Tendances au Moyen-Orient - La Syrie
Des mensonges, qui
ne changeront pas la dure réalité pour
l'Occident
Ghaleb
Kandil
Lavrov
examine avec Annan les perspectives de
la tenue d'une conférence
internationale pour résoudre la crise en
Syrie - Photo: Sana
Lundi 18 juin 2012
La Syrie n'est jamais apparue le centre
du monde autant qu'elle l'est
aujourd'hui. Tous les jours, des
centaines de reportages, de rapports, de
nouvelles, d'images truquées et de
fausses rumeurs, sont répandus par des
médias internationaux, véhiculant des
prises de positions et des déclarations
contradictoires de dirigeants
occidentaux. Devant ce flux de
mensonges, les responsables russes sont
contraints de publier des démentis,
alors que sur le terrain, les
développements apportent des réalités
opposées à celles qui sont rapportées.
L'empire américain tente d'éloigner
autant que possible le calice de la
défaite, car s'il reconnait l'échec de
son projet en Syrie, cela provoquera des
effondrements en série au sein de son
dispositif régional, avec les
conséquences désastreuses que cela aura
sur ses Etats-auxiliaires qui se sont
impliqués jusqu'aux oreilles dans le
complot ourdi contre l'Etat national
syrien.
Les Etats-Unis n'ont pas saisi l'offre
d'une reconnaissance indirecte de leur
échec, faite par les Russes, procédant à
une fuite en avant, en prolongeant
davantage les violences qui font des
centaines de morts et de blessés et
provoquent des destructions énormes dans
les infrastructures civils et les
bâtiments publics, sans gains politiques
significatifs en contrepartie. Cette
violence est l'œuvre d'alliés de
l'Amérique, comme les pays du Golfe et
la Turquie, ou d'outils, comme Al-Qaïda
ou des groupes du Courant du futur, au
Liban.
Le plus gros de ces mensonges véhiculés
ces derniers jours a été la tentative de
faire croire que des marchandages sont
en cours entre Moscou et Washington,
portant sur le sort du président Bachar
al-Assad. La mission de répandre ce
mensonge a été confiée au ministre
français des Affaires étrangères,
Laurent Fabius, qui a déclaré que des
négociations sont en cours avec la
Russie pour parler de l'après-Assad.
"Les Russes eux-mêmes ne sont pas
aujourd'hui attachés à la personne de
Bachar al-Assad, ils voient bien que
c'est un tyran et qu’eux-mêmes en
s'enchaînant à ce dictateur vont
s'affaiblir. Mais ils sont sensibles, si
Bachar est chassé du pouvoir, à qui va
prendre la place. La discussion porte
là-dessus", a dit le chef de la
diplomatie française. La riposte du
ministre russe des Affaires étrangères a
été presqu'immédiate: "La Russie ne
discute pas avec l'Occident sur des
changements politiques en Syrie qui
impliqueraient le départ du président
Bachar al-Assad. De telles discussions
n'ont pas eu lieu et ne peuvent avoir
lieu. Cela est en totale contradiction
avec notre position", a déclaré Serguei
Lavrov.
Un autre mensonge véhiculé ces derniers
jours par l'Occident, aidé en cela par
les Nations unies, porte sur l'état de
"guerre civile" qui prévaudrait en
Syrie. Une lecture détaillée de ce qui
se passe dans ce pays montre qu'il
s'agit d'une lutte entre un Etat
central, jouissant d'une légitimité
historique, politique et populaire,
contre des groupes extrémistes et
terroristes créés, financés, entrainés
et armés par l'étranger.
A ceux qui ne se contentent pas des
déclarations publiques des dirigeants
saoudiens et qataris favorables à
l'armement des insurgés syriens, les
grandes enquêtes et reportages des
médias occidentaux confirmant cette
réalité ne se comptent plus. Le dernier
en date est signé par l'agence
britannique Reuters, qui n'est pas
particulièrement connue pour sa
sympathie envers le pouvoir syrien. Le
reportage de l'agence indiquent que des
"combattants et des personnalités
opposantes au président Bachar al-Assad
ont indiqué que des milliers d’obus et
des centaines de fusils à haute
précision, ainsi que des roquettes
antichars, ont été introduits ces
dernières semaines en Syrie via les
frontières turque, libanaise et
irakienne. Ces sources affirment que la
plupart de ces armes ont été fournies
par des intermédiaires en Arabie
saoudite et au Qatar." "Les opposants
armés s’apprêtent à intensifier leur
lutte contre les troupes syriennes après
avoir récemment reçu ce nouvel armement
transporté dans des camions et à dos de
mules, ajoute le texte de Reuters. Les
combattants de l’opposition affirment
avoir mis à profit le fragile
cessez-le-feu pour se réorganiser face à
l’armée syrienne, même s’ils
reconnaissent que ces armes ne suffisent
pas à renverser le régime. Des rebelles
d’Idleb affirment que cet armement ne
couvre pas tous leurs besoins, car des
milliers de soldats attendent en Turquie
l’arrivée de nouvelles armes. Un autre
insurgé, qui a requis l’anonymat,
indique que le QG de l’Armée syrienne
libre se trouve désormais à Idlib, qui
est pratiquement une «zone tampon»."
Autre mensonge, les informations
amplifiant les "succès" des extrémistes
et "les dissidences" au sein de l'armée
syrienne. Parmi les mensonges: "2000
opposants se seraient infiltrés à
Damas", que l'Etat "ne contrôle plus de
larges parties du territoire" etc...
La réalité est que le président Bachar
al-Assad a informé l’émissaire
international, Kofi Annan, qu’il donnait
aux hommes armés partout en Syrie un
cours délai pour qu’ils rendent les
armes, dans les régions où ils se
trouvent.
Citant des sources bien informées, de
nombreux médias libanais et arabes ont
indiqué que "des mesures strictes et
sévères seront prises et les ordres
seront donnés à des divisions militaires
entières pour bouger et détruire les
bases des terroristes par la force".
Sur le terrain, les insurgés perdent un
à un leurs bastions, ou se trouvent
acculés et en très mauvaise posture.
C'est d'ailleurs ce qui a poussé les
Occidentaux à exprimer leurs craintes
d'une offensive sur Homs. Or les
rebelles ne se trouvent plus que dans
quelques rues dans cette ville et sont
encerclés. Leur combat et perdu.
Pourtant, ce sont eux qui avaient encore
une fois ouvert les hostilités, en
intensifiant leurs attaques, notamment à
Hiffé (27 Kms de Lattaquié), qu'ils ont
brièvement occupée après y avoir pénétré
par surprise et massacré les partisans
du régime.
Hiffé a été récupérée en 48h.
Une source politique haut placée à Damas
révèle que Moscou a récemment conseillé
au commandement syrien d’améliorer ces
acquis militaires, en se concentrant sur
les flancs mous qui semblent sous le
contrôle de l’opposition à Homs, la
campagne de Lattaquié et certaines
régions d’Idleb.
Sur le plan politique, la Russie a
réaffirmé son appui total à Damas, et a
assuré que la prochaine étape verra
l'organisation d'une conférence sur la
Syrie... avec la participation de
l'Iran. Entre-temps, l'armée syrienne
poursuivra ses opérations de nettoyage
qui seront, cette fois, différentes que
par le passé.
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