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actualités du droit
Les Françaises du
4 x 100 disqualifiées :
La réglementation bidon de l'athlétisme
Gilles Devers
Lundi 19 août 2013
Aux championnats du monde de Moscou, les
Françaises du 4 x 100 se sont fait voler
la médaille d’argent. Le règlement de la
fédération internationale est aberrant,
mais les athlètes et les fédérations
l’acceptent...
On a tous vu la même chose : l’équipe
française du relais 4 x 100 m finit
deuxième, aucune contestation n’est
enregistrée, le résultat est validé, le
podium formé et les athlètes reçoivent
leur médaille. Elles sont au comble de
la joie, et la fête peut commencer.
Mais deux heures plus tard, le résultat
est annulé, et les Françaises doivent
rendre la médaille.
Motif : le passage du témoin. Il doit
être passé d’une coureuse à l’autre dans
une zone bien délimitée, et au moment où
est franchie la limite de cette zone, le
relais ne peut plus être qu’en une seule
main. Or, il y a eu
deux mains sur le témoin hors de la zone
sur le deuxième passage, entre Ayodelé
Ikuesan et Myriam Soumaré. C’est
vérifié.
http://www.francetvinfo.fr/sports/athletisme/mondiaux-d-a...
Alors pourquoi je râle ? Eh bien tout
simplement parce que la course avait été
examinée et validée, et que dans un
monde logique, un résultat proclamé est
acquis.
Autour de la piste, il y a une kyrielle
d’arbitres, qui surveillent les passages
de relais et signalent les fautes en
levant un drapeau. Ils peuvent aussi dès
la fin de la course former une réserve,
et on vérifie les vidéos. Toutes les
équipes peuvent former des recours. Là,
c’est un arbitre russe qui s’est
réveillé quand tout était fini,... qui a
imposé l’annulation du résultat
proclamé !
Les psychorigides de la réglementation
vont me dire « un texte est un texte »,
et formellement, l’annulation respecte
le texte. Ce à quoi je réponds deux
choses.
D’abord, un organisme doit défendre les
décisions qu’il rend. Sinon, c’est le
bazar de chez mémé. Quand après respect
de la procédure, on prend une décision
et qu’on proclame un résultat, cette
décision est définitive. Il y a une
exception, c’est le cas de fraude, genre
les dopés du Tour de France (qu’on
débusque soudain dix ans plus tard,
quelle franchise... ah ah ah...).
La fédération française a fait un
recours mi-chèvre mi-choux en expliquant
que c’était dur pour les athlètes… Mais
le problème n’est pas moral, il est
juridique. Il fallait plaider l’autorité
de la chose décidée (Excellente jurisprudence française,
parfaitement exportable : Conseil d'Etat,
8 novembre 2004, n°
252236, validée
par la CEDH sous la notion de sécurité
juridique : CEDH, 21 juillet 2011, n°
16574/08, Fabris c. France).
Ensuite, l’application littérale du
texte est contraire à toute logique
sportive, où l’on joue pour vaincre. La
course n’intéresse que parce qu’il y a
la victoire, ce sont les deux faces de
la même pièce. Aussi, en tuant le
résultat, on tue la course. Non, mais
imaginez la fin d’un match de foot, la
victoire, la coupe… et deux heures plus
tard, l’arbitre rentre à la maison,
regarde la vidéo, voit que le but était
hors-jeu, et donne un coup de fil pour
inverser le résultat.
Alors, Céline Distel-Bonnet, Ayodelé Ikuesan,
Myriam Soumaré et Stella Akakpo
(Attention, elle va vite et elle ira
loin !) vont devoir reprendre cent
fois leur technique de passage de
relais. Mais qu’elles prennent aussi
cinq minutes pour faire rectifier ce
règlement de malades.
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