Syrie
Assad en 2012
comme Nasser en 1956
Ghaleb Kandil
Bachar al Assad
Lundi 30 juillet
2012
Même pour ceux qui refusent de le
reconnaitre, la crise syrienne a pris la
dimension d’une lutte entre la Syrie, en
tant que nation, Etat, peuple et armée,
d’un côté, et l’alliance impérialiste et
coloniale, conduite par les Etats-Unis,
de l’autre. L’enjeu est donc
l’indépendance de la Syrie, sa
souveraineté, l’intégrité de son
territoire et la dignité de son peuple,
qui se défend face aux projets
hégémoniques qui servent, en fin de
compte, les intérêts d’Israël. Il est
normal, dans un tel contexte, que
l’écrasante majorité de la population
soit attachée à son indépendance et opte
pour la résistance afin de protéger son
Etat. Les oppositions de l’intérieur et
de l’extérieur ont refusé le dialogue et
oublié les réformes, qui ne font plus
partie de leurs slogans ou
revendications. Alors que l’Etat, lui,
conscient de ses responsabilités dans la
sauvegarde de l’indépendance et de
l’intégrité du pays, réaffirme jusqu’au
bout son attachement au dialogue et
propose un programme de réformes avec un
calendrier.
La cause syrienne aujourd’hui est celle
de la liberté et de l’indépendance d’une
nation, face à une guerre sans merci
dirigée par les Etats-Unis à partir du
territoire turc, et financée par les
pétromonarchies du Golfe, qui se
trouvent à l’opposé de la démocratie. Et
pour alimenter cette guerre, cette
alliance coloniale n’hésite pas à
mobiliser des jihadistes (un euphémisme
pour dire terroristes) du monde entier,
de l’aveu même de l’Agence France
presse, qu’on ne peut pas accuser de
complaisance ou de sympathie pour le
pouvoir syrien. Des centaines d’entre
eux ont d’ailleurs été tués lors de
l’épuration de Damas, dans le quartier
de Midane, où les combattants étaient
dans leur grande majorité des étrangers.
Les autres ont été acheminés de la
campagne de Damas et de Homs. C’est le
même schéma qui se reproduit à Alep, la
deuxième ville du pays, dans le Nord.
L’opinion publique syrienne connait bien
ces réalités. Selon des études fiables,
dans le pire des cas, la population
syrienne peut être divisée en trois
blocs inégaux: près de 50% appuient
l’Etat et son armée et gardent confiance
dans les capacités du président Bachar
al-Assad à mener les réformes; 35% sont
des partisans des réformes mais sont
très critiques à l’égard du pouvoir
actuel, notamment la corruption. Ils
sont franchement hostiles à toute
intervention étrangère et restent
attachés à l’indépendance et à l’unité
du pays. Le reste, soit 15%, soutiennent
les différentes factions de
l’opposition, dont les Frères musulmans.
Un mouvement qui est arrivé au pouvoir
en Egypte et ailleurs et qui a affiché
d’emblée sa volonté de «travailler» avec
les Etats-Unis. La dernière déception,
pour ceux qui croyaient en lui, est
venue du refus du président égyptien
Mohammad Morsi de lever le blocus imposé
à la Bande de Gaza, après avoir reçu le
Premier ministre limogé du Hamas (la
Branche palestinienne des Frères
musulmans), Ismail Haniyya. Le prétexte
avancé par Morsi est que Le Caire est
lié par des engagements internationaux
de nature sécuritaire.
L’Etat syrien jouit donc du soutien des
deux tiers de la population. C’est cela,
et uniquement cela, qui explique les
raisons pour lesquelles le régime
résiste depuis 17 mois à une véritable
guerre mondiale menée contre lui. Pour
tous ces facteurs, il ne fait aucun
doute que quelques milliers de
miliciens, financés par le Golfe,
entrainés par la Turquie et organisés
par la CIA, n’ont aucune chance de tenir
face à l’armée nationale syrienne dans
la ville d’Alep. Les équations internes
et externes donnent la victoire à
l’Etat, qui parviendra à écraser les
hordes jihadistes internationales et à
nettoyer les repères des insurgés.
La bataille sera rude, difficile,
peut-être longue, au vu des moyens
colossaux déployés par les Etats-Unis et
leurs auxiliaires régionaux et
internationaux. Mais en plus de la
solidité de son armée et de ses
institutions, la Syrie peut compter sur
la fermeté de Moscou et de Pékin, qui
n’accorderont aucune légitimité à une
quelconque action étrangère. Mais
surtout, la Syrie dispose d’une
supériorité morale dans son combat. La
bataille que livre Bachar al-Assad en
2012 ressemble en plusieurs points à
celle menée et gagnée par Gamal Abdel
Nasser, en 1956, contre les puissances
coloniales déclinantes de l’époque, la
France et la Grande-Bretagne.
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