Opinion
Tammam Salam face
aux difficultés
de la formation du gouvernement
Ghaleb
Kandil
Tammam
Salam
Lundi 8 avril
2013
Le député Walid Joumblatt a puisé dans
la culture des consuls, qui était en
vigueur au XIXème siècle, un concept
traditionnel de la pensée libanaise:
l'impossibilité pour le Liban de vivre
sans tutelle étrangère ou régionale.
Lors de son interview télévisée, jeudi 4
avril, il a dit avec tristesse; "Nous
étions laissés à nous-mêmes" avant de
raconter comment une "volonté" royale
saoudienne a proposé le nom d'un nouveau
Premier ministre après la démission de Najib Mikati, laquelle est aussi
vraisemblablement intervenue suite à une
"volonté" saoudienne. De nombreux
analystes ont indiqué que le royaume
wahhabite veut hériter du rôle syrien,
alors que Walid Joumblatt construisait
ses nouvelles orientations sur un taux
record de haines et de rancœurs contre
l'Etat syrien, répétant ce qu'il a
entendu de son mentor saoudien, le
prince Bandar Ben Sultan, ces deux
dernières années.
La décision du 8-Mars et du Courant
patriotique libre (CPL) de désigner Tammam Salam au poste de Premier
ministre a constitué un coup dur aux
paris du clan Hariri, des Etats-Unis et
de l'Arabie saoudite de former un
gouvernement non-politique sous prétexte
de la principale tâche du prochain
cabinet est l'organisation des
élections, ou d'une équipe ministérielle
formée par le 14-Mars et ses alliés
centristes. Mais la manœuvre
intelligente menée par le président de
la chambre, Nabih Berry, sous le titre
de rencontrer en milieu de chemin la
"démarche consensuelle" de Joumblatt a
imposé un autre agenda: une formule
gouvernementale consensuelle.
Le fait que le 8-Mars et ses alliés
aient finalement décidé d'appuyer Tammam
Salam, et abandonné l'idée de proposer
leur propre candidat, contribue à faire
baisser la tension politique et
sécuritaire, qui était entretenue ces
deux dernières années par les groupes
extrémistes salafistes, coachés et
soutenus par le clan Hariri et le
14-Mars.
Mais les vraies difficultés vont
commencer après la désignation du
Premier ministre, car le véritable enjeu
réside dans la répartition des
portefeuilles, les caractéristiques et
les tâches du prochain gouvernement.
Les divergences vont apparaitre dans les
dossiers de la loi électorale et de la
déclaration ministérielle. Sans doute
que l'axe Washington-Riyad va demander à
Tammam Salam de poursuivre sur le même
chemin que les pseudo-centristes (Michel
Sleiman, Najib Mikati et Walid
Joumblatt), qui ont constitué, après le
recul du 14-Mars, l'outil de la
politique américano-saoudienne. Mais la
contre-offensive générale de l'Etat
syrien sur le champ de bataille va
modifier les équations et l'ordre de
priorités. Les raids et les
bombardements des camps des terroristes
installés en territoire libanais va
devenir un des instruments de la
contre-attaque syrienne. Et cela va
contraindre l'Etat libanais à prendre
des mesures sérieuses et concrètes sur
le terrain, à l'instar de la Jordanie,
qui a freiné ses ingérences et son
soutien aux extrémistes après
l'ultimatum de Damas.
Dans ce contexte, la période
d'expédition des affaires courantes par
le gouvernement de Najib Mikati pourrait
durer longtemps si la formation du
nouveau cabinet va se compliquer.
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