Tendances
de l'Orient
Voilà pourquoi
l'Amérique veut agresser la Syrie
Ghaleb Kandil
Lundi 9 septembre 2013
La décision de Barak Obama de déclarer
la guerre à la Syrie ne vient pas de
nulle part. Elle est le résultat d'une
série de facteurs qui, du point de vue
du président américain, constituent une
dernière tentative pour éviter la fin de
l'hégémonie unilatérale de l'empire
américain sur le monde. L'impasse des
Etats-Unis reflète aussi celle d'Israël,
qui voit croitre, avec impuissance, la
force de dissuasion régionale de l'axe
de la résistance, dont le maillon
central est la Syrie. C'est ce qui
explique largement l'argument de la
"sécurité nationale américaine", avancé
par Obama pour vanter la guerre contre
la Syrie. Le premier de ces facteurs est
l'échec de la guerre indirecte menée
depuis deux ans pour détruire l'Etat
syrien. Un échec d'autant plus
retentissant que des moyens colossaux
ont été mobilisés par les Etats-Unis et
leurs agents pour atteindre cet
objectif. Mais l'Etat syrien a résisté,
sous le leadership de son président
Bachar al-Assad, et toutes les
tentatives se sont heurtées à la
solidité de l'Armée arabe syrienne, qui
a repris l'initiative sur le terrain et
a absorbé puis repoussé les vagues
successives lancées par des dizaines de
milliers de mercenaires étrangers venus
de 80 pays. La dernière vague venait de
Jordanie, où le prince saoudien Bandar
Ben Sultan, le véritable chef
d'Al-Qaïda, a massé 20000 extrémistes,
entrainés pendant des mois par des
troupes spéciales américaines,
françaises et britanniques. Les
groupuscules d'Al-Qaïda en Syrie sont le
principal outil des Américains. Leur
dernier plan consistait à opérer une
percée à Damas. Mais les vagues de
jihadistes-takfiristes se sont brisées
sur le rempart de l'armée syrienne, qui
a lancé un offensive préventive. autour
de la capitale. Deuxième facteur: Il est
clairement apparu que la résistance de
l'Etat syrien tout ce temps a été le
principal catalyseur pour l'émergence de
nouveaux équilibres internationaux.
Cette résistance a servi de levier aux
pays opposés à l'hégémonie unilatérale
des Etats-Unis, comme la Russie, la
Chine et plus généralement les membres
des brics, qui ont fait preuve de
dynamisme. Lors des différents épisodes
de l'agression contre la Syrie,
Washington a dû se plier aux exigences
d'un nouveau partenariat international
en acceptant, du moins théoriquement,
les arrangements conclus avec la Russie,
notamment les accords de Genève 1 et 2.
Mais très vite, les Etats-Unis ont tenté
de vider de leurs contenus ces
arrangements, avant d'essayer de les
torpiller. L'agression directe contre la
Syrie reste donc, pour les Etats-Unis,
la seule et dernière voie pour tester
leurs capacités de renverser la table,
de protéger et de renouveler leur
hégémonie unilatérale sur le monde, et
de se retourner sur le partenariat
qu'ils ont fait semblent d'accepter. Car
la fin de l'hégémonie signifie la fin
des privilèges et des intérêts que les
Américains ont accumulé ce dernier quart
de siècle, en tant que puissance unique
sur la scène mondiale, depuis
l'effondrement de l'Union soviétique.
Accepter un monde multipolaire conduira,
forcément, à une révolution dans les
rapports internationaux et à un
changement de la structure des Nations
unies, instrumentalisées toutes ces
années par Washington pour servir ses
intérêts. Troisième facteur: Le sort
d'Israël et des Etats-fantoches arabes
se situe au cœur de l'agression contre
la Syrie. En effet, l'alliance
constituée par l'Occident, Israël, les
pétromonarchies rétrogrades et la
Turquie, sait pertinemment que la
victoire de la Syrie et du président
Bachar al-Assad va déclencher une vague
nationaliste arabe hostile au mouvement
sioniste et aux forces colonialistes
dans la région. Cette victoire va
renforcer la Syrie, l'Iran et les
mouvements de résistance, qui ont déjà
réussi à briser la force de dissuasion
israélienne lors des guerres
successives, notamment celle de juillet
2006, au Liban. C'est, d'ailleurs, le
véritable objectif de l'agression contre
la Syrie depuis mars 2011. Quatrième
facteur: Une éventuelle victoire de la
Syrie constituerait un danger
stratégique pour les Etats-Unis et leurs
auxiliaires, surtout à l'ère des
changements décisifs qui sont en train
de s'opérer en Egypte, après la chute
retentissante des Frères musulmans. Une
telle victoire resserrerait forcément
l'étau sur Israël. L'Amérique et ses
agents n'ont donc plus qu'une dernière
carte à jouer: celle de l'intervention
militaire directe en Syrie. Mais la
Syrie n'est pas seule sur le terrain.
Contrairement à l'Irak de Saddam Hussein
et à la Libye de Moammar Kadhafi, elle
est au cœur d'un axe régional qui a
enregistré des victoires successives sur
Israël depuis 1982 dans quatre guerres
majeures, en plus de dizaines d'autres
affrontements militaires et bras de fer
politico-diplomatiques. Cet axe est
aujourd'hui soutenu par une grande
puissance, la Russie, longtemps humiliée
par les Etats-Unis, et qui est
aujourd'hui déterminée à retrouver sa
place centrale sur la scène
internationale. Dans ce nouveau bras de
fer, imposé par l'Amérique, l'axe de la
résistance et ses alliés internationaux
font preuve de solidité. C'est surtout
la résistance de la Syrie, de son
président, de son peuple et de son
armée, qui les encourage à ne pas céder
aux menaces de l'Amérique. Et lorsque
ces menaces se concrétiseront en acte,
les Etats-Unis et leurs auxiliaires
seront surpris par la capacité de
riposte de cet axe qui s'étend de
Téhéran à Moscou, en passant par Bagdad,
Damas, Beyrouth et Pékin.
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