Opinion
L'Iran et le Drone
: Un désastre ravageur pour les USA...
Georges Stanechy
Mercredi 21
décembre 2011
Les hurlements du vent ne font pas
trembler la Montagne
Proverbe Chinois
Silence
Silence des médias
occidentaux, presse, radio, TV,
chroniqueurs obsédés de buzz, praticiens
patentés du "bashing" capables
de s’emparer du moindre prétexte dès
qu’il s’agit de diaboliser Russie,
Chine, Cuba, Venezuela et autres boucs
émissaires désignés à la vindicte d’une
opinion publique droguée de
désinformation… Censure privatisée,
parfaitement rodée.
Parfois, dans la
presse européenne ou nord-américaine,
quelques maigres entrefilets, comme à
regret, de reprises de communiqués
d’agence de presse, lénifiants, noyés
dans la masse de ce qu’on n’a pas le
temps de lire. Alors que les médias du
reste du monde n’ont cessé d’en faire
leurs titres et articles ces jours
derniers, particulièrement en Asie.
L’évènement qui s’est
produit le dimanche 4 décembre 2011
présente, pourtant, des implications
immédiates et une portée géopolitique
d'une colossale importance. Composant un
cocktail qui devrait passionner
“journalistes d’investigation” et
“experts médiatiques de politique
étrangère”, esprits curieux et friands
d’actualités, amateurs de jeux vidéo,
lecteurs de BD et de romans d’espionnage
assaisonnés aux missions ou exploits
“impossibles”.
Coup de théâtre
fusionnant tous les ingrédients des
hautes technologies : aéronautique
futuriste, guerres secrètes entre
services spéciaux ou renseignements
militaires, CyberWars ou conflits mêlant
télécommunications cryptées et
informatique bardée de codes et
pare-feux, ruses minutieusement
architecturées face aux foucades de
l’arrogance stupide…
Silence, expression
d’un déni.
Celui d’un désastre
militaire et technologique majeur,
immense, ravageur, pour les USA, dans
leur prétention hégémonique à dominer le
monde. Aux conséquences multiples.
Ce désastre vient de
leur être infligé par l’Iran.
Ses spécialistes en
CyberWars, en « guerre électronique »,
se sont emparés d’un exemplaire de son
drone technologiquement le plus
sophistiqué. Avion sans pilote à bord,
radioguidé au moyen d’un système
satellitaire, qui avait décollé
d’Afghanistan. Le faisant atterrir en
douceur, après en avoir neutralisé les
systèmes de sécurité, avec une parfaite
maîtrise, sur une de leurs bases
aériennes.
L’appareil avait
pénétré l’espace aérien iranien, se
croyant indétectable pour l’avoir
effectué précédemment à plusieurs
reprises, sur une profondeur de 225 km
au nord-est du pays. Survolant Kāshmar,
capitale de la province de Razavi
Khorasan.
Kāshmar, à 926 km de
Téhéran, célèbre pour la beauté veloutée
de ses tapis laine et soie à
l'extraordinaire finesse des motifs
rehaussés, dans leur brillance, d’un
subtil équilibre de couleurs et nuances.
Amateurs et collectionneurs de tapis
persans, notamment dans les pays de
l’Eurasie, en raffolent. A 220 km de la
frontière afghane dans le nord-est du
pays, près du magnifique
désert de Loot, un des plus
beaux de la planète. La proximité de
l’air chaud lui permet de cultiver une
quarantaine de variété de raisins, avec
une des plus savoureuses productions
mondiales de safran (1). Réputée, aussi,
pour la qualité de deux universités :
Payame Nur University,
spécialisée dans l’enseignement à
distance, et Azad University.
Le drone n’était pas
là pour photographier universités,
hôpitaux, stations d’épuration d’eau et
centrales électriques de la ville.
Photos et plans sont disponibles au
public. Les Iraniens savent que ces
infrastructures civiles figurent parmi
les cibles prioritaires,
malgré l’interdiction internationale
des
Conventions de Genève, en cas de
bombardements par “La Communauté
Internationale”. Comme ce fut le
cas en Palestine-Gaza, Irak,
Afghanistan, Liban, ou en Libye
récemment réduite en cendres. (2)
Pas davantage pour
inventorier les sites touristiques de la
région…
Le Chihuahua
Il ne le savait pas,
impatiemment attendu ce jour-là. Une
réception spéciale lui était réservée,
s’agissant d’un drone d’exception. De
loin, beaucoup plus perfectionné que les
“drones-tueurs”, armés de missiles,
spécialisés dans les massacres
quotidiens de civils en Afghanistan ou
au Pakistan, aux noms sanguinairement
évocateurs : “Reaper” (La
Faucheuse), “Predator”... (3)
Non. C’était la
superstar de l’arsenal US qui
franchissait la frontière iranienne, un
« drone espion » : le RQ-170
Sentinel. La crème de la crème, en
termes de haute technologie aéronautique
et militaire, un concentré de tout le
savoir et de la technicité la plus
secrète, même auprès de ses alliés et
vassaux, du complexe militaro-industriel
US.
Peu d’exemplaires
construits. Si précieux que seule la CIA
en détient l’exclusivité : mise au
point, programmes des missions,
pilotage, exploitation des informations
recueillies. Son pilotage s’effectue à
partir de la base de Tonopah dans le
Nevada, via des relais satellite. Les
RQ-170 Sentinel chargés
d’espionner Iran, Pakistan et Chine,
limitrophes de l’Afghanistan, sont dans
leur majorité physiquement positionnés
et gérés par la CIA, depuis 2008, sur la
base aérienne de Shindand, avec
leurs équipes de maintenance, même s’ils
sont pilotés à partir des USA.
Située à 1.500
mètres d’altitude dans la province de
Hérat à l’ouest de l’Afghanistan, face à
l’Iran, la “Shindand Air Base”
est destinée, chez les stratèges US, à
servir de plateforme logistique dans
l’éventualité, souhaitée par tous les
traîneurs de sabre à Washington, d’une
invasion de ce pays. Car, rien ne
justifie une telle démesure de moyens
face à une guérilla de résistance
nationale, faiblement armée, en
Afghanistan. Cette gigantesque base
vient de faire l’objet d’un triplement
de son infrastructure et pistes en 2011,
et une nouvelle piste va encore être
rajoutée début 2012. La longueur de ses
pistes permet de recevoir les avions de
transport géants
C-17 Globemaster III.
(4)
Le RQ-170
Sentinel, drone à long rayon
d’action capable de voler à 15 000
mètres d’altitude, sa forme en delta lui
donne une envergure de 26 mètres en
largeur, 4,5 mètres en longueur, 1,84 en
hauteur. Equipé d’un réacteur
General Electric TF34
connu pour sa
robustesse et sa fiabilité. Son
équipement, son “design”, son
“avionique”, pour reprendre le jargon du
métier, sont dérivés du fameux
bombardier B-2, réputé indétectable par
tout système radar. D’où son
qualificatif de “furtif” selon
l’expression technique, “stealth”
en anglais. (5)
Cette merveille
aéronautique a ainsi une “signature”,
une identification ou un repérage, parmi
les plus faibles : acoustique,
infrarouge, visuelle et radar.
Quasiment, impossible à détecter,
passant inaperçu. Quand il l’est, c’est
trop tard, ayant disparu ou déjà frappé.
En raison de deux caractéristiques :
=>
Son aérodynamisme en forme
d’aile-volante en matériaux composites,
au profilage offrant peu de prise aux
ondes radars adverses
=>
Son revêtement spécial, sa “peau” (wing
skins) comme disent les
spécialistes, dont la composition
multicouche est ultrasecrète, absorbant
tous types d’ondes de détection radar.
Il embarque le
nec plus ultra de ce que science et
technique ont pu rendre opérationnel sur
le plan de la détection, de la
surveillance, du radioguidage, et des
transmissions cryptées : interception de
communications, prélèvement par capteurs
(sniffers) d’émanations
chimiques ou radioactives même à doses
infimes, prise de photos et de films par
tous temps et toutes résolutions de nuit
comme de jour, identification des
positions radars ennemies, centres de
commandements, localisation de bunkers
et souterrains, etc.
L’ensemble de cet
appareillage est si sophistiqué et
sensible qu’il est nécessaire d’abriter
ce drone, en dehors de ses missions,
dans un hangar climatisé.
Pareil « trésor
volant » évolue, évidemment, dans un
environnement sécurisé à l’extrême.
Quatre systèmes de sécurité le rendent
quasiment invulnérable :
i)
Systèmes antibrouillages (“anti jam”)
et de guerre électronique les plus
récents et les plus puissants
ii)
Doublement
systématique des éléments essentiels de
sa motorisation et de son pilotage, avec
basculement immédiat de l’un à l’autre
dès l’amorce d’une panne improbable
iii)
En cas de perte de
contact avec son pilote à terre,
procédure de mise en pilotage
automatique avec programmation de son
ordinateur de bord en guidage autonome
lui permettant de retourner à sa base
initiale, dans une sorte de « retour au
pigeonnier »
iv)
En cas de
défaillance du pilotage automatique, ou
du système de « retour au pigeonnier »,
phase terminale par destruction
automatique, ou plutôt pulvérisation en
vol, pour qu’il n’y ait aucune
possibilité de récupérer une quelconque
pièce ou trace éventuelles à récupérer
par des mains autres que celles des
agents de la CIA.
Dans leur mégalomanie
coutumière, les experts militaires et du
renseignement US l’avaient surnommé “The
Beast of Kandahar”, où il fut
exhibé et filmé en vidéo au décollage en
2007 pour la première fois. La Bête, le
Monstre… Mais encore, en argot anglais,
The Beast c’est le flic
méchant, à la matraque facile, la brute,
la terreur légitimée par l’insigne et la
loi du plus fort…
Les ingénieurs
Iraniens ont apprivoisé, domestiqué,
The Beast.
Le transformant en
Chihuahua docile, couettes enrubannées
au vent, allant sagement se coucher
selon leurs instructions, et dans la
soumission, sur le coussinet qu’ils lui
avaient assigné. A son insu, coupant ses
relations satellitaires, se substituant
au pilote du Nevada, gérant tous les
recoins de son ordinateur de bord, son
cerveau, le manipulant de brillante
façon au point de le faire atterrir, sur
ce qu’il croyait être sa niche ou son
“pigeonnier” d’origine : la “Shindand
Air Base”. Intact.
Saluons,
sportivement, ce fantastique et
historique exploit.
Présentation du RQ-170 Sentinel intact
par l’Iran. La grille qu’on aperçoit est
l’entrée du réacteur, situé au milieu de
“l’aile volante”, conçue pour éviter
“l’ingestion d’oiseaux”.
Un cadeau impérial
Mais, allons au-delà.
Conséquences,
perspectives, bouleversements, impacts,
s’amoncèlent : juridiques, économiques,
technologiques, militaires,
géopolitiques. Un regard sur les plus
déterminants s’impose pour qui veut
comprendre l’ampleur de l’évènement.
Reste deux attitudes : soit examiner
d’un œil clinique et logique les faits,
soit en nier l’évidence, l’importance,
en se réfugiant dans une idéologie
sclérosante.
Essayons la première
voie, en retenant brièvement quelques
dimensions :
i)
Droit International et Bellicisme
« Acte hostile »,
gravissime, dénoncent les Iraniens, en
saisissant les instances de l’ONU.
Sachant qu’ils n’obtiendront rien. Mais,
ils ont raison sur le fond, en droit
international, et pour le principe : une
fois de plus, tendre à l’ONU le miroir
de ses postures hypocrites, son double
jeu et son incurie. Imaginons qu’un
drone russe ou chinois ait pénétré de
225 km à l’intérieur des frontières des
USA… Dans l’hystérie médiatique, ce ne
seraient que cris, résolutions,
sanctions, en cascade, de “La
Communauté Internationale”.
Plus révélateur est
le comportement de la nomenklatura US.
Lundi dernier sur CNN, l’ancien
vice-président Dick Cheney, le second de
Bush, reprochait à Obama de ne pas avoir
immédiatement donné l’ordre de bombarder
l’endroit où avait été vu pour la
dernière fois le drone capturé par les
Iraniens :
« La bonne
réponse à cette affaire était de réagir
immédiatement dès que l’appareil a été
capturé et le détruire… Cela peut être
fait à partir d’une opération aérienne.
Cela peut être réalisé par une rapide
frappe aérienne ». (6)
Non seulement, aucune
volonté de s’excuser ou de regretter un
tel « acte hostile », mais, au
contraire, il paraît naturel de passer
aussitôt, jouant les outragés, à un «
acte de guerre ».
Position partagée par
les politiciens du Congrès US.
Notamment, chez les candidats
"républicains" aux primaires
présidentielles en cours dans une
surenchère délirante : tels, l'ancien
président de la Chambre des
Représentants Newt Gingrich,
(7), ou encore Rick Santorum,
qui ne cessent de préconiser
l’assassinat des dirigeants de l’Iran
ainsi que celui de ses scientifiques.
Exigeant, outre ses centres de recherche
atomique, le bombardement de ses
productions de pétrole et de gaz, ses
infrastructures portuaires, etc.
Un tel degré
d’inconscience, d’irrationalité, de
fanatisme, à ce niveau de
responsabilité, démontre combien la
caste dirigeante américaine est
gangrénée par un ramassis de
milliardaires-voyous, analphabètes de la
situation du monde. Etalage d’arrogance,
de mépris des peuples, de la vie humaine
et des principes élémentaires du respect
du Droit à l’Autodétermination.
Véritables gangsters psychopathes de la
violence, substituant l’Assassinat, le
Bellicisme, au Droit International.
Face au désastre
militaire et technologique que
représente la saisie intacte du
RQ-170 Sentinel par les Iraniens,
leur fureur aveugle ne semble pas se
calmer…
ii)
Science et
Technologie
Le Président
Ahmadinejad, ingénieur de formation,
s’en délecte dans l’ironie.
Synthétisant, dans un entretien avec une
télévision latino-américaine, un des
aspects majeurs de cette opération,
évoquant un “cadeau” :
« Les américains
ont peut être décidé de nous offrir cet
avion espion … »
Assurément, “cadeau”
est bien le terme. Impérial. Au minimum,
d’une valeur de 50 milliards de dollars.
Et, je pèse mes chiffres !... Ce n’est
pas simplement le prix de l’appareil et
de son équipement. C’est aussi celui de
la masse des brevets, fournis
gratuitement à l’Iran.
Celui de l’ensemble,
de l’aboutissement sur plusieurs
décennies, des programmes, budgets,
financements, centaines de milliers
d’heures de recherches, d’essais, de
mises au point, de savoir-faire (know
how), dans une multitude de
disciplines et de techniques :
aéronautique, motorisation, matériaux
composites, réseau de fibres optiques
embarqués, logiciels de bord, interfaces
satellitaires, radars, télécoms et
radioguidages, optiques et systèmes
électro-optiques, photos, système
d’imagerie hyperspectrale, systèmes de
piratages téléphoniques et
informatiques, d’écoutes, prélèvements
chimiques-bactériologiques, sondes ou
sniffers de particules radioactives,
etc.
L’équivalent d’une
visite guidée, portes ouvertes, par le
Pentagone, au cœur de l’arsenal et du
"secret défense" de son industrie de
l’armement. Le complexe
militaro-industriel US soudainement nu
comme un ver, sous les projecteurs. Tous
les systèmes de navigation, de radar, de
furtivité, de mesures et de
contremesures électroniques, intégrés
aux appareils les plus perfectionnés des
forces aériennes US et occidentales,
offerts aux patientes investigations des
spécialistes Iraniens.
Non seulement
le fameux bombardier B-2, mais aussi le
chasseur de dernière génération F-35,
qualifié de “furtif”, qui a le
même fabricant que le drone espion :
Lockheed Martin. Chasseur polyvalent (Multirole
Joint Strike Fighter)
qui équipe progressivement l’aviation,
la marine, le corps des marines (modèle
spécial à décollage vertical), des USA,
ainsi que la Royal Navy britannique.
Prochainement une vingtaine pour Israël,
livrables
à partir de 2018, avec
une option sur 55 supplémentaires. Sous
la pression du lobby sioniste, le
Congrès US a bloqué la vente du F-35 à
l’Arabie saoudite qui devra se contenter
du F-15 de conception ancienne, et de
plus, dans une version bridée...
Paradoxe, l’Iran
bénéficie dès aujourd’hui des
technologies les plus secrètes et
précieuses de l’aéronautique US que
l’Arabie saoudite, un des plus fidèles
alliés des USA, n’obtiendra jamais, et
qu’Israël ne pourra utiliser que dans
sept ans ! “Cadeau”,
faisant apparaître ridicule, dérisoire,
caduc, l’embargo obsessionnel des
occidentaux sur le transfert de
technologie à l’Iran …
Mais, rien n’y fait.
L'arrogance indécrottable des
responsables US et de leurs « experts
militaires » demeure. Exemple : un
analyste du Teal Group
(expertise en aéronautique et spatial),
Richard Aboulafia, minimise le
cataclysme dans une métaphore méprisante
:
« D’un point de
vue du secret, c’est comme si on avait
fait tomber une Ferrari dans une culture
du char à bœuf ». (8)
Fanatisés,
conditionnés, niant les faits, abrutis
d’idéologie coloniale, la nomenklatura
US ne peut fantasmer l’Iran qu’en désert
technologique, peuplés de sauvages,
incapables de décoder, adapter, tirer le
moindre enseignement de la saisie d’un
appareil de haute technologique que ses
ingénieurs ont fait atterrir comme une
fleur sur leur territoire. L’arrogance
n’est-elle pas une manifestation
imbécile, une pathologie déconnectant de
la réalité, précipitant droit dans le
mur ?… Symptôme du pathétique suicide
intellectuel d’une oligarchie.
Rires en
Chine sur les menaces des va-t-en-guerre
contre l’Iran
L’Oncle Sam tient dans ses bras le
rapport de l’IAEA
sous le regard impatient de Netanyahou
Le Lièvre et la Tortue
Certes, sur le papier
le rapport de forces théorique entre
l’Empire et l’Iran reste inchangé. Une
vague de bombes atomiques peut réduire
en poussière l’Iran, en quelques
secondes. Toutefois, utiliser la force
atomique, contre un Etat qui n’attaque
personne, n’occupe aucun pays dans la
violence ni la spoliation, serait pour
l’Empire se mettre au ban de la planète
entière. Même, sous prétexte de guerre
préventive fondée sur des mensonges.
D’où l’intensité de la “guerre secrète”
imposée à l’Iran.
Comme dans la fable
du "Lièvre et la Tortue", rattrapant
dans beaucoup de domaines le retard
accumulé sous la dictature du Shah
inféodée aux industries de l’armement
occidentale, pour préserver son
indépendance l’Iran a édifié une
performante industrie de la défense et
du renseignement. Adossée à une
infrastructure scientifique et technique
de premier plan, aux nombreuses
universités, multiples centres de
recherches et milliers d’ingénieurs (ce
qui va exiger des services occidentaux
beaucoup d’assassinats pour les
exterminer jusqu’aux derniers…).
Ce coup terrible,
envoyé en pleine figure de l’appareil
militaire américain et occidental dans
son ensemble, est révélateur.
L’opération réussie d’arraisonnement du
drone espion, préparée de longue date,
méticuleusement mise au point, en est
une éclatante démonstration.
L’Iran, sur les 10
dernières années, a abattu, neutralisé,
de nombreux drones franchissant ses
frontières. La plupart ont été récupérés
sous forme de débris et reconstitués,
certains en bon état. D’autres ont été
complètement perdus, dont deux abattus
au-dessus des eaux territoriales du
Golfe Persique. Les autorités iraniennes
vont prochainement organiser une
exposition, destinée dans un premier
temps aux ambassadeurs et aux
professionnels de l’information, pour
présenter le drone espion arraisonné,
encadré de 7 autres drones en bon état :
4 israéliens (violation des frontières
est) et 3 américains (violation des
frontières sud et ouest).
A partir de cette
mine d’informations, les Iraniens
avaient organisé des équipes
multidisciplinaires de recherche et
développement afin de pénétrer tous les
secrets du fonctionnement de ces
aéronefs sophistiqués. D’autres équipes,
se relayant nuit et jour, se sont
spécialisées, par type de drone, dans un
véritable travail de fourmi : suivre
toutes leurs évolutions, en Iran,
en Afghanistan. Et, même au Pakistan, où
une de leurs équipes était présente en
permanence.
Le drone a un grand
défaut : il est excessivement bavard,
une pie jacassant sans interruption. Ne
pouvant cesser de communiquer avec son
pilote au sol pour savoir où se diriger,
envoyant un flot continu d’images,
d’informations et prélèvements divers.
Une masse de communications faciles à
enregistrer, même en langage codé. Ce
bavardage continu facilite grandement
l’apprentissage de son langage. Rien de
plus facile : quel que soit son niveau
de cryptage, un langage codé « se casse
». Les Iraniens comptent parmi eux les
meilleurs mathématiciens et logiciens du
monde (dont de nombreuses femmes…),
jonglant avec les algorithmes et les
supercalculateurs avec autant de
facilité qu’un joueur de frisbee. (9)
Dernière étape, à
partir du décryptage, décortiquer le
fonctionnement de son cerveau. Qui n’a
rien à voir, pour le moment, avec la
complexité du cerveau humain. Un simple
logiciel de bord qui, par définition,
livre celui utilisé au sol. Avec leurs
différents modes d’échanges
d’instruction via les satellites. C’est
ainsi que la “feuille de route” du
RQ-170 Sentinel destiné à violer
les frontières de l’Iran pour
l’espionner, était connue de la
défense iranienne dès son décollage…
S’amusant à pénétrer
les ordinateurs de la “Creech Air
Force Base” dans le Nevada et y
infecter de quelques virus retors,
pendant plusieurs semaines à l’insu des
spécialistes US, l’ensemble de leur
flotte de drones. Générant de multiples
incidents, jusqu’à provoquer
l’écrasement d’un drone de type
Reaper aux Seychelles cette
semaine. (10)
S’il est possible de
disposer de tous les codes sources pour
arraisonner des drones adverses, en
gérant leurs liaisons terrestres et
satellitaires parmi les plus fortement
protégées, il faut savoir que la
maîtrise d’algorithmes et de logique est
encore plus simple dans le contrôle des
stations de radars, avions, bateaux,
chars d’assaut, missiles. Jusqu’aux
relations satellitaires coordonnant les
troupes au sol…
Constat implacable :
les forces armées iraniennes, sur le
plan opérationnel de la « guerre
électronique », ont atteint
l’excellence. Faisant au moins jeu égal,
si ce n’est plus, avec leurs adversaires
potentiels. Ceux qui prétendent
l’envahir auront en face d’eux non pas
un pays sans "défense électronique"
comme la Palestine, le Liban, l’Irak,
l’Afghanistan, le Pakistan ou la Libye,
qu’ils sont habitués à écraser dans la
facilité et l’impunité, après avoir
“aveuglé” leurs défenses aériennes quand
ils en ont, mais des forces comparables
aux leurs… (11)
The Beast,
emblématique d’une géopolitique
mégalomaniaque de l’absurde, subitement
devenue l’ombre d’elle-même.
Préfigurant le sort
d’un Empire décadent…
(1) Safran qu’on
retrouve sur nos tables, du fait d’un
embargo hypocrite profitant surtout aux
intermédiaires véreux, dans un
conditionnement "espagnol", "turc", ou
autres appellations d’origines non
contrôlées…
(2) Cf. in
Justice ou Injustice internationale,
Daniel Lagot, Edditions L’Harmattan,
2009, Les Conventions de Genève, art.
85.5, énoncent parmi les crimes de
guerre :
- « soumettre la
population ou des personnes civiles à
une attaque »
- « lancer une
attaque indiscriminée atteignant la
population civile ou des biens de
caractère civil, en sachant qu’elle
causera des pertes en vies humaines dans
la population civile, des blessures aux
personnes civiles, des dommages aux
biens civils, “excessifs par rapport à
l’avantage militaire et concret attendu”
».
(3) Ces
“drones-tueurs” sont responsables des
plus grand massacres actuels de civils
en Afghanistan et au Pakistan, sous
prétexte de tuer des “commandants
Talibans ou membres d’Al Qaïda”. Comme
lors de la guerre du Vietnam, à
l’exemple des luttes des puissances
coloniales contre une révolte face à
leurs prédations, tout chef de village
est assimilé à un rebelle, un insurgé,
un terroriste, ou un Taliban. En
conséquence : tué avec sa famille, quand
ce n’est pas avec l’ensemble de son
village. Dans la stratégie de lutte
contre une résistance nationale, le
premier objectif étant de déstructurer
une société en éradiquant un quelconque
“leadership”.
(4) L’USAF y a
affecté le
838th Air Expeditionary
Advisory Group,
cohabitant avec les services spécialisés
de la CIA.
(5) Le coût
“officiel” de chaque B-2 avec ses pièces
détachées et sa maintenance, est évalué
à 2,13 milliards de dollars ("B-2
Bomber: Cost and Operational Issues
Letter Report, 14 August 1997,
GAO/NSIAD-97-181."United
States General Accounting Office).
Attaquant toujours de
nuit, les B-2 ont été le fer de lance de
l’écrasement de l’Irak sous les bombes
en 2003, au cours duquel ils ont lancé
plus de « 1,5 millions de pounds
» (1 pound = 0,45359237 kg) de
bombes de tous calibres. Jusqu’à une
tonne par bombe.
Trois d’entre eux,
furent les premiers appareils de l’OTAN,
à pénétrer dans l’espace aérien Libyen
pour y bombarder des aérodromes en mars
2011, déversant une quarantaine de
bombes.
Dans les deux cas,
pour « renverser » un dictateur… Ils ont
été aussi utilisés au Kosovo et en
Afghanistan, pour annoncer l’arrivée de
« la démocratie »…
(6) "The
right response to that would have been
to go in immediately after it had gone
down and destroy it," […] "You
can do that from the air. You can do
that with a quick air strike.”,
http://rt.com/news/iran-obama-drone-request-713/
(7) Inconnu de
l’opinion publique internationale
jusqu’à sa récente et délirante
déclaration qualifiant les Palestiniens
de « Peuple inventé et terroriste »…
(8) "From a
secrecy standpoint, it's like dropping a
Ferrari into an ox-cart technology
culture",
http://www.defensenews.com/story.php?i=8517205&c=AIR&s=TOP
(9) La Chine possède
le deuxième plus puissant
supercalculateur du monde, et le plus
rapide, avec son Nebulae Dawning
de 1,2 pétaflop et 55 680 cœurs Intel…
(10)
http://rt.com/usa/news/seychelles-drone-us-iran-711/
(11) Avec d’autant
plus de facilité quand ils leur ont
vendu le matériel de défense
antiaérienne dont ils connaissent toutes
les caractéristiques, emplacements,
systèmes de surveillance et de
communication, disposant de tous les
codes sources qu’ils peuvent neutraliser
en un claquement de doigt. Exemple : les
missiles antiaériens “crotale”
livrés par la France à la Lybie (9
unités d’acquisition & 27 unités de tir)
n’ont abattu aucun avion ni hélicoptère
…
Caricatures
talentueuses de ang Li et Luo Jie du
ChinaDaily Europe
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|