Opinion
L'affaire Petraeus
: Sexe, arrivisme et espionnage
Gilles Munier
Gilles
Munier
Dimanche 2 décembre
2012
(Afrique Asie – Décembre 2012)
Le scandale qui
secoue le monde des hauts gradés
américains a des allures de
soap opera. Il réunit les
ingrédients qui font le succès des
séries télévisées : du sexe, des
arrivistes, des espions et espionnes,
des rebondissements. Les téléspectateurs
ont l’impression de pénétrer au coeur
des secrets d’Etat.
Résumons : le
général Petraeus, directeur de la CIA,
s’est amouraché de sa biographe, Paula
Broadwell, vingt ans plus jeune que lui
et officier de réserve dans les
renseignements militaires. Apparemment
jalouse, elle menace par courriels une
rivale potentielle, Jill Kelley, 37 ans,
d’origine maronite libanaise, sorte de
Mata Hari officiant près d’une base des
Forces spéciales à Tampa, en
Floride. Cette dernière, qui s’est faite
désigner, on ne sait comment… consul
honoraire de Corée du sud, demande à un
de ses
«
amis » du FBI, l'agent spécial
Frederick Humphries, connu pour ses
penchants conspirationnistes et
islamophobes, d’enquêter. II trouve
facilement l’origine des courriels, et
fracture la messagerie de Broadwell.
Craignant que la relation extra
conjugale de Petraeus ne porte atteinte
à la sécurité de l’Etat et soit étouffée
par Barack Obama, en campagne pour sa
réélection, Humphries alerte Eric
Cantor, chef des Républicains au Sénat,
pilier du lobby pro-israélien américain.
Problème : dans l’ordinateur de Kelley,
il y a des photos de lui… torse nu, et
surtout 20 000 à 30 000 pages d’échanges
«
inappropriés » entre sa protégée et
le général John Allen, chef des troupes
occidentales en Afghanistan, en passe
d’être nommé commandant suprême des
forces de l’OTAN. Du coup Humphries est
dessaisi de l’affaire et fait, lui
aussi, l’objet d’une enquête… La suite
au prochain épisode !
Certains
journalistes américains, se souvenant
d’une interview de Tsipi Livni, ancienne
agent du Mossad, chef du parti Kadima en
2009, déclarant au
Times, qu’elle n’est
«
pas contre le fait d’avoir des relations
sexuelles afin d'obtenir de
l'information qui profiterait à l'État
d'Israël », se demandent si le
service secret israélien n’est pas
impliqués dans cette affaire.
© G. Munier/X.
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Publié le 3 décembre avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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