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Opinion
Des armes pour s'entretuer
Fadwa Nassar
Lundi 30 août 2010
Depuis que des soldats de l’armée libanaise ont osé affronter
l’ennemi sioniste dans le village de Adaissé, au sud du Liban,
les réactions américaines vont bon train : il faut cesser de
fournir des armes à l’armée libanaise car celle-ci les
utiliserait contre « Israël ». La récente demande de la
représentante Ileana Ros-Lehtinen, qui siège à la commission
américaine des Affaires étrangères, conseillant la France de ne
pas fournir des armes, en est la dernière expression. Peu avant,
le congrès américain avait décidé de geler une aide militaire de
100 millions de dollars accordée au Liban. Jamais les choses
n’ont été plus claires et plus évidentes. Jamais l’hypocrisie du
monde occidental (qui se considère « communauté internationale
») n’a été aussi visible et sensible.
Pour les forces impériales qui veulent maintenir leur domination
sur le monde, « Israël » reste leur pion le plus sûr. Pour
elles, il doit demeurer l’Etat le plus puissant dans la région,
non pas seulement pour détruire toute résistance à l’hégémonie
impériale, mais pour briser toute volonté de résistance :
l’armement sioniste doit dissuader rien qu’en entendant parler
de lui ! L’Etat sioniste doit, par les armes qu’il possède,
l’armée qu’il organise, les colons qu’il lâche sur les
Palestiniens, rester maître de la situation. Il doit pouvoir
réprimer, tuer, assassiner, semer la mort et la destruction,
sans rencontrer une quelconque résistance, ou même une volonté
de résistance. C’est l’ordre américano-sioniste qui devrait
régner dans la région du Moyen-Orient, d’abord, le monde
ensuite.
Il faut regarder du côté de la Cisjordanie pour réaliser ce que
souhaite l’empire américano-sioniste dans la région. Depuis que
le général américain Dayton a installé son quartier général dans
cette partie occupée de la Palestine, gérée par l’Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbas, les forces de la sécurité
palestinienne sont devenues les véritables exécutants de l’ordre
américano-sioniste : arrestation et torture des militants
palestiniens suspectés de vouloir résister à la colonisation,
arrestation des prisonniers palestiniens à peine libérés des
geôles sionistes, arrestation ou harcèlement des membres des
familles des prisonniers palestiniens encore détenus par les
sionistes, que ce soient les épouses ou les enfants de ces
prisonniers. Les forces de la sécurité palestinienne n’hésitent
pas à s’en prendre aux épouses, filles ou fils de ces
prisonniers qui avaient espéré, en se sacrifiant pour la patrie,
que la société protège au moins leurs familles. Chez les forces
palestiniennes de Dayton, c’est le contraire. Les prisonniers
sont doublement punis pour avoir résisté à l’occupation : leurs
familles deviennent un moyen de pression supplémentaire sur eux
pour les empêcher de penser à une quelconque résistance!
C’est l’ordre américano-sioniste ! « Le nouveau palestinien »
que le général Dayton veut faire naître en Palestine, c’est ce
Palestinien devenu un instrument de la politique
américano-sioniste, qui accepte volontiers de rencontrer le
militaire sioniste, de coordonner avec lui pour pacifier les
territoires occupés, d’empêcher les Palestiniens de riposter aux
provocations des colons dans la ville d’al-Khalil (entre
autres), de relâcher gracieusement tout Israélien entré « par
erreur » en Cisjordanie et finalement, de s’en prendre même aux
plus modérés des Palestiniens, ceux qui ont récemment riposté à
la reprise des négociations entre Mahmoud Abbas et le
gouvernement sioniste. Ce qui s’est passé dans la « salle
protestante » à Ramallah, et qui a suscité la colère des forces
politiques présentes dans l’OLP qui n’ont pas hésité à parler de
« fascisme palestinien » est révélateur non pas seulement de la
répression de la résistance, mais de la répression de toute
expression politique pacifique opposée ou différente de l’équipe
palestinienne gouvernant à Ramallah. Ceux qui se trouvaient dans
la « salle protestante » n’étaient ni les représentants du
Hamas, ni du Jihad islamique. Ce n’étaient ni les sheikhs
appelant à la résistance, ni les islamistes que le ministre des
affaires religieuses de l’équipe de Salam Fayyad a interdit de
faire les prêches dans les mosquées de la Cisjordanie. Les
participants à la réunion de « la salle protestante » étaient
les représentants des mouvements politiques ou des indépendants
qui, pour la plupart, ne sont pas contre le principe des
négociations, mais s’opposaient seulement à leur reprise
actuelle, jugeant qu’elles sont humiliantes, et que Mahmoud
Abbas ne pouvait prétendre les représenter. La réunion n’a pas
eu lieu ! les forces de la sécurité palestinienne que le général
américain a éduquées, armées et choyées, soutenues par des «
civils », sont entrées de force dans la salle aux cris « Iran,
Iran, dehors ! » (voulant dire que toute opposition à Mahmoud
Abbas avait l’Iran pour origine) et d’autres slogans tout aussi
irréels que ridicules, faisant échouer la réunion !
C’est cette espèce de forces de sécurité que souhaitent les
Etats-Unis pour le Liban. Ils ne veulent sûrement pas une armée
qui protège son territoire, qui riposte aux violations de la
souveraineté, qui se sent humiliée lorsque des sionistes
survolent son territoire ou même coupent des arbres sur son
territoire pour pouvoir mieux espionner. Ce que veulent
les Etats-Unis, c’est une armée qui affronte la résistance armée
du Hezbollah au Liban et des forces de la sécurité qui ont pour
tâche de désarmer la résistance, de faire taire toute critique
de la politique américaine et de laisser libre cours à la
collaboration avec les sionistes.
En Cisjordanie, Dayton a réussi à faire naître ce spécimen de
Palestinien prêt à tuer et réprimer son peuple pour gagner
quelques miettes (cartes VIP, voitures blindées et autres
marchandises humiliantes du même genre), mais au Liban, bien que
le spécimen date de la création même de l’Etat, il se dissimule
à présent, comme dans le monde arabe d’ailleurs, sous le vernis
du réalisme, du progressisme, du nationalisme arabe même, pour
pouvoir diffuser son poison, celui de la collaboration et de
l’instauration de l’ordre américano-sioniste !
Haj Hassan: l'armée libanaise a le droit de se doter
inconditionnellement de toutes les armes.
Le ministre de l'Agriculture Hussein Haj Hassan a corroboré
le droit de l'armée libanaise de se doter de toutes les
armes appropriés pour affronter les chars et les avions
israéliens ajoutant que l'Etat devrait lui assurer, sans
aucune condition ou contrainte, l'arme nécessaire pour
défendre le peuple et la terre du Liban.
S'exprimant lors d'un iftar, Haj Hassan a indiqué que tout
libanais est responsable de soutenir l'armée dans une
tentative nationale de l'armer.
Concernant la délégation ministérielle proposée pour visiter
les pays amis et leur demander d'armer l'armée, Haj Hassan a
appelé à demander les armes des pays arabes et des pays amis
y compris l'Iran.
"Ces jours là, nous sommes devant une réalité politique
claire qu'est l'équation de l'armée, de la Résistance et du
peuple. Une équation qui s'est renforcée lors des
affrontements héroïques de l'armée libanaise à Adaïssé"
a-t-il conclu.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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