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El Watan
Plus de 11 000
palestiniens sont prisonniers en Israël:
Des otages précieux
Fares Chahine
Photo CPI 27 août 2008
La
libération par Israël de 198 prisonniers palestiniens dont le
plus ancien détenu, Saïd El Attaba, projette, à nouveau, la
lumière sur l’un des dossiers les plus épineux du conflit
israélo-palestinien. Lundi, dès leur libération, ils ont été
accueillis par des milliers de citoyens palestiniens dont le
président Mahmoud Abbas, à la mouqataâ, le quartier général à
Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Ghaza : De notre
correspondant
« La libération de ce groupe nous comble de joie, mais nous
ne serons pas tranquilles avant la libération de tous les
prisonniers, les 11 000 qui attendent toujours », a dit le
président Abbas. intransigeant et ferme, quelques heures avant
l’arrivée dans la région de la secrétaire d’état américaine,
Condoleezza Rice, dont c’est le 18e périple en deux ans au
Proche-Orient, dans le cadre de la recherche d’une solution
négociée du conflit, M. Abbas a déclaré que les palestiniens
n’accepterons pas de solutions partielles. « Sans la libération
de l’ensemble des prisonniers, il n y aura pas de paix », a-t-il
affirmé. « Toutes les questions, dont le sort de de la ville
sainte d’El Qods, des réfugiés, des colonies et des frontières
doivent être réglées. Nous n’accepterons aucun autre accord », a
ajouté le président palestinien. Mme Rice, que recevait le
président Abbas, hier, à Ramallah, a qualifié de « très bon pas
la libération des détenus palestiniens ».
Plus important que le nombre de prisonniers libérés, qui
reste symbolique à côté des 11 000 qui demeurent sous les
verrous, c’est l’acceptation, pour la première fois, par un
gouvernement israélien, de libérer des palestiniens impliqués
dans des attentats meurtriers ayant visé des israéliens. cet
état de fait a permis à deux des plus anciens prisonniers de
sentir de nouveau l’air de la liberté. Saïd El Attaba, âgé de 56
ans, détenu depuis plus de 31 ans et Mohamad Ibrahim Abou Ali
alias Abou Ali Yatta, incarcéré depuis 30 ans, purgeaient des
peines de prison à vie. « C’est un jour de joie pour tous les
combattants de la liberté et de l’indépendance », a déclaré El
Attaba à son arrivée à Ramallah. « Le carcan a été brisé. C’est
notre victoire contre le carcan », a-t-il clamé à la Mouqataâ.
les deux hommes ont ensuite eu droit à un accueil triomphal
chacun dans sa ville natale, El-Attaba à Naplouse, dans le nord
de la Cisjordanie occupée et Yatta dans la région d’El Khalil,
au sud.
Des milliers de personnes les ont accueillis dans une
véritable grande kermesse. dès son arrivée à Naplouse, Saïd El
Attaba, le plus ancien prisonnier politique de la planète, a
réussi là où ont échoué tous les hommes politiques, en
réunissant sous le même toit des hauts responsables du Hamas et
du Fatah. cette réunion s’est terminée par une accolade entre le
préfet de Naplouse, Djamal Mhaissen et le cheikh Hamed El
Bitaoui, député du Hamas, dont les relations avec le Fatah sont
au plus bas, depuis le coup de force du mouvement islamiste
contre l’autorité palestinienne dans la bande de Ghaza, au mois
de juin 2007. cette cassure dans les normes israéliennes de
libération des prisonniers palestiniens, a fait renaître
l’espoir de voir une issue à ce dossier humanitaire qui
empoisonne l’atmosphère des négociations entre les deux parties.
Parmi les prisonniers libérés figurent également Houssam Khader,
un leader populaire du mouvement Fatah auquel appartient la
majorité des libérés. Il a été arrêté en mars 2003 et condamné à
sept ans de prison, alors qu’il était député au conseil
législatif palestinien, d’un autre côté, deux femmes font partie
de ce groupe de prisonniers libérés.
Malheureusement, la grande fête a tourné au drame à Yamoune,
près de Jenine, en Cisjordanie occupée, lorsqu’un balcon a cédé
sous le poids de nombreuses personnes qui tenaient à accueillir
l’un des prisonniers libérés, habitant cette localité. cet
accident s’est soldé par la mort d’une fillette de 11 ans et 16
autres personnes blessées. cette libération symbolique a fait
beaucoup d’heureux dans la société palestinienne, mais le plus
gros reste à faire. Israël continue d’utiliser les prisonniers
comme des otages, dans le but de pousser les responsables
palestiniens à plus de concessions dans tous les domaines,
sachant qu’ils sont soumis à une pression énorme de la part de
la société civile. Israël déclare que cette libération entre
dans le cadre du renforcement de l’assise de Mahmoud Abbas, mais
ne cesse de couper l’herbe sous ses pieds, tout en affaiblissant
l’autorité palestinienne qu’il préside en
Cisjordanie occupée,
par les interventions ininterrompues de son armée dans les
villes de cette partie des territoires. plus de 100 personnes
ont été arrêtées par l’armée israélienne depuis l’annonce de la
libération de 200 prisonniers palestiniens, chiffre tombé à 198
au dernier moment.
Si la direction américaine poursuit, comme elle le fait, son
soutien à l’Etat hébreu dans tout ce qu’il projette , on peut
prévoir, dès maintenant, que la fin de l’année 2008 ne verra pas
d’accord israélo-palestinien, comme le souhaite le président
Bush avant qu’il quitte la Maison-Blanche. ce cas de figure ne
fera que renforcer les forces extrémistes et mettra en danger la
paix sur le plan international.
Droits réservés © El Watan 2007
Publié le 28 août 2008
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