Opinion
Démolir les
maisons palestiniennes
Fadwa Nassar
Vendredi 26 juillet 2013
Une des pratiques
les plus courantes de l'entité
coloniale sioniste consiste à
démolir les maisons des
Palestiniens, que ce soit dans les
territoires occupés en 1948 ou
occupées en 1967. D'après les
statistiques palestiniennes, de
différentes sources, plusieurs
centaines de milliers de maisons
palestiniennes ont été démolies
depuis l'installation de la colonie,
sans compter les villages
entièrement détruits lors de la Nakba.
Dans les territoires
occupés en 1948, plusieurs milliers
de maisons sont encore sous la
menace de la démolition, notamment
dans les villages non-reconnus du Naqab et d’al-Jalil, mais aussi dans
les villes dites "mixtes",
c'est-à-dire dans les villes
palestiniennes envahies par les
colons, comme al-Lid, al-Ramlé, Yafa,
et Akka. Parmi ces milliers de
maisons, certaines existent avant
même la formation de la colonie
sioniste.
Dans la ville d'al-Quds,
20.000 maisons palestiniennes sont à
présent menacées de démolition par
les colonisateurs.
Les officiels et non
officiels sionistes, les médias de
l'entité coloniale et leurs
écrivains et journalistes, les
propagandistes de leur ministère des
AE, mais aussi leurs amis dans le
monde, qu'ils soient à la tête des
Etats ou dans les partis politiques,
tous protestent contre
l'assimilation de l'Etat colonial
sioniste à la pratique de
l'apartheid sud-africain. Certains
libéraux même, journalistes ou
personnalités politiques, mettent en
garde leurs dirigeants de poursuivre
leur politique actuelle vis-à-vis
des Palestiniens, politique qui
conduirait selon eux à une certaine
forme d'apartheid. Mais ils visent,
dans ces mises en garde, la
politique coloniale vis-à-vis des
territoires occupés en 1967, à
l'exclusion de la ville d'al-Quds et
des territoires envahis en 1948.
Dans un court
passage du film "The Skin" (
co-production britannique et
africaine du sud, 2008) qui décrit
le système de l'apartheid en Afrique
du Sud, une terrible scène de
destruction d'un village et des
maisons construites par les
Africains sur des terrains dont
veulent s'emparer les colons blancs,
nous plonge brutalement en Palestine
occupée.
La similitude des
deux situations est flagrante,
saisissante, radicale, avec une
légère différence toutefois (selon
le film) : les policiers de l'ancien
régime raciste en Afrique du Sud
préviennent les habitants et leur
laissent un semblant de temps pour
prendre leurs maigres effets
personnels avant la démolition et le
passage des bulldozers..
Alors qu’en
Palestine occupée, non seulement les
policiers et l'armée sioniste ne
permettent souvent pas aux
Palestiniens de rassembler leurs
affaires avant la destruction de
leurs maisons, mais il arrive que
des colons viennent en camion pour
s'en servir, comme cela a eu lieu
plusieurs années auparavant, lors de
la destruction des maisons dans un
village non-reconnu du Naqab.
Autre différence :
les propriétaires des maisons
démolies, en Palestine occupée, sont
contraints de payer les frais de la
démolition, y compris l’essence de
l’hélicoptère qui survole la zone,
le déploiement des services de la
répression sioniste au moment de la
démolition (comment est-ce
calculé ?) et le bulldozer qui
démolit, mais aussi le travail
de nettoyage des gravas, après la
démolition ; tout est à la charge du
propriétaire qui vient de perdre sa
maison.
Pourquoi détruire
les maisons des Palestiniens ?
L'administration coloniale prétend
que ces maisons sont construites
illégalement, c'est-à-dire qu'elles
n'ont pas reçu l'aval de cette même
administration, même si elles furent
construites avant même la présence
de l'entité coloniale en 48, et dans
les territoires occupés en 67, avant
même l'extension de cette
administration sur ces territoires.
En réalité, pour
l'administration coloniale en
Palestine occupée, que ces maisons
datent d'avant l'occupation ou
après, elles restent sous la menace
de la destruction, dans l'attente
d'une planification "étatique" de ce
qui pourrait être construit sur les
terrains où ces maisons existent, au
profit des colons juifs,
exclusivement. En attendant leur
démolition, elles n'existent pas,
aux yeux de l'administration, comme
n'existent pas la plupart des
villages du Naqab. Ce ne sont que
des villages ou des maisons "en
puissance" en attente de destruction
et de démolition.
Des centaines
d'ordres de démolition sont délivrés
tous les ans, aux propriétaires de
ces maisons, qui doivent vivre, dès
la réception de ces ordres, dans
l'incertitude et l'inquiétude, mais
aux yeux de l’administration
coloniale, ce ne sont que des
Palestiniens « en attente
d’expulsion ». Selon l’idéologie
sioniste, comme la Palestine fut en
attente de colonisation, avant
l’arrivée des colons, les villages
et les maisons palestiniennes sont
également en situation d’attente,
tant que l’administration coloniale
n’a pas planifié que faire des
terres sur lesquelles ils se
trouvent.
La destruction des
villages en Palestine occupée depuis
1948 et la démolition des maisons
palestiniennes sont une pratique
inhérente à l'occupation sioniste.
Même le système de l'apartheid en
Afrique du Sud n'avait pas atteint
ce degré de barbarie, non par
humanisme, mais parce qu'il avait
besoin de la main d'oeuvre
africaine. Mais dans l'entité
sioniste, l'administration coloniale
vise autre chose : la disparition du
peuple palestinien, le nettoyage
ethnico-religieux. Pire que
l'apartheid.
L’Union européenne
et la “communauté internationale”,
l’ONU et ses différents
départements, sont complices de ces
crimes, puisqu’il est difficile de
prétendre qu’ils n’en savent rien.
Dénoncer verbalement ce qui leur
semble être des « excès » n’est que
de la « poudre aux yeux », juste
pour empêcher les révoltes et
amadouer les faibles.
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