Opinion
L'entité sioniste
ou la France : le record de l'infamie
Fadwa
Nassar
George
Ibrahim Abdallah
Dimanche 27 octobre 2013
Comparer les pratiques d’un pays, même
impéraliste et colonialiste, avec celles
d’une entité coloniale de peuplement,
dont le fondement est associé à
d’horribles massacres, à l’expulsion
d’un peuple et à une entreprise
méthodique de purification
ethnico-religieuse, toujours en cours,
n’est pas entièrement justifié. Il est
vrai que la France n’est pas une
colonie, les Français qui y vivent n’ont
pas chassé un peuple et volé ses terres
et ses biens, pour s’y installer. La
France n’a pas inventé une histoire
mythique datant de plusieurs milliers
d’années pour justifier la création de
son Etat.
Mais la France porte un lourd passé
d’Etat colonial, qui a commis des
massacres partout dans le monde, au nom
de la « liberté », des « droits de
l’homme » et de la « supériorité
raciale ». Malgré les crimes commis par
ses colons et militaires ailleurs que
sur son sol, la France persiste à
légitimer son histoire criminelle en
adoptant ce qu’elle nomme « les
bienfaits de la colonisation »,
c’est-à-dire la destruction des sociétés
et leur acculturation, l’exploitation
économique de leurs pays, la provocation
de conflits inter-ethniques et
inter-religieux, et la formation
d’élites « indigènes » soumises à ses
politiques. Cette politique coloniale se
traduit aujourd’hui, sur divers plans,
par le racisme antiarabe et
l’islamophobie, par une politique
impérialiste et dominatrice, par un
soutien inconditionnel à l’entité
coloniale sioniste, et par le maintien
en otage de George Ibrahim Abdallah.
Au moment où le militant libanais George
Ibrahim Abdallah entame sa 31 ème
d’incarcération dans les prisons de
l’impérialisme français, l’entité
coloniale sioniste se prépare à libérer
26 prisonniers, des combattants
palestiniens ayant été condamnés à
plusieurs perpétuités, parmi les 104
qu’elle a promis de faire libérer, non
par humanisme, mais pour que les
négociations entre l’Autorité
palestinienne et les dirigeants de la
colonie reprennent, sous l’égide de
l’impérialisme américain. Ce fut une
condition de l’Autorité palestinienne,
formulée à cause de la pression exercée
par le peuple palestinien. Ces
combattants prisonniers sont détenus par
l’occupant depuis les années 80, et le
plus ancien prisonnier, Karim Younes,
est détenu depuis 1983 (juin), soit
comme George Ibrahim Abdallah, depuis
plus de 30 ans !
Si l’entité sioniste a finalement
accepté de faire libérer ces
combattants, suscitant diverses
réactions hostiles à l’intérieur même de
son establishment, pourquoi la France
refuse-t-elle de faire libérer l’otage
libanais qu’elle détient, et
poursuit-elle une attitude de
hors-la-loi, elle qui affirme tout haut
respecter le droit international, la
communauté internationale et tout ce qui
s’ensuit, et qui se targue de donner des
leçons dans ce sens au monde entier ?
Si l’entité sioniste a rompu, rompt et
rompera toujours avec ses propres
principes d’Etat voyou et colonial, à
cause des pressions exercées par la
résistance palestinienne et le peuple
palestinien et ses amis dans le monde,
pourquoi la France semble-t-elle si
arrogante en maintenant l’otage George
Ibrahim Abdallah en captivité ?
Certains avancent l’idée que la France
n’est pas un pays souverain. Elle est,
comme l’entité sioniste, soumise à
l’impérialisme américain. Dans le cas de
l’otage George Ibrahim Abdallah, ce sont
les Etats-Unis qui refusent sa remise en
liberté, alors que dans le cas des
combattants palestiniens devant être
libérés, l’entité sioniste a dû se plier
au désir américain, pressé de régler la
« question palestinienne » au détriment
du peuple palestinien !
D’autres avancent l’idée que la France a
durci le ton envers tout ce qui peut
représenter la culture de la résistance
dans la région arabe, dont George
Ibrahim Abdallah est le symbole, car, en
libérant l’otage qui a refusé, tout au
long de trente années de « s’excuser » !
de son appartenance anti-impérialiste et
qui a refusé de « tourner sa veste »,
elle craint de satisfaire et d’appuyer
le camp de l’anti-impérialisme et de la
résistance au sionisme dans la région.
Au moment où la France prétend être du
côté de la liberté des peuples, armant
par-ci des « rebelles » et intervenant
militairement par-là pour tuer ou
« libérer », la France craint en réalité
le soulèvement des peuples contre la
domination impériale qu’elle représente
aux côtés des Etats-Unis et d’autres
puissances européennes. Libérer l’otage
George Ibrahim Abdallah serait, pour la
France, renforcer le camp
anti-impérialiste et les mouvements de
libération. Cela est sûrement contraire
à sa vision du monde.
D’autres enfin avancent l’idée que la
pression internationale n’est pas assez
puissante pour que la France libère son
otage. D’abord, Le Liban, son propre
pays, est soumis et divisé, et
maintenant plus qu’hier. Ce pays dont
une grande partie de son peuple est
« colonisable » (comme dirait Malek
Bennabi) vit dans l’illusion d’une
souveraineté acquise par le jeu des
puissances mondiales et régionales. En
France, la pression de la « rue » a pris
de l’ampleur, depuis que George Ibrahim
Abdallah a été libéré avant d’être pris
en otage, il y a moins d’un an, mais
elle reste insuffisante pour rabattre
l’arrogance de l’impérialisme français.
Même si la résistance palestinienne en
Palestine occupée se prépare tous les
jours et mène sans cesse des tentatives
pour libérer les combattants
palestiniens, la libération de George
Ibrahim Abdallah, comme celle des
combattants palestiniens, anciennement
ou récemment détenus, est également
possible grâce à l’internationalisation
de la question de leur détention, non
seulement auprès des instances
internationales (si l’entité sioniste ne
les craint pas, la France peut y être
sensible), mais surtout auprès des
peuples, dans les pays arabes et
ailleurs dans le monde. Une victoire
contre l’impérialisme français et
l’occupation sioniste n’est pas
impossible, au contraire. Elle est
nécessaire car l’infamie est à son
comble.
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