Opinion
L'humeur populaire
change en Syrie
en faveur du retour à l'Etat
Ghaleb Kandil
Lundi 24 septembre
2012
Le vent des changements qui ont eu lieu
en Syrie ont atteint la structure des
comités de coordination formés au début
des événements en Syrie, et qui étaient
chargés d'organiser les manifestations.
Certains de ces comités ont soutenu
l'insurrection armée et ont constitué la
colonne vertébrale des groupes armés.
Des informations sûres indiquent que des
comités de coordination dans la plupart
des régions syriennes ont commencé à
prendre des positions appelant les
miliciens à déposer les armes. Certains
ont entamé un dialogue avec l'Etat pour
obtenir des garanties pour ceux qui
abandonnent l'action armée dans les
quartiers et les villages.
Un nombre non négligeable de groupes a
effectivement remis les armes et a
commencé à régulariser sa situation
grâce à la médiation des comités de
coordination dans la campagne de Damas,
Idleb, Hama, Homs et Alep. Ce
développement illustre un grand
changement dans l'humeur de la
population et signifie que le climat
d'escalade a amorcé une courbe
descendante, qui aura son impact sur la
suite de événements.
Pour comprendre ces changements, il faut
savoir que les citoyens syriens
ordinaires sont fatigués à cause des
bouleversements et perturbations qui
frappent le cycle économique et tous les
aspects de la vie quotidienne, et des
destructions des infrastructures par les
groupes armés. L'apparition de brigands
de grands chemins et de bandits qui
terrorisent, rançonnent, enlèvent,
violent et tuent, sous prétexte de
vouloir faire la révolution, a aggravé
la situation.
Les milieux populaires qui avaient
sympathisé avec les insurgés au début
des événements sont confrontés
aujourd'hui à cette dure réalité qui
menace de faire éclater le tissu social.
Victimes des exactions souvent
sanglantes des groupes armés, soumis à
des pressions économiques, sociales et
psychologiques, ils savent que leur
seule planche de salut reste l'Etat.
Désormais, ces milieux expriment leur
volonté de revenir dans le giron
protecteur de l'Etat, dernier rempart
contre le désordre total prêché par les
extrémistes armés, qui ne cachent plus
leur intention de détruire tout ce que
l'Etat a réalisé ces 50 dernières
années: routes, aéroports,
canalisations, chemins de fer, hôpitaux,
écoles, barrages, ponts...
En plus de ces milieux qui veulent
réintégrer l'Etat, il y a tous les
autres, ceux qui ne l'ont jamais quitté.
Ceux-ci sont aujourd'hui plus mobilisés
et plus déterminés que jamais à sauver
les institutions et les infrastructures
de la Syrie moderne des griffes des
extrémistes, qui ont juré de replonger
le pays dans le Moyen Age.
Ce bloc populaire solide assure un
soutien sans faille à l'armée syrienne
et au projet de réforme du président
Bachar al-Assad. Il constitue une
majorité confortable,
transcommunautaire, et comprend toutes
les composantes de la société syrienne
sans exceptions.
Cet éveil populaire montre que la
majorité du peuple syrien est conscient
de la nature de l'agression colonialiste
dont est victime la Syrie, de ses
objectifs réels et des moyens mis en
œuvre pour tenter d'y parvenir. C'est
cela -plus que la puissance de feu et le
professionnalisme l'armée syrienne- qui
explique la raison de l'échec des
sanctions économiques occidentales et
des agressions armées des insurgés. Bien
au contraire, les Syriens se vantent de
compter sur eux-mêmes en ces temps
difficiles, et les observateurs
soulignent comment plus de deux millions
de Syriens, contraints de quitter leurs
domiciles à cause de l'insécurité, ont
choisi de trouver provisoirement refuge
dans d'autres régions à l'intérieur du
pays, rejetant l'idée de devenir des
réfugiés dépendant pour se nourrir des
aides extérieures -souvent couplées à
des conditions politiques. A cet égard,
il faut souligner que le Croissant-Rouge
syrien déploie, en coopération avec le
CICR, un gros effort pour venir en aide
à ces gens, évidemment oubliés des
médias occidentaux.
Ces développements sont autant de
signaux sur la direction des événements
en Syrie, qui reste invisible à ceux qui
misent sur les avions de l'Occident et
l'argent des pétromonarchies. Mais pour
les vrais spécialistes, il s'agit
d'indices révélateurs qui ne trompent
pas.
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