Opinion
Etats-Unis
cherchent nouveau Saddam désespérément !
Gilles
Munier
Gilles
Munier
Jeudi 3 mai
2012
(Afrique Asie –
mai 2012)
Dans la perspective
d’une guerre contre l’Iran, les
Etats-Unis cherchent de nouveaux alliés
en Irak. De leur côté, les Iraniens
resserrent leur emprise sur le régime de
Bagdad. Fort du soutien des mollahs,
Nouri al-Maliki monopolise le pouvoir et
« fait le ménage ». Premier
ministre, ministre de la Défense,
ministre de l'Intérieur, chef des
renseignements et commandant en chef des
forces armées – fonctions que n’a
jamais eu à la fois Saddam Hussein –
il a d’abord lancé un mandat d’amener
contre Tarek al-Hachemi, vice-Président
de la République, l’accusant d’être à la
tête d’ «un gang de tueurs ». Son
crime est d’être l’ancien chef du Parti
islamique, issu des Frères Musulmans en
vogue en Occident depuis les «
Printemps arabes ».
Maintenant, Maliki
s’en prend à Massoud Barzani, président
de la Région autonome du Kurdistan, dont
les partisans pourraient embraser
plusieurs villes dont Bagdad, en cas de
conflit généralisé ou de sécession du
Kurdistan. Le Cheikh Abbas al-Muhammadawi,
chef des Braves fils d’Irak,
milice pro-iranienne proche des
Brigades Badr, a donné une semaine
aux Kurdes pour quitter les villes
arabes, «sinon ils seront tués ».
Barzani qui sent venir le danger a
demandé le 4 avril, à Washington, à
Barack Obama et à Joe Biden de retarder
la livraison de 18 avions de chasse F16s
à Bagdad. Il craint qu’ils servent à
bombarder Erbil.
Le 13 avril
dernier, l’arrestation pour corruption
de Faraj al-Haidari, chef de la Haute
commission électorale indépendante
(IHEC), a accentué la crise. Lors
des élections législatives de mars 2010,
ce Kurde fayli – c'est-à-dire chiite
– avait refusé un nouveau décompte des
voix demandé par Maliki… Devant l’émoi
suscité par son arrestation et le
communiqué de Massoud Barzani accusant
le Premier ministre de «tuer le
processus démocratique », il
a été libéré sous caution.
Vers des alliances
contre nature ?
Une guerre avec
l’Iran mettrait à bas le système
confessionnel instauré par Paul Bremer
après l’agression. Lésées, les forces
politiques sunnites se repositionnent,
espérant tirer profit d’une
redistribution des cartes. La résistance
armée anti-américaine se retrouve assise
entre deux chaises. Izzat Ibrahim al-Douri,
chef du parti Baas clandestin – que
l’on disait mort depuis longtemps -
a posté sur des sites Internet irakiens,
le 8 avril dernier, une vidéo invitant
les organisations combattantes à s’unir.
Aujourd’hui, toutes sont conscientes de
l’inanité de leur stratégie, mais aucun
chef ne veut céder sa place à un autre.
Al-Douri a appelé au djihad contre le
régime de Maliki, « perse safawide,
ennemi de l’arabité », et a salué
« son frère », Abdallah d'Arabie
saoudite ! De leur côté, le Groupe
islamique en Irak, coalition de 17
organisations, l’Armée islamique en
Irak, les Brigades du Djihad
Mourabitoun, la Bannière du Droit
et du Djihad, se sont engagés à
combattre l’Iran avec la même ardeur
qu’ils ont combattu les Etats-Unis. L’Etat
islamique en Irak, qui comprend
Al-Qaïda au pays des deux fleuves, a
revendiqué 195 attaques contre l’ «
armée safawide et la police », entre
le 28 décembre 2011 et le 24 février
2012. Certains dirigeants de la
résistance se verraient bien entrer
victorieusement dans Bagdad avec l’aide
de leur pire ennemi. Mirage… Comme l’a
dit Henry Kissinger au Congrès américain
en 1975, après avoir laissé Saddam
Hussein écraser la rébellion kurde: «
Il ne faut pas confondre opération
secrète et oeuvre humanitaire
» !
© G. Munier/X.
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Publié le 3 mai 2012 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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