les manifestations ont été
réprimées avec autant de férocité. Mardi
6 août, dernier jour du Ramadan, 2000
Marocains bravant les autorités sont
quand même descendus dans les rues de
Casablanca pour protester contre la
décision de leur souverain.
L’opinion publique marocaine réclame
maintenant la réincarcération de
« Daniel Galvan » à Kenitra. C’est
possible si l’Espagne accepte de faire
une entorse à la Convention qu’elle a
signée en 1997 avec Rabat qui prévoit
que les deux pays ne peuvent extrader
leurs ressortissants l’un vers l’autre.
(1) Yabiladi.com -3/8/13
http://www.yabiladi.com/articles/details/18827/danielgate-marocains-n-ont-plus-peur.html
Nota : Pour suivre le
développement du
« Danielgate », lire le quotidien
marocain en ligne
Lokome :
http://fr.lakome.com/
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 8 août 2013 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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