Tendances
de l'Orient
Les otages
libanais en Syrie libérés:
décryptage d'un dénouement heureux
Ghaleb Kandil
Lundi 21 octobre 2013
Les neuf otages libanais enlevés par des
rebelles syriens à Alep, il y a 17 mois,
sont arrivés à Beyrouth samedi soir,
après avoir été remis au chef de la
Sûreté générale, Abbas Ibrahim. Un
accueil officiel et populaire leur a été
réservé à l'aéroport de Beyrouth et dans
les rues de la banlieue sud.
Les deux pilotes turcs, enlevés à
Beyrouth le 9 août dernier, ont
également été libérés, dans une
opération complexe d'échange, qui a vu
aussi la libération par la Syrie de
plusieurs dizaines de détenus, des
femmes en majorité.
Ce dénouement heureux ne doit pas nous
empêcher de procéder à une évaluation
rationnelle de cette affaire:
-L'enlèvement des otages libanais de
retour d'un pèlerinage en Iran avait
pour but de provoquer une discorde
sectaire au Liban et dans la région. Ce
plan a pu être évité grâce, en premier
lieu, à l'attitude responsable du leader
de la Résistance, sayyed Hassan
Nasrallah, qui a interdit, toute
réaction de vengeance. La base populaire
de la Résistance a réagi avec un sens
aigu de la responsabilité, tout en
faisant preuve de détermination dans son
mouvement réclamant la libération des
otages. Les familles des détenus
libanais ont fait preuve de patience
face aux discours provocateurs, appuyées
par des prises de positions patriotiques
exprimées par le mufti de la République
Mohammad Rachid Kabbani, cheikh Maher
Hammoud, imam de la mosquée al-Qods à
Saïda, l'ancien Premier ministre Salim
Hoss, le ministre Fayçal Karamé et
beaucoup d'autres. Le plan de discorde,
fomenté par l'Arabie saoudite, le Qatar,
la Turquie, et exécuté par les Frères
musulmans et les groupes takfiristes et
terroristes en Syrie, a été mis en
échec.
-Dès le début de cette affaire, l'Etat
libanais aurait dû exercer des pressions
sur les Etats soutenant les groupes
terroristes en Syrie, s'il avait
vraiment voulu libérer les otages. Mais
le pouvoir libanais n'a pas osé, même
verbalement, critiquer le trio
responsable de l'agression contre la
Syrie, l'Arabie saoudite, la Turquie et
le Qatar, et leur véritable maitre, les
Etats-Unis. Seul le directeur de la
Sûreté générale, Abbas Ibrahim, s'est
investi à fond dans ce dossier, malgré
les honteuses critiques dont il a fait
l'objet de la part des parties
libanaises impliquées dans la guerre
terroriste contre la Syrie.
-Le timing de la libération des otages
libanais est lié à l'échec de
l'agression contre la Syrie et à la
dislocation du front international et
régional constitué pour combattre ce
pays. Cette dislocation s'est accentuée
depuis que l'axe de la Résistance,
appuyé par l'allié russe, a réussi à
empêcher l'intervention militaire
américaine contre la Syrie. La Turquie a
été contrainte à obtempérer à cause des
répercussions de la crise syrienne sur
son sol et, malheureusement il faut le
reconnaitre, après l'enlèvement des deux
pilotes turcs sur la route de
l'aéroport, le 9 août dernier.
-Cette affaire a dévoilé l'esprit
mercantiliste de certains médias
libanais qui ont tenté de profiter de ce
drame, à travers des voyages de presse,
des reportages et des enquêtes, financés
par le Qatar et les milieux proches de
Saad Hariri. L'objectif étant
d'améliorer l'image des ravisseurs des
otages libanais et de ternir celle de la
Résistance.
-La libération n'aurait pas pu réussir
si la Syrie n'avait pas répondu
positivement, dès le début, aux
démarches de Abbas Ibrahim, ce qui
illustre une volonté syrienne de
préserver la stabilité du Liban. Et le
fait que l'interlocuteur syrien
d'Ibrahim soit le général Ali Mamlouk
prouve à quel point la Syrie s'élève au
dessus des mesquineries de certains
libanais.
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