Corse
Corse : « Chi fà,
chi ci si po fà ? »
Ghjacumu Petru
Vendredi 9 novembre
2012 Les Corses devront s’y
résoudre : ils ne sont pas la
préoccupation majeure de l’État, bien
moins encore celle de l’opinion publique
« continentale » ! Tout au plus
peuvent-ils éprouver le sentiment diffus
de servir de bouc émissaire, autrement
dit celui qui doit payer parce qu’il est
l’image même de la perte de la vertu
républicaine. Tous les Corses, sans
exception, découvrent que cette identité
qu’ils vivaient depuis Emmanuel Arène
comme une double appartenance, à la fois
confortable et folklorisée n’était au
mieux qu’une illusion, au pire une
imposture…
Tout
comme les Juifs français de 1942, les
Corses savent désormais qu’ils doivent
disparaître en tant que tels pour sauver
une identité nationale qui n’a jamais
existé ailleurs que dans les
élucubrations de l’école des Annales. La
nostalgie maurrassienne infecte plus que
jamais les structures politiques
françaises alors que la France n’est
plus un des piliers de la construction
européenne mais plutôt son « homme
malade ». Le nationalisme français est
attisé par les tribuns démagogiques qui
prolifèrent dans les périodes de crise,
mais plus encore par des gouvernements
impuissants qui y cherchent le moyen de
pallier leurs mortelles insuffisances .
Ainsi que l’avait annoncé Antoine
Sanguinetti, les Etats-Unis se tournent
désormais vers le monde Pacifique. A
l’Europe de se construire et de jouer
son rôle dans son environnement
international.Reste à convaincre les «
grands » états souverains à consentir
cette dévolution de souveraineté,
question fondamentalement politique qui
dépasse la simple exigence budgétaire.
L’État le plus hermétique à cette
évolution est bien la France : ni
dévolution dite « ascendante » vers les
instances européennes, ni dévolution «
descendante » vers les territoires
extérieurs ! Voilà presque un quart de
siècle que 73% des Français ont voté en
faveur d’un processus
d’auto-détermination en Kanaky : depuis
1988 les Kanaks attendent en vain un
référendum alors qu’ils subissent une
colonisation de peuplement systématique
afin d’influer sur un vote qui se fera
le plus tard possible. Inutile de gloser
dès lors sur une hypothétique
modification institutionnelle concernant
un hypothétique accès à l’autonomie de
la Corse. Au contraire, le désordre
engendré par le traitement désastreux du
problème corse est aujourd’hui une
nouvelle occasion d’une opération de
manipulation de l’opinion. A travers une
campagne de presse à laquelle se prêtent
ignominieusement les médias français,
des clowns bien pensant désignent
publiquement les coupables
nationalistes, pendant que se constitue
une féodalité fondée sur le crime et la
liquidation du foncier. Il n’est
question ni de développement, ni de
réforme,il est seulement question d’en
finir, quelles qu’en soient les
conséquences !
Que dit le clan pendant ce
temps ? Comme d’habitude le
clan dit tout et son contraire…La langue
maternelle du clan, c’est le double
langage, celui que l’on tient à Paris et
celui que l’on tient en Corse. Mais le
clan, c’est vous et moi, c’est la
société corse « en mosaïque » comme l’a
justement observé Gérard Lenclud. Mettre
l’intérêt de la Corse au-dessus du
maquis des liens familiaux et personnels
exige de changer la pensée politique
corse et de cesser de s’interroger sur
ce que veut Paris alors que les Corses
n’ont pas encore dit ce qu’ils voulaient
! A 70%, paraît-il, ils aimeraient
parler de développement économique. Mais
ils savent aussi, que tant que l’on
permettra à un mirrachjolu de négocier
sa poignée d’électeurs pour s’aménager
un séjour à vie sous les ors du palais
de Marie de Médicis, on plombera tout
autant la vie politique que le
développement économique. La Corse n’est
ni à gauche ni à droite, elle est
seulement une société figée dans le
malheur du sous développement , de la
surreprésentation élective et de la non
gouvernance. Certains élus corses ont
compris dans quel abîme de
contradictions , d’enchevêtrement
d’intérêts et d’empilement de
structures, se trouve le monde de la
politique dans la Corse contemporaine…Et
que défendre à la fois les intérêts du
Peuple Corse et ceux de l’État pouvait
se révéler contradictoire, surtout quand
le même élu assume les deux charges . Il
serait sain de l’admettre enfin. L’
aggiornamento de notre fonctionnement
politique constitue la clé indispensable
de notre avenir euro-méditerranéen
Ghjacumu Petru pour
Corsica Infurmazione
Le
dossier Corse
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