Opinion
Les plans
américano-turcs:
Des mirages et des illusions
Ghaleb Kandil
Reconquête
des quartiers d’Alep par l’armée
syrienne
Lundi 27 août 2012
Les Etats-Unis et la Turquie ont
intensifié leurs ingérences directes en
Syrie à travers le renforcement du
nombre, du matériel et des prérogatives
des chambres d’opérations militaires.
Les déclarations des derniers jours
laissent penser qu’une nouvelle étape de
l’agression contre la Syrie est en voie
de préparation.
Les concertations intensives, menées par
Washington et Ankara, interviennent
après les cuisantes défaites infligées
par l’Armée arabe syrienne aux groupes
terroristes à Alep et dans d’autres
régions troubles du pays, où s’activent
les escadrons de la mort, les agents de
l’Otan et les mercenaires financés par
les pétromonarchies obscurantistes du
Golfe. Les discussions entre les parties
turques et américaines à Ankara ont
porté sur le renforcement des opérations
de contrebande d’armes et d’argent, et
sur les moyens d’améliorer les liaisons
et les communications cryptées entre les
chambres d’opérations militaires
installées en Turquie et les groupes
terroristes en Syrie. L’objectif est de
mieux structurer, guider et déplacer les
groupes armes, sur la base des
informations recueillies par les images
des satellites ou collectées par les
espions sur le terrain, sur les
mouvements des troupes syriennes, de
leur organigramme et de leurs méthodes
de combat, qui restent un mystère
impénétrable pour les Occidentaux et
leurs auxiliaires turcs et du Golfe,
surtout après les résultats des
batailles de Damas et d’Alep.
Le ton élevé des responsables américains
et turcs concernant les événements en
Syrie est en totale contradiction avec
les propos échangés dans les coulisses
et les salons diplomatiques. Citant de
hauts responsables sécuritaires à
Washington et Ankara, des visiteurs
arabes rapportent que le projet de
renverser le président Bachar el-Assad
et de négocier les conditions politiques
pour une transition, ainsi que les
tentatives de prolonger la guerre des
escadrons de la mort, se heurtent à des
murs solides aussi bien à l’intérieur de
la Syrie que sur le plan des positions
de la Russie et de la Chine.
Les réalités montrent que la force de
l’Armée arabe syrienne, sa solidité et
le soutien populaire dont elle
bénéficie, augmentent de jour en jour,
tandis que les exactions, les actes de
barbarie et les échecs successifs
essuyés par les bandes armées ne passent
plus inaperçus, même dans les medias
occidentaux. La population éprouve un
rejet de plus en plus marqué pour les
terroristes, dont une grande partie sont
des jihadistes extrémistes étrangers,
qui sèment la terreur dans les villes et
les villages syriens, et qui sont venus
détruire l’Etat syrien dans toutes ses
dimensions, pour ramener la Syrie cent
ans en arrière. Le sentiment
d’appartenance nationale s’est exacerbé
et un vaste élan pour la défense de la
patrie est visible, pour des
observateurs et des journalistes qui ne
peuvent pas être accusés de sympathie
pour le pouvoir syrien. La bataille
médiatique est pratiquement perdue pour
les bandes extrémistes à l’intérieur de
la Syrie, et un début de changement est
palpable auprès de l’opinion publique
internationale.
Face à ces réalités, les pays impliqués
dans la guerre contre la Syrie ont
procédé à une vaste opération mediatico-psychologique
pour tenter de remonter le moral des
groupes armés, décimés par les pertes
énormes subies face à l’armée syrienne.
La mediasphère a été inondée par des
nouvelles sur une offensive par-ci et
une offensive par-la, par l’occupation
de 80% d’Alep etc… Les autorités
syriennes ne prennent même plus la peine
de répondre à ces mensonges, d’autant
que les journalistes qui connaissent
bien le terrain, comme le Britannique
Robert Fisk (connu pour ses critiques
impitoyables contre le régime syrien),
qui était récemment à Alep, connaissent
la vérité. Ils écrivent dans leurs
reportages et leurs comptes-rendus que
sur tous les fronts, l’armée syrienne
est passée à l’offensive et que les
miliciens extrémistes ne parviennent pas
a résister à l’avancée irrésistible des
troupes régulières, qui frappent d’une
main de fer les QG, les lignes de
ravitaillement et les zones de
regroupements des mercenaires et des
jihadistes. Le soutien apporté par la
population à l’armée –et que ces
journalistes ne parviennent plus à
cacher- apparaît dans la coopération
entre les militaires et les civils, qui
ont surmonté le mur de la peur et
informent la troupe des repères et des
caches des terroristes. Sans parler que
de nombreux civils ont carrément rejoint
les rangs de l’armée pour combattre ce
qu’ils considèrent désormais comme une
invasion étrangère de leur pays.
Dans le même temps, les conséquences de
l’implication en Syrie du gouvernement
de «l’illusion ottomane» commencent à
apparaître à l’intérieur même de la
Turquie ces deux dernières semaines:
-Les propos confessionnels de Recep
Tayyeb Erdogan, qui multiplie les
déclarations sur la «guerre civile» en
Syrie, menacent la stabilité en Turquie
même, où des voix s’élèvent pour
dénoncer les dérives sectaires du
Premier ministre.
-Par ses maladresses, Erdogan a ouvert
la boite à Pandore des Kurdes. La
guérilla kurde, qui s’était presque
éteinte, reprend vigoureusement dans le
Sud-est de la Turquie.
-La Turquie, qui tirait profit des
accords économiques avec la Syrie, voit
sa porte vers l’hinterland arabe fermée
hermétiquement. Les pertes essuyées par
les commerçants et les industriels turcs
se chiffrent à des milliards de dollars.
Dans un tel contexte, les projets de
zone tampon ou de passages sécurisés en
Syrie se transforment en mirage, surtout
que la Syrie a clairement annoncé, par
la bouche de la conseillère
présidentielle en visite à Pékin,
qu’elle considérerait de tels
arrangements comme des actes de guerre
et qu’elle défendrait sa souveraineté
nationale avec toute la force dont elle
dispose. Les stratèges américains
craignent que de la mise en œuvre de
tels projets ne provoquent une grande
guerre régionale qui mettrait en danger
l’existence même d’Israël.
Le quotidien britannique
The Guardian a rapporte l’échec des concertations
américano-turques, qui ne sont pas
parvenues à une vision commune autour de
la zone tampon. Selon le journal, les
Américains auraient transmis une mise en
garde aux Turcs et auraient clairement
exprimé leur refus d’imposer par la
force, et en dehors du cadre des Nations
unies, des régions sécurisées en Syrie.
Impliqués jusqu’au cou dans la guerre
contre la Syrie, les Etats-Unis, la
Turquie et les pétromonarchies du Golfe,
voient leurs marges de manœuvres de plus
en plus réduites, surtout qu’ils ont
épuisé presque tout ce que leur
imagination est capable de produire pour
nuire à la Syrie.
Les dernières gesticulations de cette
coalition ne sont que les ultimes
tentatives pour sauver de l’effondrement
un complot qui a nécessité des efforts
colossaux et des investissements
considérables. Mais les indices du
fiasco inéluctables ne trompent pas,
même s’il faudra encore quelques mois
avant que les comploteurs n’admettent
ouvertement leur défaite.
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