Opinion
Le Liban, plaque
tournante du trafic d'armes et
de matériel d'espionnage vers la Syrie
Ghaleb Kandil
Lundi 10 septembre
2012
Les procès-verbaux publiés par les
médias libanais sur les enquêtes
concernant le navire Lutfallah-2,
l'avion qatari, et l'interrogatoire de
l'officier de l'Armée libanaise arrêté
pour trafic d'armes vers la Syrie,
constituent autant de preuves sur
l'implication de Libanais dans la guerre
syrienne. L'entêtement de certains
officiels à nier ces vérités ne paie
plus.
Comme le dévoilent les procès-verbaux de
l'enquête, Lutfallah-2, arraisonné par
l'Armée libanaise en mars dernier,
transportait d'énormes quantité
d'explosifs, d'armes lourdes et de
munitions, embarqués en Libye et
destinés, via le Liban, aux gangs armés.
L'objectif était de les équiper en armes
sophistiqués pour intensifier
l'agression contre l'Etat syrien.
Le trajet emprunté par le navire, qui a
fait escale en Egypte et en Turquie,
permet de déduire, sans trop de peine,
que ce convoi de la mort était organisé
par les services de renseignements
américains. Ces derniers parrainent les
groupes terroristes et acheminent armes
et combattants jihadistes internationaux
pour combattre la Syrie. Selon des
informations concordantes, au moins deux
autres navires ont précédé Lutfallah-2
et ont déchargé leur cargaison dans le
port de Tripoli. Cette affaire montre ce
à quoi l'ancien Premier ministre, Saad
Hariri, veut destiner le chef-lieu du
Liban-Nord. Il est désormais certain que
le commandement du Courant du futur dans
le Nord du Liban est impliqué dans les
efforts visant à construire les réseaux,
assurer les dépôts et créer la
logistique nécessaire pour s'acquitter
de la mission confiée à Hariri d'armer,
rassembler et faire passer les
terroristes en Syrie. Au début de
l'année, un de ces dépôts avait explosé
à l'intérieur de Tripoli, faisant des
morts et des blessés et d'importants
dégâts. L'affaire avait été étouffée et
l'enquête n'a jamais abouti.
Plus récemment encore, les services de
sécurité libanais ont saisi dans un
avion de ligne qatari du matériel de
communication et de brouillage
sophistiqué. Cette cargaison répond aux
priorités fixées ouvertement par les
Etats-Unis, la France et d'autres pays
occidentaux, de fournir aux terroristes
ce type d'équipements pour les aider à
espionner les communications de l'Armée
arabe syrienne et de la Résistance
libanaise, en implantant ces engins au
Liban pour les relier au système
d'espionnage électronique américain et
européen, installé dans les navires de
guerre de la Finul navale, qui croisent
au large des côtes libanaises et
syriennes. L'existence de ces navires et
leur rôle dans le soutien au terroristes
en Syrie avaient été dévoilés par les
médias britanniques et allemands. Ces
deux derniers jours, du matériel
similaire a été saisi à l'aéroport de
Beyrouth avec un voyageur égyptien et
deux jeunes femmes syriennes. Cet
équipement peut être relié aux
satellites.
Ces cargaisons ne sont probablement pas
les premières du genre. Depuis un an,
les informations se succèdent sur le
rôle de Saad Hariri qui aurait demandé à
Oger Télécoms de mettre au point un plan
directeur pour un réseau de
télécommunication crypté. Des
techniciens des groupes terroristes
syriens, liés à l'Otan et aux services
de renseignements français, seraient
venus au Liban pour réaliser ce projet.
L'installation de ce réseau a été
accélérée après la descente courageuse
de l'ancien ministre des Télécoms,
Charbel Nahas, dans le bâtiment d'Ogero
près du Palais de justice de Beyrouth,
qui a permis de dévoiler l'existence
d'un troisième réseau de téléphonie
mobile secret, qui était
vraisemblablement mis à la disposition
des groupes terroristes en Syrie. Là
aussi, l'enquête a été étouffée.
L'affaire de l'arrestation du commandant
Abdel Khalek confirme ce que les forces
patriotiques libanaises affirmaient
depuis le début de la crise syrienne.
Arrêté en possession 50 mille dollars
pour acheter des armes destinées aux
terroristes syriens, Abdel Khalek n'est
sûrement pas le seul officier libanais
impliqué dans le trafic d'armes vers la
Syrie. De nombreux responsables
militaires de l'armée et des Forces de
sécurité intérieure ont trempé dans des
affaires de contrebande d'armes et de
matériels militaires. Le vol d'un dépôt
appartenant à l'armée, il y quatre mois,
s'inscrit dans ce contexte. Toutes ces
activités destinées à déstabiliser la
Syrie sont financés par les
pétromonarchies, notamment l'Arabie
saoudite et le Qatar. Et lorsque des
voix dénonçaient les tentatives
d'impliquer le Liban dans le complot en
cours en Syrie, les crieurs du 14-Mars
s'indignaient, comme des vierges
effarouchées. Alors qu'en réalité, leurs
patrons locaux, régionaux et
internationaux, sont responsables du
sang syrien versé depuis un an et demi
par des terroristes sans foi ni loi, qui
n'ont qu'une seule mission: détruire la
Syrie.
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