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du droit
Syrie : Où en
est-on après la résolution ? Où va-t-on
?
Gilles Devers
Samedi 28 septembre 2013
Rappelez-vous dans les temps anciens –
il y a quinze jours – les géniales
litanies dont on nous gavait : la Russie
seule contre tous, la vilaine Russie qui
soutenait le méchant dictateur El-Assad,
en s’opposant à la punition méritée pour
franchissement de ligne rouge. Or, hier
soir c’était la grande détente à l’ONU :
un accord est trouvé, le méchant
dictateur approuve et tout le monde est
content,... sauf l’opposition syrienne…
Mais qui, de ces soutiens affichés,
s'est un jour intéressé à la démocratie
en Syrie ?
Seul contre tous ?
Le plus simple…
Quand Le
Monde (Occidental) dit
la Russie seule « contre tous », il faut
comprendre « contre les Etats-Unis », sa
filiale israélienne, et ses laquais
d’infortune, la Grande-Bretagne et,
désormais, la France. Ce qui veut dire
qu’en dix jours, la Russie n’a pas
retourné la planète entière, mais elle a
seulement fait lâcher les Etats-Unis, en
veillant à leur trouver une issue
honorable.
Connaîtra-t-on
un jour la vérité ?
C’est le plus compliqué. Il y a eu usage
d’armes chimiques dans la banlieue de
Damas, et dans d’autres endroits de la
Syrie, mais par qui, pourquoi et
comment ? Dans que but ? On entend
toutes les versions, toutes, et il
faudra beaucoup de temps avant de
s’approcher de la vérité. A ce jour, on
ne sait toujours pas le nombre des
victimes, alors… Il serait très
important de connaitre l’identité des
victimes, morts et blessés.
Vous n’appréciez pas El-Assad, soit,
mais attention : le régime a tenu, et il
dispose d’un extraordinaire réseau de
renseignement sur ce qui se passe dans
le pays. Dites-vous bien que nous
n’avons pas le dixième des informations
dont lui dispose. C’est lui qui a les
cartes en main, et qui connait le
dessous des cartes.
La résolution du Conseil de sécurité
Les Russes et les Etats-Uniens ont
discuté en direct à Genève, et l’accord
sur la destruction de l'arsenal chimique
syrien a été conclu hier au siège de
l’ONU. La résolution fera l’objet d’une
adoption formelle aujourd’hui par le
Conseil de sécurité.
Pour analyser cette résolution, on peut
partir des déclarations de Fabius. Ce
pauvre Fabius marginalisé et ridiculisé,
en a remis une couche en se félicitant
de cette victoire de la diplomatie
française (?), la résolution reprenant
d’après lui les trois exigences
formulées par la France :
« D'une part, préciser que toute
utilisation des armes chimiques est une
atteinte à la sécurité internationale,
ce qui autorise du même coup les Nations
unies à se saisir de cette question.
D'autre part, rendre responsables ceux
qui ont commis ces actes devant la
justice. Troisièmement, elle fait
référence au fameux chapitre VII,
c'est-à-dire que si le régime syrien
n'accepte pas de respecter cette
résolution, il appartient au Conseil de
sécurité de prendre les sanctions
nécessaires sous chapitre VII », qui
autorise un recours à la force en cas de
non-respect des engagements par le
régime syrien.
Quel pitre ! Lui qui voulait la mort de
El-Assad, qui a excité sans aucune base
la Coalition Nationale syrienne, faisant
miroiter des ambassadeurs et des
livraisons d’armes, lui qui a été planté
par Obama et exclu des négociations, il
trouve encore le moyen de la ramener, et
– depuis les Nations-Unies – il continue
à mentir comme un malade.
Alors, on en est où ?
1/ Il est fait état de juger les
auteurs… C’est la moindre des choses, si
les preuves des crimes et de l’identité
des criminels est établie. La France
voulait que le Conseil de sécurité
saisisse la CPI, et c’est un râteau. Il
est fait mention de la justice, sans
autre modalités… SI on transfert le
dossier à la CPI, la Cour devient
compétente pour tous les faits,
reprochés aux deux camps et à leur
alliés, depuis deux ans. T’as pigé,
Fabius, ou il faut te faire un dessin ?
2/ La résolution n’est pas placée sous
l’angle du chapitre VII, et en cas de
manquements, il faudrait reprendre une
autre résolution dépendant du chapitre
VII pour envisager une action militaire.
C’est bien mal barré, car ce n’est pas
demain la guerre que les Russes et
Chinois lèveront leur véto. Surtout,
Fabius défendait la ligne d’une
intervention sans mandat de l’ONU pour
cause de « ligne rouge franchie », alors
que la résolution l’impose expressément,
rappelant le droit applicable.
3/ Le vrai drame de la Syrie c’est une
guerre terrifiante, qui a brisé un pays
: 120 000 morts, des centaines de
milliers de blessés, plusieurs millions
de personnes déplacés et de réfugiés,
des destructions en masse... La
Coalition nationale syrienne (CNS) est
dans l’impasse et vit cette résolution
qui ne parle pas du conflit comme un
désaveu. Difficile de lui donner tort,
mais elle ne peut s'en prendre qu'à elle
même d'avoir cru à des promesses de
bonimenteurs... En Syrie, l’Armée
syrienne libre, elle aussi écœurée par
le retournement des Etats-Unis et de la
France, connait des scissions, avec des
bataillons entiers qui vont rejoindre la
constellation des groupes djihadistes.
Un atout important pour El-Assad.
Quelle sortie du conflit ?
Fin 2012, El-Assad avait accepté de
participer à une conférence de paix à
Genève, mais le projet avait été différé
car les génies diplomatiques avaient
finement analysé qu'il fallait d’abord
l'affaiblir militairement et
politiquement, pour se trouver dans un
rapport de forces plus favorable. Un an
plus tard, cette conférence va pouvoir
s’ouvrir, avec un rapport de forces
devenu très favorable à El-Assad :
- les troupes rebelles se divisent et la
part grandissante des groupes
djihadistes – la moitié des combattants
– interdit toute aide occidentale armée
;
- les zones aux mains de la rébellion
sont le théâtre d’exactions et la
population, placée dans la plus grande
précarité, n’en peut plus ;
- Obama in extremis a ravalé
ses discours guerriers car il a compris
que la population ne le soutenait pas,
et c’est un cap définitif ;
- La Grande-Bretagne a spectaculairement
rompu son suivisme de la politique US,
et c’est fait pour longtemps ;
- La France a bondi pour jouer à l’ami
fidèle, mais elle a abdiqué de ses choix
diplomatiques pour s’en remettre au vote
du Congrès US, avant d’être éliminée des
discussions ;
- Les deux grands alliés de la Syrie, la
Russie et l’Iran, sont devenus les
acteurs maîtres de la diplomatie, et
tout ce petit monde va bientôt vouloir
leur manger dans la main.
Alors, que donnera la conférence de
Genève ? On verra, mais elle ne pouvait
mieux se présenter pour El-Assad.
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